En Tunisie, les colères s’agrègent contre le président Kaïs Saïed . Arrestations et atteintes à la liberté de la presse se multiplient depuis plusieurs mois. Enquête dans le magazine Mediterraneo .
L'Union européenne (UE) a proposé le 11 juin à la Tunisie un "partenariat renforcé" assorti de promesses d'aides financières, sans mentionner de conditions politiques à son soutien à ce pays étranglé par les dettes et incontournable sur le dossier migratoire.
"Il est de notre intérêt commun de renforcer notre relation et d'investir dans la stabilité et la prospérité (de la Tunisie), c'est pour cela que nous sommes là", a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, venue à Tunis en compagnie des Premiers ministres d'Italie, Giorgia Meloni, et des Pays-Bas, Mark Rutte . Après une entrevue avec le président Kais Saied, la responsable a annoncé l'intention de Bruxelles d'apporter au pays "une assistance macro-financière qui pourrait atteindre 900 millions d'euros". Sur son site, la Commission a précisé qu'il s'agirait d'un nouveau prêt européen qui "ferait suite" à l'octroi par le FMI d'un crédit en cours de négociations de 2 milliards de dollars.
L'Europe, "premier partenaire commercial et premier investisseur", a "soutenu le parcours de la Tunisie dans la démocratie depuis 2011 (et la Révolution qui a renversé le dictateur Zine El Abidine Ben Ali, ndlr), une route longue et difficile", a souligné la dirigeante européenne, sans évoquer l'actuelle crise politique dans le pays. Le président Saied, qui s'est octroyé tous les pouvoirs à l'été 2021, est accusé de "dérive autoritaire" et d'avoir fait régresser les droits et libertés par l'opposition et des ONG.
Les journalistes dénoncent les pressions
A l'appel du Snjt, des manifestants ont protesté aussi contre la condamnation en appel à cinq ans de prison d'un journaliste de la radio privée Mosaïque FM,Khalifa Guesmi, pour avoir divulgué des informations sur les services de sécurité. En vertu d'une loi antiterroriste, il a été reconnu coupable d'avoir "participé à la divulgation intentionnelle d'informations relatives aux opérations d'interception,d'infiltration, de surveillance audiovisuelle ou des données qui y sont collectées",selon son avocat. "Il y une orientation (politique) franche et claire vers le verrouillage et la répression, qui cible les médias non soumis", a déploré lors de la manifestation le président du Snjt, Mahdi Jlassi. "Nous lançons de nouveau un cri d'alarme contre le recul des libertés dans lepays et contre les poursuites judiciaires qui visent journalistes, avocats et syndicalisteset d'autres personnes pour des commentaires ou des articles ou même pour une chanson". Deux étudiants tunisiens ont été détenus après la publication sur les réseaux sociaux d'une chanson satirique critiquant la police et une loi réprimant la consommationde stupéfiants. Selon M. Jlassi, une vingtaine de journalistes sont poursuivis par la justice pour leur travail.
Le 18 juin à 11h25 sur FRANCE 3 CORSE VIASTELLA, le magazine MEDITERRANEO vous propose un reportage au coeur de la contestation en Tunisie.
avec afp