Malaise chez les vétérinaires : “Les gens disent que l’on ne pense qu’à l’argent”

Épuisement émotionnel, burn-out, idées suicidaires, mauvaise image de la profession... Deux études publiées en 2022 révèlent “la grande souffrance des vétérinaires”. Témoignage.

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En 2022, une étude menée par l’ordre national des vétérinaires et l’association Vétos entraide sur la santé psychologique des praticiens a pointé du doigt “une profession en grande souffrance”.

De nombreux y sont abordés : épuisement émotionnel, burn-out, facteurs de stress. Parmi ces derniers : les inquiétudes et pressions financières”. Les coûts des structures ont augmenté sans que les particuliers puissent payer plus cher pour leurs animaux ; pour la plupart, les vétérinaires souffrent de l’image de nantis qui leur collent à la peau”, précise l’étude.

Le document révèle aussi que 4.7 % des vétérinaires ont déjà tenté de se suicider. Ainsi, ils sont trois à quatre fois plus à risque de suicide que la population générale et sont deux fois plus à risque de suicide que les professions de santé humaine.

Docteure Stéphanie Durand, vétérinaire à Biguglia, répond aux questions de France 3 Corse ViaStella.

Ce rapport évoque un changement d’attitude des maîtres, ils sont beaucoup plus exigeants et parfois un peu de violence vis-à-vis des vétérinaires. Êtes-vous confrontée à des maîtres qui parfois vous demandent l’impossible et sont agressifs ?

Oui, c’est vrai. Souvent, les maîtres peuvent souvent nous demander l’impossible. Ils espèrent tellement que l’on sauve leurs animaux, donc ils comptent beaucoup sur nous. Malheureusement, quand on n’y arrive pas, parfois ça peut être dur à encaisser. Du coup, pas tout le temps, car on est face à une clientèle qui est moins agressive que dans des villes comme Paris, on peut avoir certaines personnes qui ont tendance à décharger leur douleur sur nous et qui vont avoir tendance à nous tenir pour responsables du décès de l’animal même si à la base, on est là pour essayer de les sauver.

Les soins coûtent cher. Lorsque l’on achète un échographe, on en a pour 30.000 ou 40.000 euros. Donc tout coûte très très cher, même pour nous. Les gens n’ont pas conscience des frais que l’on a. Et parfois, lorsque l’on a fait beaucoup d’examens pour essayer de trouver le problème qu’avait l’animal et que l’on ne trouve pas, on leur fait payer une note conséquente quand même et beaucoup de gens tiltent et disent que l’on ne pense qu’à l’argent. C’est une des phrases que l’on a beaucoup.

Et parfois certains maîtres ne paient pas …

Pas souvent, mais on peut avoir des cas où, malheureusement, les maîtres ne paient pas. Une femme il y a un an de ça est venue, on a été obligé de faire une césarienne, elle nous a dit qu’elle repasserait pour nous régler et elle n’est jamais venue. On fait des rappels, mais les gens s’en fichent.

Le rapport dit qu’il y a des difficultés à recruter, mais aussi burn-out. Vous êtes une profession en souffrance aujourd’hui ?

Oui. Il y a beaucoup de personnes qui ne vont pas vers la clientèle parce que c’est un métier qui est stressant, dur, fatigant. Il faut vraiment beaucoup aimer son métier, notamment dans le rural où les vétérinaires ruraux sont appelés à n’importe quelle heure de la nuit pour faire des césariennes de vaches, par exemple, qui ne sont pas forcément bien payées non plus. Et c’est vrai que les jeunes maintenant essayent d’aller plutôt vers la recherche ou dans l’alimentation, il y a de moins en moins de personnes qui veulent travailler dans la clientèle et du coup pour recruter c’est de plus en plus dur. 

Donc on a de plus en plus de charge de travail, parce qu’il y a de plus en plus d’animaux aussi, les gens veulent aller aussi de plus en plus loin avec leurs animaux. Avant, dès que l’animal n’était pas très bien, ils disaient ‘c’est bon’  Il y avait moins d’affect avec les animaux, les gens les piquaient et ils en prenaient un autre. Maintenant, les gens veulent aller au bout en général, on a donc plus de charge de travail et plus de fatigue. On est quand même un métier où il y a le plus haut taux de suicide, il y en a eu quelques-uns le mois dernier en France. Le métier est bien, mais pas facile, il faut être passionné pour le faire. Si on cherche ce métier pour l’argent, il faut faire autre chose, clairement.  

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