Samedi 30 janvier, lors d'une manifestation à Paris, un policier a été filmé matraquant un manifestant à plusieurs reprises. Selon une enquête de StreetPress, il s'agit de Paul-Antoine Tomi, frère de Michel Tomi, homme d’affaires influent présenté comme le "dernier parrain corse".
Place de la République, à Paris, samedi 30 janvier. Alors que la manifestation contre la loi "Sécurité Globale" prend fin, un policier s'en prend violemment à un homme assis. Il lui assène une douzaine de coups de matraque.
La scène est filmée par le journaliste du média en ligne Brut, Rémy Buisine. Depuis leur publication, samedi, les images ont été vues près de 910.000 fois.
Un commissaire de police utilise sa matraque à de nombreuses reprises envers un manifestant durant l’évacuation de la Place de la République. pic.twitter.com/eevjHpLw8i
— Remy Buisine (@RemyBuisine) January 30, 2021
Selon une enquête de StreetPress, publiée lundi 1er février, le policier concerné est le commissaire-divisionnaire Paul-Antoine Tomi, "bien connu des journalistes spécialisés qui le surnomment 'Tomi le Corse'", précise le média en ligne.
Recruté par Bernard Squarcini
Entré dans la police en 1994, il est nommé commissaire en 2003. "Il est recruté à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) par un autre insulaire : Bernard Squarcini. Ce dernier lui confie le centre d'écoutes de l'office à Boullay-les-Troux, dans l'Essonne. Une mission très sensible pour laquelle il est habilité “Secret-défense”", écrit StreetPress.
Le commissaire est aussi le petit frère de Michel Tomi, homme d’affaires influent originaire de Tasso, notamment condamné en 2008 pour corruption active dans le financement du parti de Charles Pasqua en 1999, et dont le nom est lié à des affaires de blanchiment et de corruption auprès de figures de la Françafrique. Michel Tomi est présenté comme le "dernier des parrains à l'ancienne du milieu corse".
En 2015, dans une enquête, Médiapart publie un procès-verbal compromettant pour Paul-Antoine Tomi. Un homme, présenté comme un lieutenant de Michel Tomi "y aurait avoué des versements en liquide" en faveur du commissaire. 25.000 euros par an. L'information de Médiapart n'a jamais été démentie, mais Paul-Antoine Tomi n'a jamais été condamné pour ces faits.
Médaille de la sécurité intérieure
Néanmoins, en 2016, "Tomi le Corse" est écarté du centre d'écoutes de la DGSI et est muté à la direction de l'ordre public et de la circulation où il dirige la Division régionale des motocyclistes de la préfecture de Paris.
S'il est, dans un premier temps "cantonné aux tâches ingrates", il retrouve les bonnes grâces de sa direction avec la nomination de Didier Lallement, en mars 2019, à la tête de la préfecture de police de Paris. Les motocyclistes de la préfecture, alors peu appelés pour des missions de maintien de l'ordre, deviennent un "élément clé" de la nouvelle stratégie mise en place.
À l'été 2019, malgré des polémiques liées à des affaires de violences envers des manifestants, il est décoré de la médaille de la sécurité intérieure suite à son engagement lors des nombreuses mobilisations des Gilets Jaunes.