Les réactions s'enchaînent depuis le rejet de la demande d'aménagement de peine de Pierre Alessandri par la cour d'appel antiterroriste de Paris le 29 septembre dernier. Ainsi, dans une tribune libre, la Ligue des droits de l'Homme appelle à une "justice pour l'apaisement" en Corse.
"Corse : une justice pour l'apaisement". C'est ainsi que Patrick Baudouin, président national de la Ligue de droits de l'Homme (LDH) et André Paccou, délégué régional de Corse de la LDH, ont titré leur tribune libre, publiée vendredi 30 septembre, sur la situation carcérale de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi. Les deux hommes ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998. Ils sont éligibles à une libération conditionnelle depuis 2017.
Ainsi, les représentants de la LDH écrivent : "La situation des deux hommes semble à nouveau s’enliser. À ce jour, aucune perspective de libération conditionnelle ne se dessine. Peut-on un seul instant penser raisonnablement que leur rapprochement à la prison de Borgo puisse constituer la dernière étape de leur parcours judiciaire. Peut-on imaginer qu’ils finiront leur vie en prison avec pour seul sursis les visites de leurs proches au parloir ! Il est temps d’oser l’avenir pour Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, mais aussi pour la Corse. […]
Oui, il est temps d’en finir avec les malentendus qui depuis un demi-siècle alimentent des cycles de violence et de négociation non aboutie. Alors, le dialogue engagé se fondera sur une promesse première de la République, l’égalité devant la loi et en droits, permettant ainsi d’aborder dans des conditions apaisées la dimension politique de la question corse, et la place singulière de la Corse dans la République."
Demande rejetée pour la troisième fois
Cette tribune libre a été écrite suite au troisième rejet de demande d'aménagement de peine formulée par Pierre Alessandri par la cour d'appel antiterroriste de Paris le 29 septembre dernier. Ce projet de semi-liberté du détenu corse avait été accepté en première instance en mai. Mais le Parquet national antiterroriste (PNAT) avait immédiatement fait appel, suspendant de facto sa mise en application. Transféré aux côtés d'Alain Ferrandi à la prison de Borgo en avril dernier, Pierre Alessandri demandait une autorisation de sortie la journée pour aller travailler dans une entreprise agricole, avec un retour en détention chaque soir.
Par le passé, Pierre Alessandri, âgé de 63 ans, avait déjà déposé deux demandes similaires devant le tribunal d'application des peines antiterroriste de Paris, en octobre 2019 et en juillet 2021. Toutes deux ont été acceptées en première instance, et immédiatement contestées par le PNAT, avant d'être infirmées en appel.
L'annonce de ce dernier rejet a entraîné la suspension la session de l'Assemblée de Corse et de vives réactions parmi les élus insulaires, notamment au sein du camp nationaliste.