Législatives 2024 : François-Xavier Ceccoli élu député de la deuxième circonscription de Haute-Corse

Vainqueur du duel qui l'opposait à Jean-Félix Acquaviva dans la deuxième circonscription de Haute-Corse, François-Xavier Ceccoli va siéger pour la première fois sur les bancs de l'Assemblée nationale. Le maire de San Giulianu apparaît désormais comme l'une des figures incontournables de la droite insulaire. Retour sur son parcours.

156 voix, c'était l'avance de Jean-Félix Acquaviva sur François-Xavier Ceccoli lors du second tour de la Législative de juin 2022. 

Ce dimanche 7 juillet 2024, ce faible écart ne semble être plus qu'un mauvais souvenir pour le candidat divers droite. Avec 54,48 % des suffrages exprimés, il devance le député autonomiste sortant de quelque 4 000 voix. Un score qui le propulse sur les bancs de l'Assemblée nationale. 

Grâce à cette victoire, François-Xavier Cecccoli s'apprête donc à faire ses premiers pas au Palais Bourbon. Sa deuxième tentative à un scrutin législatif aura été la bonne.

"Il y a de la joie, a-t-il confié ce dimanche soir à notre micro. J’ai d’abord une pensée pour ma famille, qui a vécu cette élection de manière pas toujours facile. Elle a toujours été là. J’ai aussi une pensée pour les amis, les soutiens et puis, bien sûr, pour les milliers de voix, je crois plus de 20 000, qui se sont portées sur ma candidature. Je voudrais avoir aussi un mot pour le candidat battu, Jean-Félix Acquaviva, qui a lui aussi fait preuve de courage dans cette élection et qui, en plus, a perdu son papa, ce qui a été je pense une difficulté supplémentaire."

Concernant ses premiers objectifs en tant que député, il déclare :

"De manière humble,c'est d'être, dès que je pourrai, au service de la Corse en général, de ma circonscription, mais de la Corse pour les sujets que j'estime essentiels. Je suis quelqu'un qui a les pieds dans la terre, je vais donc m'atteler au pouvoir d'achat, à l'eau, à la santé. Et puis bien sûr, il y aura aussi des enjeux nationaux." 

Son portrait réalisé par Pierrick Nannini et Julien Castelli :

Avant de partir à l'assaut de la deuxième circonscription du Cismonti, cet ingénieur de formation, âgé de 55 ans, a commencé à faire ses gammes en politique au milieu des années 1990. 

D'abord élu conseiller municipal de San Giulianu en 1995, il devient maire de la commune de la Costa Verde dont il est originaire en 2008. Réélu à chaque fois depuis, le chef d'entreprise, installé comme agrumiculteur sur la Plaine orientale, se fait également connaître par son activité d'exploitant agricole, notamment en tant que président de Corsica Comptoir, un groupement de 70 producteurs.

Les différents aspects de sa personnalité font qu'il a toujours un recul par rapport aux situations.

Laetitia Ceccoli, sa fille

Se revendiquant du gaullisme, sa "fibre sociale" se traduit notamment par la création de la première banque alimentaire dans l'île. Entre la gestion de son entreprise, son engagement politique et l'administration de sa commune, ce père de deux enfants joue sur plusieurs tableaux en même temps.

"Les différents aspects de sa personnalité font qu'il a toujours un recul par rapport aux situations ; c'est pour ça qu'il est de très bons conseils, disait de lui sa fille Laetitia en février 2022 sur le plateau de l'Ochjata. Même s'il était surchargé de travail, il a toujours réussi à concilier sa vie personnelle et professionnelle. Il a toujours été très présent. Il n'a pas toujours un très bon caractère (rires) mais, en général, il va peut-être s'emporter rapidement mais ça ne va pas être démesuré et toujours dans le respect dans la macagna. Avec nous, il va nous dire réellement les choses, sans prendre de pincettes, mais toujours avec un bon fond."

De l'Assemblée de Corse à la présidence des LR du Cismonti

Si ses partisans le qualifient "d'homme de la terre et consensuel", certains de ses opposants pointent parfois son "manque de convictions politiques". Lui met en avant sa fibre corsiste et agricole au sein d'une droite libérale insulaire avec laquelle il intègre l'Assemblée de Corse en 2017. Il siège alors dans le groupe "La Corse dans la République" de Valérie Bozzi. Une première revanche pour lui, deux ans après avoir échoué à intégrer l'hémicycle du cours Grandval sur une liste conduite par José Rossi.

Durant cette période, qui constitue sa première expérience au niveau régional, il devient, en octobre 2018, le président de la Fédération Les Républicains de Haute-Corse. Une fonction qu'il occupe toujours aujourd'hui. Cependant, il s'était présenté en tant que candidat "divers droite" à ce scrutin législatif. 

En juin 2021, il range son costume de conseiller territorial. Sur fond de querelles avec Laurent Marcangeli, alors leader de la droite dans l'île, le patron des LR du Cismonti décide de ne pas briguer un second mandat à l'Assemblée de Corse.

Une stratégie qui ne l'empêche cependant pas de s'installer dans un paysage politique régional où il "pèse" de plus en plus. Sa très courte défaite aux Législatives de 2022 face au député sortant d'alors Jean-Félix Acquaviva est un premier révélateur. Ce scrutin, qui se joue sur un fil, lui servira à asseoir un peu plus sa stature au sein de sa famille politique. 

C'est donc sur cette lancée qu'il a abordé ces élections législatives anticipées. Entre les deux tours, il a pu bénéficier du soutien du Rassemblement national. S'il a martelé qu'aucun accord n'avait été passé avec le parti d'extrême droite, François-Xavier Ceccoli a dit "accepter" l'appui du RN.

"Mon adversaire consent à ce soutien décidé par le RN à Paris, n'avait pas manqué de souligner son adversaire, Jean-Félix Acquaviva, lors du débat de l'entre-deux-tours sur notre antenne. Nous avons entendu Jordan Bardella choisir une stratégie qui vise à élargir sa majorité en discutant des accords locaux pour ce faire", avait ajouté le député sortant nationaliste, évoquant "un accord de boutique".

Aujourd'hui, on fait un procès d'intention aux électeurs du RN et ça, c'est totalement anormal.

François-Xavier Ceccoli

"Aujourd'hui, on fait un procès d'intention aux électeurs du RN et ça, c'est totalement anormal, lui avait répondu François-Xavier Ceccoli. Il faut arrêter de mettre ces gens-là au ban de la société, ils ont le droit de voter comme les autres. Aujourd'hui, tel que cela est présenté dans tous les médias, on a vraiment l'impression que les électeurs du RN c'est le diable absolu. Ces électeurs portent des demandes fortes sur le pouvoir d'achat, sur la sécurité et sur le reste." 

Figure de proue

Grâce à une partie du report des voix de la candidate du RN mais aussi aux suffrages de sa famille politique qui tient plusieurs bastions (Calvi, Ghisonaccia,Corte, Calenzana) dans cette vaste circonscription, François-Xavier Ceccoli va donc représenter la droite insulaire à Paris.

À l'opposé du député sortant nationaliste, il n'y défendra pas l'autonomie législative de l'île, étant sur la même ligne que la branche emmenée par Jean-Martin Mondoloni, autre figure de son camp qui lui a apporté son soutien pendant ce scrutin. Il est en revanche favorable à une inscription de la Corse dans la Constitution.

Son accession au Palais Bourbon, où François-Xavier Ceccoli siégera, selon ses mots, "avec sa famille politique", le place désormais comme la figure de proue d'une droite insulaire qui, fort de ce succès, pourrait également rêver de reconquérir le pouvoir territorial...