Législatives 2022 : la droite insulaire mute, mais ne se rend pas

La droite, en Corse, signe la principale percée de ce premier tour. Dans toutes ses composantes, même les plus extrêmes, qui tentent à tout prix de se défaire de cette étiquette. Tout ça sans un seul candidat LR sur la ligne de départ.

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La politique, en 2022, n'est plus à un paradoxe près.

Dans ce scrutin, la droite a signé un inattendu retour sur le devant de la scène insulaire. Mais ces législatives ont également tout l'air un enterrement de première classe pour Les Républicains en Corse. 

la droite en challenger

Dans deux des quatre circonscriptions, c'est un candidat de droite qui tentera de faire chuter le député nationaliste sortant dimanche prochain. 

Dans la deuxième circonscription de Corse-du-Sud, Valérie Bozzi, maire de Grossetto-Prugna, a réuni 27,62 % des suffrages, face à Paul-André Colombani (37,24 %). 

Mais c'est dans la deuxième circonscription de Haute-Corse que la poussée de droite est la plus spectaculaire. 

François-Xavier Ceccoli, avec 29,06 % des suffrages, talonne Jean-Félix Acquaviva, qui réunit 33,46 % des votants. Le maire de San-Giuliano, qui est également le président de la fédération LR de Haute-Corse, a mené une campagne énergique, et a réussi à réunir sous son nom un électorat qui s'était divisé entre Stéphanie Grimaldi et Jean-Martin Mondoloni en 2017.

La droite, que l'on donnait moribonde en Corse, bouge donc encore. Mais à quel prix ? 

Ne plus être Républicain, ou ne pas être

Le slogan, pour la droite insulaire, au cours de la campagne, aurait pu être : "ne plus être Républicain, ou ne pas être". Et c'est peu de dire que ce mot d'ordre, tacite, a été suivi à la lettre. Et couronné de succès. 

Un comble, alors que durant des décennies, le RPR, puis l'UMP, puis LR, ont été l'une des deux forces politiques majeures de l'île...

Quelques exemples l'illustrent à merveille :

  • François-Xavier Ceccoli est l'une des dernières forces vives du parti Républicain en Corse. Et pourtant, il a choisi de ne pas demander l'investiture dans la deuxième circonscription de Haute-Corse. Il préférait "attendre de voir ce que deviendrait son parti, en pleine refonte".  

  • Dans la deuxième circonscription de Corse-du-Sud, Laurent Marcangeli, député UMP entre 2012 et 2017, s'est de nouveau présenté au scrutin, après l'intermède Ferrara, qui est resté LR, alors que le maire d'Ajaccio a depuis longtemps basculé dans la majorité présidentielle, sous la bannière Horizons

  • L'exemple le plus symbolique est peut-être la candidature de Camille de Rocca Serra, député UMP de 2002 à 2017. Lui, contrairement aux autres, était un candidat clairement Républicain. Mais très vite, Rocca Serra a annoncé son retrait. Ce poids lourd de la droite insulaire républicaine, comme l'avaient été son père, et son grand-père, avant lui, s'est finalement résolu à se ranger derrière Valérie Bozzi, qui était sa suppléante en 2017, et qui s'est présentée à ces législatives 2017 sous l'étiquette DVD.

Au final, pas un seul candidat LR sur la ligne de départ en Corse pour ces législatives. Alors qu'en 2017, ils étaient 4, Sauveur Gandolfi-Scheit, Camille de Rocca-Serra, Stéphanie Grimaldi et Jean-Jacques Ferrara.

La désintégration du parti gaulliste, grignoté, démantelé à la fois sur sa droite et par la Macronie, semble un peu plus actée scrutin après scrutin, en Corse comme sur le continent. 

La droite de la droite s'installe au plan local

La recomposition du paysage politique insulaire, à droite, est en marche.

Et la droite de la droite, ou la droite souverainiste, ou la droite gaulliste, peu importe le nom choisi pour faire oublier le qualificatif d'"extrême", y a pris sa part. D'une manière qui a, là encore, surpris les observateurs. Et même certains de ses candidats. 

Hormis une percée éphémère lors des élections territoriales de 2015, qui avait vu le FN faire son entrée dans l'hémicycle, le parti de Marine Le Pen n'avait jamais réussi à confirmer aux élections locales les spectaculaires scores de son leader à la Présidentielle.

A l'occasion de ces législatives, le Rassemblement national a, semble-t-il, vaincu le signe indien. 

Alexis Fernandez arrive troisième dans la première circonscription de Haute-Corse, avec 12,17 %. Pareil dans la première de Corse-du-Sud, avec les 12,69 % de Nathaly Antona. Même position pour François Filoni, avec 14,77 % dans la 2e de Corse-du-Sud. Le seul à devoir se contenter d'une quatrième place, avec néanmoins un solide 11,47 %, sur la dernière circonscription, c'est Jean Cardi, qui saluait ces scores, dimanche, en déclarant à notre micro que "le RN ne sera plus, à partir de ce soir, un parti de contestation, mais un parti d'adhésion".

Pour François Filoni, c'est la reprise en main des instances régionales, et un vrai travail sur le terrain qui ont fini par payer, après la valse des responsables du RN en Corse, durant de longues années. 

Une chiffre ne ment pas. Les candidats RN, en 2017, réunissaient 2.582 voix sur l'île. Dimanche dernier, 13.444 suffrages se sont rangés derrière eux. Soit près de 6 fois plus. 

Balkanisation souverainiste

Un score d'autant plus honorable qu'il a fallu faire face à l'éclosion d'un nouveau parti "souverainiste", Reconquête !, dans le sillage de son très médiatique leader, Eric Zemmour. Sans oublier la volonté des Patriotes ! et de Debout la France de présenter des candidats dans les 4 circonscriptions, histoire de tenter de marquer leur territoire.

Reconquête ! a récolté 3.119 voix, et l'alliance Les Patriotes ! - Debout la France, 1.214 voix. 

En tout, ce que l'on qualifiait il y a quelques mois d'extrême-droite pèse près de 18.000 voix dans ce premier tour insulaire. C'est encore loin des 77.721 voix récoltées par Marine Le Pen au second tour de la Présidentielle, le 24 avril dernier. Mais pour les tenants des thèses frontistes en Corse, c'est une vraie victoire. 

Difficile, avec tout cela, de savoir à quoi ressemblera la droite insulaire, au sens le plus large du terme, au cours des années à venir. La classe politique française, depuis 2017 et l'élection d'Emmanuel Macron, se livre à un perpétuel jeu des sept familles. Et le second tour des législatives promet de rebattre encore un peu plus les cartes à droite.
Au palais Bourbon. Et en Corse. 

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