Ce mardi 16 février, lors de la séance des questions au gouvernement, le député de la 2ème circonscription de Corse-du-Sud Paul-André Colombani a interpellé le ministre de l'Education Nationale sur la réforme du CAPES, dénoncant un "processus délétère" pour les langues régionales.
La réforme du Capes, et plus largement la question de la place accordée à la langue corse, ne finit pas de susciter des interrogations : lors de la séance des questions au gouvernement de ce mardi 16 février, le député de la 2ème circonscription de Corse-du-Sud Paul-André Colombani a interrogé le ministre de l'Education Nationale sur deux points, le Capes et la ratification de la charte des langues régionales.
Sans apporter de réponse précise, Jean-Michel Blanquer a assuré l'hémicycle que le gouvernement "n'avait rien" contre les langues régionales, et a fait part de sa volonté "d'inverser la tendance", en faisant en sorte que les langues régionales ne soient plus cantonnées au milieu scolaire, mais soient au contraire présentes dans l'ensemble de la société.
Protection des langues régionales : @pacolombani (LT) demande la ratification de la charte européenne des langues régionales et dénonce "un processus délétère pour nos langues régionales" avec le réforme du CAPES de langue corse.#DirectAN #QAG pic.twitter.com/Chm8tjp7di
— Assemblée nationale (@AssembleeNat) February 16, 2021
L'absence d'engagements précis ne devrait cependant pas rassurer les enseignants et étudiants attachés à l'enseignement de la langue corse, échaudés par la récente réforme du Capes.
En effet, le 25 janvier dernier, le ministre de l'Éducation nationale a pris un arrêté modifiant les modalités du concours externe au Capes pour différentes matières, dont le corse.
Résultat : une inversion des coefficients.
S'il était jusqu'à présent de 7 pour la langue corse et de 4 pour le Français, à partir de 2022, le système de notation passe à un coefficient 4 pour la langue corse et 8 pour le Français. Une importante inversion des rapports, dénoncée par les syndicats d'enseignants, des étudiants et des associations de parents d'élèves.
Une charte signée en 1999, jamais ratifiée
La deuxième partie de la question posée par Paul-André Colombani, sur la charte des langues régionales, fait quant à elle référence à l'un des véritables serpents de mer de la politique française : rédigée sous l'égide du Conseil de l'Europe en 1992 et signée par la France en 1999, celle-ci oblige les Etats signataires à reconnaître les langues régionales en tant qu'expression de la richesse culturelle.
Seul traité au monde qui vise à protéger et à promouvoir les langues régionales et les langues des minorités nationales traditionnelles, la Charte revêt une grande importance symbolique, mais elle prévoit aussi des directives précises sur la façon dont ces langues doivent être utilisées dans la vie publique de tous les jours.
Elle demande notamment aux États de mettre à disposition des formes et des moyens adéquats d’enseignement et d’étude pour toutes les langues régionales ou minoritaires. Son adoption est réclamée de longue date par les défenseurs de la langue corse, mais celle-ci se heurte depuis 20 ans à l'immobilisme politique.
Malgré les déclarations de François Hollande lors de la campagne présidentielle de 2012 en faveur de la charte, la France demeure l'un des seuls pays d'Europe avec l'Italie ou la Russie à ne pas l'avoir ratifiée.
En l'absence d'annonces concrètes du ministre, il est probable que celle-ci languisse encore longtemps dans les cartons.