Des lycéens se sont réunis devant les lycées de l'île pour tirer la sonnette d'alarme. Selon eux, l'enseignement du Corse est négligé par l'Education Nationale. Une politique qui risquerait de précipiter son déclin.
"Au-delà d'un désintérêt notoire, la politique linguistique menée par Paris vise incontestablement à faire de la langue corse une langue morte".
Les mots du communiqué de presse d'U Cullittivu - I Liceani Corsi sont forts. Ils témoignent du désœuvrement dans lequel se trouvent celles et ceux qui veulent que l'enseignement de la langue corse retrouve toute sa place dans les établissements de l'île.
Un constat, d'abord, qui en dit long : "la transmission intergénérationnelle de notre langue approchait les 90 % au début du XXème siècle, elle ne dépasse pas aujourd'hui les 2 %".
Les arts du cirque plutôt que les langues régionales
Et, pour les élèves qui manifestaient ce jeudi 25 mars devant plusieurs lycées de Corse, c'est en grande partie à cause de Paris, qui ne respecterait pas ses engagements.
La convention Etat-CDC, selon eux, aurait échoué à atteindre ses objectifs, sur la période 2016-2021. Elle visait un enseignement bilingue à 20 % cette année. Selon le communiqué, il atteint péniblement les 2 %.
Deuxième problème qui, pour les élèves mobilisés, empêche la langue corse de prendre son essor, la réforme du baccalauréat, "mortifère", selon les mots du communiqué de presse.
Elle ne valorisait pas l'offre, poussant les élèves à choisir d'autres options, comme le détaille U Cullittivu dans le document ci-dessous :
Communiqué de presse d'U Cullittivu I Liceani Corsi
"Les chiffres sont d'ailleurs effrayants, puisque seulement 0,01 % des élèves ont choisi la spécialité Langue et Culture Régionale, soit 87 lycéens dont 47 en Corse, derrière... les arts du cirque !"
Un combat linguistique... et politique
Mais le problème ne se réduit pas à une supposée mauvaise volonté de Jean-Michel Blanquer et de son ministère, selon les lycéens.
Le communiqué brandit le terme, récurrent, de "colonisation de peuplement". "Dans une société corse malade en interne, et francisée au plus profond d'elle-même, les nouveaux arrivants ne ressentent en aucun cas le besoin ni la volonté de s'intégrer, portant là un énième coup à une langue et une culture à l'agonie".
Le collectif veut croire qu'une "mobilisation de la jeunesse corse unie, avec parallèlement un travail de la part de la Collectivité de Corse et de l'Université", sont la réponse au problème.
Et termine son texte en supposant que c'est ainsi que le ministre de l'Education Nationale aurait été contraint de reculer, la semaine dernière, sur la réforme du CAPES...