Connaître, en un clic, le prix du mètre carré dans sa commune. Et les autres. C'est ce que propose une carte interactive du ministère du logement. Sans surprise, en Corse, c'est le sud de l'île qui pratique les prix les plus élevés. Et la région s'impose comme l'une des plus chères de France.
Pour vivre en Corse, en location, sans se ruiner, une solution. Louer votre appartement entre Lento et Bocognano. Loin des grands centres urbains. Et de la mer.
Il vous en coûtera 900 euros pour 100 mètres carrés. Charges comprises. En Corse vous ne trouverez pas moins cher pour la même surface, à en croire le ministère de la transition écologique, auquel est rattaché le ministère du logement.
L'ensemble de la Corse dans le rouge
C'est l'un des nombreux enseignements que l'on peut retirer de la carte de France des loyers qu'il propose depuis le mois de décembre dernier. Les 34968 communes de métropole et d'outre-mer du pays y sont recensées. Et plus de dix millions d'annonces ont été prises en compte. La carte, fait savoir le gouvernement, sera renouvelée tous les deux ans.
"La connaissance des loyers participe au bon fonctionnement du marché locatif privé et représente un enjeu majeur dans la conduite des politiques nationales et locales de l’habitat. Jusqu’à présent, aucun indicateur de loyers ne couvrait l’ensemble du territoire national avec une méthodologie de calcul transparente", nous précise le ministère.
La Corse, ce n'est une surprise pour personne, est dans le rouge. Totalement dans le rouge. Ce qui signifie que si vous voulez louer un appartement en Corse, vous ne trouverez rien à moins de 9,4 euros le mètre carré. Nulle part. Pas plus dans les villages les plus reculés que dans les grands centres urbains et touristiques.
L'affirmation peut paraître un peu péremptoire. Ces chiffres ne sont effectivement qu'une moyenne effectuée grâce à la collecte des données auprès de Seloger.com, leboncoin.com, ou pap.com. Une moyenne basée sur les loyers d'annonce, par mètre carré, charges comprises, pour un appartement type du parc privé locatif en 2018.
Mais les moyennes sont faites pour servir de baromètre à un marché, et en Corse, de toute évidence, il n'est pas aisé de se louer à un prix correct.
La vue sur le golfe se paie cher
Nous avons effectué un classement de cinq des principales villes de l'île, en fonction du prix moyen pour un appartement de 50 mètres carrés. C'est Bastia qui est la ville la plus abordable, avec une facture de 620 euros. Pour la même surface, il faudra débourser 780 euros à Porto-Vecchio, soit 160 euros de plus.
Mais c'est, et de loin, dans le golfe d'Ajaccio que les loyers flambent le plus. Et disons le d'emblée, la ville d'Ajaccio, avec 14,3 euros le mètre carré, n'est pas la commune la plus inaccessible.
A Alata, Afa, Sarrola-Carcopino ou Bastelicaccia, le mètre carré se négocie aux alentours de 15 euros. Et de l'autre côté du golfe, ça monte en flèche. Grosseto-Prugna, 16 euros. Albitreccia ou Pietrosella, 16,2 euros.
16,2 euros le mètre carré
Le grand Ajaccio détrône donc Porto-Vecchio dans le classement des endroits les plus chers de Corse. Si les deux s'appuient sur des paysages splendides, l'attraction ajaccienne est indéniablement plus forte sur l'ensemble de l'année, en raison de son statut de premier centre urbain et économique de l'île.
Les périphéries plus recherchées que les centres
On l'a vu, la commune d'Ajaccio est entourée de communes aux loyers plus élevés. C'est également le cas, dans une moindre mesure, dans le nord de l'île. Bastia n'est pas non plus la commune la plus chère de son bassin de population.
A Furiani et San Martino, le mètre carré se négocie à 12,7 euros, soit aux mêmes tarifs quà Bastia. Biguglia se situe un chouïa au-dessus, à 12,8 euros. Ville di Pietrabugno s'impose, elle, comme la commune la moins abordable de la micro-région, jusqu'au bout du Cap Corse. Il faudra débourser 13,6 euros le m² pour s'y installer.
Reste maintenant à avoir une idée d'où se situe l'île par rapport au reste de la France. Nous avons donc comparé, à l'aide de cette carte interactive, les villes corses aux principales villes françaises. Une comparaison riche en enseignements, même si ces chiffres, bruts, mériteraient d'être pondérés, entre autres, par la flambée des offres de location l'été en Corse, qui fait mécaniquement gonfler la moyenne.
On constate, entre autres, qu'il est aussi onéreux de se loger à Pietrosella qu'à Lyon. Que la proximité de la plage de Palombaggia se paie aussi cher qu'une vue sur la Promenade des anglais.
Et que se loger à Ajaccio demande plus de moyens qu'à Lille, Bordeaux ou Toulouse.
La région la plus pauvre de France, et l'une des plus chères
Il n'est pas question ici de rentrer dans des polémiques sans fin sur les mérites d'une ville ou d'une autre, ou d'opposer les charmes d'une cité balnéaire insulaire baignée de soleil à une grande ville du centre de la France, où les infrastructures, les transports en commun, les services ou encore l'offre culturelle sont spectaculairement plus affirmés.
Chacun examinera les prix pratiqués dans un endroit où un autre à la lumière de ses propres priorités et de ses préférences.
Nous nous contenterons juste de rappeler qu'en Corse, selon le bilan économique de l'Insee de 2018, un ménage sur cinq vit sous le seul de pauvreté, et un habitant sur cinq dispose d'un revenu de moins de 970 euros par mois... Le taux de pauvreté, de 19,8 % sur l'île, est le plus élevé de France. (La moyenne nationale est de 14 %).
Et c'est avec ce revenu qu'un habitant sur cinq doit trouver à se loger.
Alors difficile de dire si la misère est moins pénible au soleil, mais une chose est sûre, les loyers y sont plus élevés...