Chômé pour certains, travaillé pour d'autres, le lundi de Pentecôte est un jour férié un peu particulier. Depuis l'instauration d'une "journée de solidarité" en 2004, il suscite chaque année des interrogations chez de nombreux salariés.
Dans les rues du centre-ville d’Ajaccio, plusieurs commerces ont fermé rideau. En ce lundi de Pentecôte, nombreux sont ceux avoir décidé de prolonger leur week-end.
Et pour cause, traditionnellement, ce jour est férié. Célébrée chaque année au cinquantième jour après Pâques, le Pentecôte commémore, pour les chrétiens, le don de l'Esprit Saint promis par le Christ aux disciples.
Le lundi de Pentecôte est-il un jour férié ?
Selon l’article L 3133-1 du Code du travail, le lundi de Pentecôte fait bien partie des 11 jours fériés du calendrier en 2023.
Cependant, cette journée n’est pas chômée pour tout le monde. C’est l’accord d’entreprise, de branche ou la convention collective qui fixe les jours qui ne sont pas travaillés par les salariés. En l’absence d’accord collectif, c’est l’employeur lui-même qui décide.
Pourquoi parle t-on d'une "journée de solidarité" ?
En 2004, le lundi de pentecôte est décrété comme "journée de solidarité". Cette mesure a été mise en place par le Gouvernement Raffarin, un an après la canicule de l'été 2003 qui a fait plus de 15 000 morts, majoritairement des personnes âgées.
Le principe est simple : tous les salariés doivent venir travailler ce jour-là, sans rémunération. Leur paie éest alors versée à l’Etat pour le financement d’actions en faveur des personnes âgées ou en situation de handicap, notamment la prévention des risques liés à la canicule.
Mais la mesure est loin de faire l'unanimité. Elle rencontre l'hostilité des syndicats et d’une partie de l'opinion. Ainsi, lors de la première journée de solidarité, le 16 mai 2005, de nombreux travailleurs se mettent en grève.
Cette journée de solidarité est-elle obligatoire ?
En 2008, le gouvernement de François Fillon décide finalement d’assouplir la mesure. Les entreprises peuvent désormais choisir librement la date de la journée de solidarité. Ainsi, comme tous les jours fériés, à l’exception du 1er mai, le lundi de Pentecôte peut être travaillé ou non.
En revanche, la journée de solidarité reste obligatoire pour tous les salariés qui relèvent du code du travail qu’ils soient en CDI, CDD, temps complet ou partiel, cadres ou non, intérimaires ou saisonniers.
La contribution totale de ce dispositif est estimée à environ trois milliards d’euros pour 2023, selon la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie. Un chiffre en hausse de 200 millions par rapport à l’année précédente.
Retrouvez le reportage de Stéphane Poli, Yann Bénard et Lionel Luciani :