En Corse, le bombardier d’eau de la sécurité civile, qui venait appuyer le travail des pompiers, est arrivé en fin de vie. Il sera remplacé par un appareil beaucoup plus gros, qui ne fait pas l’unanimité chez les pompiers.

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Son fuselage rouge et blanc et le vrombissement de ses moteurs faisaient lever les yeux au ciel à chacun de ses passages. Pendant la seconde guerre mondiale, ce petit appareil traquait les sous-marins. Avant d’être transformé en bombardier d’eau par la sécurité civile.

Maniable, agile, puissant, capable de supporter une aérologie difficile, le tracker emportait dans ses soutes, 3.300 litres d’un mélange d’eau et de retardant. Ce produit rougeâtre, largué sur les végétaux pour empêcher la propagation des incendies.

L’avantage du Tracker, est qu’il est le seul bombardier d’eau à cumuler deux fonctions :  l’intervention sur les incendies, guidé depuis le sol par le COS aéro, dans le jargon des pompiers, le commandant des opérations de secours, spécifiquement chargé d’envoyer les appareils ‘ bombarder’ un point précis. Et le guet aérien armé, le ‘GAAR’, c’est un travail de patrouille au-dessus des zones sensibles et l’attaque des feux naissants pour éviter leur propagation.

 

Un avion polyvalent


Contrairement au Canadair, qui se pilote à deux, comme un avion de ligne, le Tracker, lui, ne nécessitait qu’une seule personne aux commandes. Dans le cockpit, d’anciens pilotes de chasse, des as de l’aéronavale engagés dans des opérations militaires à bord de Mirages ou de Rafales.

Un rapport du sénat, publié en 2006, préconisait déjà la suppression du Tracker en 2008. Un autre rapport de la chambre haute, datant, celui-ci, de 2012, offrira un sursis de quelques années, imposant le retrait de l’appareil en 2020.

De conception ancienne, le Tracker génère des coûts de maintenance exorbitants et certaines pièces sont introuvables, car l’avion n’est plus fabriqué. Pour le maintenir en service jusqu’en 2020, la sécurité civile s’était lancée dans un couteux programme de révision technique et de remise à niveau des moteurs et des appareils de navigation.
 

L’État fait le choix du ‘ Dash’


Mais le crash d’un Tracker le 2 août 2019 dans le Gard, qui avait coûté la vie à son pilote, avait relancé la polémique sur la vétusté de l’appareil.

Pour remplacer le vieux Tracker, le ministère de l’Intérieur s’est lancé dans un programme d’achat de six avions de type ‘ Dash’ 8. Le programme, qui va couter 370 millions d’euros, a débuté en juillet 2019 avec la livraison du premier appareil et s’achèvera en juin 2023. Fabriqué par l’entreprise Bombardier, le Dash est un appareil capable d’emporter 10 tonnes de produit retardant. Capable de couvrir 1.800 kilomètres à une vitesse de 600km/h. Plus rapide que le Canadair ou le Tracker, il ne fait pourtant pas l’unanimité chez les pompiers.

 


Le Dash emporte plus de retardant, peut voler plus longtemps et plus vite que le Tracker. Mais il est beaucoup moins maniable.

Son embonpoint le pénalise quand il faut évoluer au-dessus d’un relief accidenté, ce qui est le cas en Corse. Là où le Tracker effectuait des frappes chirurgicales en se rapprochant le plus possible des flammes. Le Dash lui, est contraint par sa taille de larguer le contenu de ses soutes à une certaine altitude. Quand le vent est fort et que la température est élevée, l’efficacité risque d’être amoindrie.

L’État à fait le choix d’un gros porteur, pour remplacer le vieux Tracker, dont le rôle n’est plus à démontrer. Mais les pompiers et  les pilotes de la sécurité civile ont-ils été consultés avant cet achat onéreux, qui engage les finances publiques ?

D’autant que, d’autres solutions existent. Des sociétés proposent en effet des petits bombardiers d’eau, économiques et adaptés aux régions comme la Corse. Le rapport de l’agence européenne de l’environnement, qui place la Corse parmi les régions qui seront les plus impactées par la hausse des incendies mérite une réflexion globale. Et la place des bombardiers d’eau dans cette réflexion, reste primordiale.


 
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