Dimanche 30 octobre, Lula a remporté le second tour de l’élection présidentielle du Brésil avec 50.9 % des voix. Un soulagement pour un couple corso-brésilien, Damiana et Jean Andreani. Ils livrent leur témoignage à France 3 Corse ViaStella.
C’est depuis une chambre d’hôtel que Damiana Andreani et Jean Andreani ont suivi la soirée électorale brésilienne. “On était en contact avec des amis, ma maman, mes frères, sur Whatsapp. En même temps on était connecté sur le site de médias alternatifs, il y a eu beaucoup de stress jusqu’à la fin”, témoigne Damiana, installée en France depuis février 2022.
En fin de soirée, les résultats sont annoncés. Le candidat Lula, chef de file du parti des travailleurs, est élu président du Brésil avec 50.9 % des voix. Le président d’extrême droite sortant, Jaïr Bolsonaro enregistre 49.1 % des suffrages. “Je suis extrêmement heureuse, ça faisait quatre ans qu’on attendait et ce moment est arrivé. Pour moi, Bolsonaro a été le pire président de l’histoire démocratique du pays. On a vu notre pays tomber pendant quatre ans, donc j’attendais ce moment avec hâte.”
Une légitimité contestée
Lula a été au pouvoir lors de deux mandats (2003-2010) et voit sa 6e campagne présidentielle le mener de nouveau à la fonction suprême. Une première dans l'Histoire récente du Brésil. Néanmoins, certains opposants questionnent sa légitimité. Car l’homme de 77 ans a été condamné pour corruption et a été incarcéré 580 jours, d'avril 2018 à novembre 2019.
Des condamnations annulées en mars 2021 par la Cour suprême, permettant à Lula de recouvrer ses droits politiques, sans l'innocenter pour autant. “Il a été blanchi. Il a passé du temps en prison, un temps qui pour moi n’est pas légitime. Si on pense à la situation économique et à tout ce qu’il a fait pour le pays lors de ses mandats, ça a été les années les plus heureuses et prospères du pays”, défend Damiana. “D’autant plus que le juge qui l’a condamné est très contesté. Il est connu pour être conservateur et a été nommé ministre par Jaïr Bolsonaro. Donc on est en droit de se poser des questions. Comme le dit Damiana, Lula a été blanchi, et la question de sa légitimité ne se pose pas”, complète Jean.
Des interrogations que Jean porte aussi sur le déroulé du scrutin dimanche. Ainsi, 500 barrages filtrants visant à contrôler des autocars ont été enregistrés à la mi-journée dans tout le pays, 70 % de plus qu'au premier tour, le 2 octobre. “Normalement, il n’y a pas de contrôles pendant les périodes électorales. Là des contrôles anti-criminalité se sont tenus dans la région du Nordeste pour, je pense, empêcher les gens de se déplacer. Et dans cette région, la plupart des gens votent pour Lula.”
La peur d’un scénario “à l’américaine”
Pour l’heure, Jaïr Bolsonaro n’a pas reconnu la victoire de Lula. Un silence qui fait craindre le pire au couple de trentenaires. “Personnellement, j’ai peur d’un scénario à l’américaine avec la prise du Capitole en 2021”, estime Jean. “J’ai peur, mais je pense qu’il va être obligé d’accepter sa défaite”, continue Damiana.
La “lueur d’espoir” du couple d’une issue totalement heureuse à ces élections réside dans le fait que des chefs d’État ont reconnu la victoire du candidat du parti des travailleurs à travers le monde. “En refusant de le faire, Bolsonaro sera complètement isolé.”