Libération conditionnelle de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi : "Il est essentiel que la Justice soit équitable pour trouver une nouvelle voie politique pour la Corse"

La troisième demande de libération conditionnelle de Pierre Ferrandi a été rejetée par la cour d'appel antiterroriste de Paris le 29 septembre dernier. Patrick Baudouin, président national de la Ligue des droits de l'Homme, répond aux questions de France 3 Corse.

Dans une tribune, "Corse : une Justice pour l'apaisement", Patrick Baudouin, président national de la Ligue des droits de l'Homme, a notamment dénoncé "qu'aucune perspective de libération conditionnelle ne se dessine" pour Pierre Alessandri et Alain Ferrandi.

Les deux hommes ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac en 1998. Et sont éligible à une libération conditionnelle depuis plus de cinq ans. Or, le 29 septembre dernier, la cour d'appel antiterroriste de Paris a rejeté pour la troisième fois la demande d'aménagement de peine de Pierre Alessandri.

Patrick Baudouin répond aux questions de France 3 Corse :

Pierre Alessandri et Alain Ferrandi sont éligibles à la liberté conditionnelle depuis 2017. Comment expliquer que ce droit ne leur soit pas accordé ?

Il s'agit de raisons essentiellement politiques. La France s'oppose systématiquement aux mesures de liberté conditionnelle pour des détenus qui relèvent de l'antiterrorisme. Nous pouvons faire un parallèle avec des détenus basques qui pour certains sont conditionnables depuis plus longtemps que Pierre Alessandri et Alain Ferrandi.

Ces détenus corses sont éligibles à une libération conditionnelle depuis plus de cinq ans et des demandes ont été formulées par les avocats de Pierre Alessandri. Mais on fait traîner les choses, on maintient un statu quo. Il y a une loi du talion maintenue au plus haut niveau de l'État.

En ne respectant pas ce droit, la France enfreint les règles pénitentiaires européennes auxquelles elle adhère. Que risque-t-elle ?

Les règles pénitentiaires européennes reconnaissent que tout détenu doit pouvoir réintégrer la vie civile. Si la cour européenne des droits de l'Homme est saisie, oui, elle peut condamner la France. Ce ne serait hélas pas la première fois qu'elle serait condamnée sur la question des prisonniers.

Mais il n'y a pas de pouvoir de coercition total. Néanmoins, l'heure n'est pas à se poser cette question. Elle est sur le terrain politique à ce que soient examinées rapidement les demandes de libération conditionnelle et de leur donner une issue favorable. N'attendons pas de nouvelles violences.

Quelles conséquences cela pourrait avoir sur les discussions en cours sur l'évolution institutionnelle de la Corse ?

Le respect du droit est essentiel pour la pacification des rapports avec les autorités de Paris. Il faut que la Justice passe, et elle est passée. Il faut maintenant qu'elle passe par l'application de la loi et par la possibilité et l'effectivité d'une libération conditionnelle pour Pierre Alessandri et Alain Ferrandi.

Il y a également une attente de justice sur l'assassinat d'Yvan Colonna. Il doit y avoir une totale transparence, que la vérité, toute la vérité soit dite. Il est essentiel que la justice soit équitable pour qu'avec la Corse, on puisse trouver un apaisement afin de trouver une nouvelle voie politique.

Certains partis politiques insulaires ont d'ores et déjà annoncé qu'ils suspendaient leur participation à ces discussions, qu'en pensez-vous ?

Sur le terrain du droit, il y a des embûches inadmissibles dans les cas de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi. Néanmoins, j'ai plaidé récemment pour Jean Parot, ancien militant de l'ETA. Il était éligible à une libération conditionnelle depuis plus longtemps que les deux détenus corses et avait fait six demandes.

Et le 22 septembre dernier, la chambre d'application des peines a accepté cette libération conditionnelle. Cela montre qu'il y a une évolution et je souhaite qu'on la retrouve pour Pierre Alessandri et Alain Ferrandi. 

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