La Corse disposera-t-elle bientôt d'un abattoir spécial petits ruminants ? Le projet, débattu depuis maintenant 7 ans, semble avoir du mal à se concrétiser. Pourtant, selon les acteurs de la filière, cet outil permettrait de mieux valoriser le produit.
Installé sur la commune de Vescovato, Sébastien Rossi est éleveur ovin. Depuis 7 ans, il porte avec le groupement des producteurs d’agneaux, dont il est membre, le projet d’un abattoir spécial petits ruminants. Il en appelle aujourd’hui au réveil des élus insulaires pour faire enfin aboutir le projet.
Pour Sébastien Rossi, un abattoir spécialement dédié aux agneaux et aux cabris, c’est un outil indispensable pour le développement de la filière et la valorisation du produit.
"C'est vrai que l'agneau, c'est un peu particulier, explique l'éleveur ovin. C'est un animal qui est fragile à abattre. Donc cela demande de l'attention, du soin, et un savoir-faire qu'on n'a pas forcément en Corse dans les abattoirs. Ce qui fait que c'est vite abîmé, et quand on abîme une carcasse, elle perd de la valeur."
En Corse 14.000 petits ruminants, majoritairement des agneaux, sont abattus chaque année. Le reste est envoyé à l’abattage en Sardaigne notamment faute de place sur l’île.
Un projet qui traîne
L’Odarc, l'office de développement agricole et rural de Corse, de son côté, dit continuer à travailler sur le projet, mais concède avoir perdu du temps.
"C'est un projet qui traîne depuis cinq ou six ans, admet Dominique Livrelli, son président. La collectivité de Corse a mis un terrain à disposition de l'Odarc. Mais l'Odarc, dans ses statuts, ne peut pas porter de projets structurants tel qu'un abattoir petits ruminants. Nous avons eu une réunion la semaine dernière avec le préfet de Haute-Corse. Et ce serait la Collectivité qui porterait le plan."
Solutions alternatives
Alors en attendant la concrétisation du projet, certains territoires planchent déjà sur des solutions alternatives. C’est le cas de l’intercommunalité l’Ile Rousse - Balagne et de son président, Lionel Mortini.
"Le développement de l'abattage à la ferme, c'est une de nos priorités. Nous y travaillons, nous allons faire des propositions concrètes auprès des services de l'Etat dès le mois de juin 2024, et évidemment la Collectivité à travers l'Odarc pour faire valider tout cela. Mais aujourd'hui, le droit européen nous permet de faire cet abattage, et nous allons donc le faire pour le bien-être des animaux comme pour les éleveurs."
Si aujourd’hui, plusieurs abattoirs restent en activité en Corse, aucun ne semble encore équipé spécialement pour traiter les cabris et les agneaux. C’est le cas par exemple de celui de Ponte Leccia, le seul présent en Haute Corse.