Alors qu’une proposition de loi arrive à l’Assemblée nationale pour lutter contre la maltraitance animale, les associations insulaires interrogées saluent une avancée, qu’ils ne jugent cependant pas suffisante.
Il y a dans la voix de Marie-Josephe Basteri un mélange de colère, de dépit et d’espoir. La présidente de SOS 4 pattes 2B évoque la maltraitance animale, son “quotidien”, avec force.
L’objet de l’échange porte sur la proposition de loi de la majorité qui arrive à l’Assemblée nationale, et dont le but est de lutter contre la maltraitance animale.
"Cela ne va pas régler le problème, juge Marie-Josephe Basceri. Les lois, c’est bien, mais il faut qu’elles soient appliquées. Il manque des contrôles." Sylvie Antona, présidente de la société corse pour la défense des animaux, partage l’analyse de sa consoeur sur les contrôles, mais dit que "c’est une bonne chose que la loi évolue".
Durcissement des peines et circonstance aggravante retenue
La proposition de loi, présentée mardi à l’Assemblée nationale, contient plusieurs dispositions fortes. Il y a notamment "un certificat de connaissance des besoins spécifiques de l'espèce", dont l’aspect éducatif vise à lutter contre les abandons en informant sur les coûts et les besoins liés à la possession d’un animal de compagnie, et le durcissement des peines contre la maltraitance animale.
Elle pourrait désormais être punie de trois ans d’emprisonnement, 45.000 euros d’amendes en cas de mort de l’animal, et une circonstance aggravante retenue en cas de maltraitance par le propriétaire de l'animal ou un membre de la famille.
Même si le public ne retient pas grand-chose (de cette proposition de loi), ils retiendront que la loi se durcit",
"Si la loi se durcit et que les gens qui agissent mal sont sanctionnées, ça va permettre aux associations d’avoir gain de cause. Même si le public ne retient pas grand-chose (de cette proposition de loi), ils retiendront que la loi se durcit", pense Sylvie Antona, qui salue un "effet dissuasif" et espère une "prise de responsabilité".
Le certificat ? Une bonne chose selon Marie-Josephe Basceri. "Ça a fait ses preuves en Suisse, les gens sont obligés de montrer patte blanche.”
La majorité veut également interdire les animaux sauvages dans les cirques ambulants et les cétacés dans les delphinariums
Avec cette proposition de loi, la majorité veut également interdire les animaux sauvages dans les cirques ambulants et les cétacés dans les delphinariums.
La proposition de loi interdit aussi l'exhibition d'animaux sauvages dans des fêtes privées, des discothèques ou à la télévision, et les montreurs d'ours et de loups, alors que les trois élevages français de visons d'Amérique, élevés pour leur fourrure, seront fermés dans un délai de deux ans.
Cette proposition de loi donne des gages de satisfaction mais ne convainc pas totalement les deux présidentes d’associations interrogées, alors que le phénomène est complexe à évaluer. Si 9 504 infractions liées à des actes de cruauté et de mauvais traitements envers des animaux domestiques ont été repertoriés par la gendarmerie en 2018, les associations estiment ce chiffre sous-estimé.
"On n’est pas aidés par les services de l’Etat, ils sont contre-productifs. Par exemple, ils préviennent les maltraitants que les gendarmes et une association arrivent. Les lois, c’est très bien, mais il y a une grande inertie dans les punitions", souffle Marie-Josephe Basceri.
"La maltraitance, ce n’est pas que les coups et les blessures, c’est un manque de soins, de câlins, d’attention."
"On peut faire plus, il y a beaucoup de choses qui passent à la trappe. Ce serait bien qu’il y ait des brigades dans les commissariats, un numéro vert au niveau national (contre la maltraitance animale)", ajoute Sylvie Antona.
Pour la présidente de SOS 4 pattes 2B Marie-Josephe Basceri, "il faut une vraie prise de conscience. La maltraitance, ce n’est pas que les coups et les blessures, c’est un manque de soins, de câlins, d’attention."