Loi Rist : « On était très en tension avec le Covid, et là, on en remet un peu plus au niveau médical »

L’hôpital public va-t-il une nouvelle fois être fragilisé ? Le monde hospitalier est inquiet après l'entrée en vigueur ce jour de la loi Rist. Votée en 2021, elle prévoit un encadrement des salaires des intérimaires devenus essentiels dans un contexte de tension et de manque de personnels.

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Avec l’entrée en vigueur du plafonnement des salaires des praticiens intérimaires l’hôpital d’Ajaccio pourrait manquer de professionnels.

« Chaque été, notre service des urgences est mis en tension du fait de l’augmentation de la population, première inquiétude. Et la deuxième inquiétude, c’est que l’hôpital est en crise, on le sait, ça fait plusieurs années, et il y a la pandémie qui a fragilisé notre système de santé. Donc on va légiférer et on risque d’entraîner une chute de ces intérimaires via des structures privées alors même que l’hôpital n’est pas attractif et alors même que l’on risque de subir des carences de ressources humaines », estime le docteur Laurent Carlini, généraliste et urgentiste.

Les facultés de Montpellier, Marseille et Nice ne forment que quatre gastroentérologues chacune par an.

Dr Michel Mozziconacci

Pour enrayer la pénurie de médecins, des gardes sont proposées entre 1.200 et 3.000 euros. Des tarifs trop coûteux selon le ministère, même si 30 % des postes sont vacants dans les hôpitaux. « On ne forme pas assez de médecins, et dans les spécialités où il y a une carence, on s’aperçoit qu’il y a peu de médecins formés. Quand on voit que les facultés de Montpellier, Marseille et Nice forment quatre gastroentérologues chacune chaque année, la question qu’on doit se poser c’est : est-ce que 12 gastroentérologues formés par an dans le quart sud-est de la France suffisent à prendre la relève ? », s’interroge le docteur Michel Mozziconacci, président de l'ordre des médecins en Corse.

Conctatés, les hôpitaux et l’agence régionale de santé assurent travailler pour éviter le manque de médecins dans les services, et précisent que la continuité de l'offre des soins est assurée.

Entretien avec Stéphane Gherardi, délégué STC à l’hôpital de Bastia

Pour aller plus loin, le délégué STC à l’hôpital de Bastia, Stéphane Gherardi, répond aux questions de France 3 Corse ViaStella.

On sait que les hôpitaux sont en situation de crise financière, finalement cette mesure peut-être une bonne nouvelle …

Ce serait une bonne nouvelle si elle avait été travaillée un petit peu et si on avait sorti beaucoup plus de médecins ces 10 dernières années. Tout le territoire manque de médecins et pour parler uniquement de l’hôpital de Bastia, l’intérim médical nous coûte 12 millions d’euros. Ça représente environ 30 % et un surcoût pour l’année 2022, entre l’intérim et les praticiens hospitaliers, de sept millions d’euros.

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Entretien avec Stéphane Gherardi, délégué STC à l'hôpital de Bastia ©France Télévisions

Avec cette mesure ça risque de diminuer, quelles sont vos craintes ?

Les craintes, c’est que pour le mois d’avril les intérimaires n’ont pas tous répondu présent avec cet aspect financier limité. On est sorti d’une crise covid où on était très en tension et on remet un peu plus de tension au niveau médical. On est obligé de fermer quelques lits et de réorganiser les services. Mais à l’hôpital de Bastia tout est fait pour que toutes les pathologies soient prises en charge.

La loi RIST donne aussi la possibilité aux infirmières en pratique avancée de pouvoir faire des consultations pour pallier le manque de médecins et de déserts médicaux. Cette nouvelle est positive ou non ?

Elle est positive mais ça passe obligatoirement par de la formation. Donc ça ne va pas se mettre en œuvre aujourd’hui. C’est dans les années à venir. Mais un infirmier ne remplacera jamais un médecin.  

 

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