Le tribunal d'application des peines antiterroriste de Paris accorde la semi-liberté à Pierre Alessandri, le parquet fait appel

C'est la troisième fois que la juridiction de première instance se prononce en faveur du projet présenté par le prisonnier. Le parquet national antiterroriste a fait appel de la décision immédiatement, suspendant sa mise en application.

Le tribunal d'application des peines antiterroriste de Paris vient de donner ce jeudi 12 mai son accord au projet de semi-liberté présenté par Pierre Alessandri. 

Le parquet national antiterroriste (PNAT) a immédiatement fait appel de  la décision, suspendant de facto sa mise en application.

Le détenu de 63 ans, transféré à la prison de Borgo le mois dernier, avait demandé une autorisation de sortir la journée pour aller travailler dans une entreprise agricole. Il serait retourné en détention chaque soir. 

Appel suspensif 

C'est la troisième fois que la juridiction donne son accord au projet de semi-liberté présenté par Pierre Alessandri. Jusqu'à ce jour, le PNAT a systématiquement formé un appel suspensif et la  chambre d'application des peines anti-terroristes s'est toujours prononcée en défaveur de la semi liberté. 

Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, arrêtés en 1999, avaient été condamnés en 2003 à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté automatique de 18 ans, pour leur participation à l'assassinat du préfet Claude Erignac
le 6 février 1998, à Ajaccio. Incarcérés depuis mai 1999, les deux prisonniers sont libérables depuis mai 2017. La décision concernant une demande similaire d'aménagement de peine avec régime de semi-liberté présentée par Alain Ferrandi sera rendue le 19 mai.

Esprit d'apaisement

Leur transfert en Corse, réclamé de longue date par leur famille et des élus de Corse et du continent, avait été rendu possible par la levée le 11 mars, "dans un esprit d'apaisement", de leur statut de "détenu particulièrement signalé" (DPS) par le Premier ministre Jean Castex, une dizaine de jours après l'agression mortelle le 2 mars d'Yvan Colonna.

Un "détenu particulièrement signalé" est un détenu qui présente une particulière dangerosité ou pour lequel existent des risques d'évasion. 

Avant leur transfert en Corse, ils étaient tous deux détenus à la maison centrale de Poissy (Yvelines). La Corse ne compte aucune maison centrale, le seul type de structures pénitentiaires habilitées à accueillir des DPS.

Réactions

Dès sa publication, l'annonce a fait réagir la classe politique insulaire. " Dopu à strazii è mubilizazione, a libertà. Ghjè bè. Era ora. Ci vole à cuntinuà per l'astri è per una vera soluzione pulitica in Corsica fundiu di a pace" écrit ainsi le député Jean-Félix Acquaviva sur twitter.

Le leader du PNC Jean-Christophe Angelini a également réagi sur les réseaux sociaux, estimant que " Lorsqu’existe une volonté politique, un chemin devient possible, conformément au droit à l’aspiration populaire. Libertà pè Alessandri... è pè tutti i patriotti !"

Mais sans surprise, après l'appel très rapide fait par le PNAT, le ton a changé. 

C'est une décision "inique", selon l'Associu Sulidarità, qui parle de "vengeance". Dans un communiqué elle  "appelle les élus de la Corse à faire preuve de courage politique et à refuser catégoriquement toute discussions avec l'état tant que le bruit des bottes se fera entendre, tant que l'ensemble des prisonniers politiques n'auront pas été libérés, tant que nous n'aurons pas obtenu la vérité sur l'assassinat d'Yvan Colonna".

Gilles Simeoni, le président de l'exécutif, dénonce également la décision du parquet. Et affirme qu'il est "plus que temps que la logique de justice prenne le pas sur celle de la vengeance". 

Vengeance est le terme qui revient le plus fréquent dans les propos des nationalistes. Paul-Felix Benedetti parle également d'une "logique de vengeance d'Etat", et estime que c'est un signe de mauvaise volonté manifeste affichée par le président de la République concernant les négociations à venir. 

Le député LREM de l'Eure, Bruno Questel, qui a soutenu à plusieurs reprises les députés nationalistes à ce sujet, rappelle au parquet que "la perpétuité réelle n'existe pas"

Contexte politique

L'agression puis la mort d'Yvan Colonna avait provoqué de vives tensions en Corse, beaucoup estimant qu'elle n'aurait pas eu lieu s'il avait été détenu sur l'île.

La décision du tribunal d'application des peines d'accorder la semi-liberté à Pierre Alessandri intervient à moins d'une semaine du premier rendez-vous fixé entre une délégation d'élus corses et le gouvernement pour évoquer une possible évolution institutionnelle de l'île. 

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