Patrizia Gattaceca est, depuis 40 ans, l'une des figures emblématiques de la chanson corse, versant féminin. Mais se faire une place dans le paysage culturel insulaire, n'a pas été facile.
Ses cours de Corse à Corte terminés, Patrizia Gattaceca rentre à Penta Acquatella. Chez elle, dans le village qui l'a vue naître.
Fini le professeur, ici, Patrizia Gattaceca, redevient la chanteuse. Après deux ans de travail, Terra Nostra, son nouvel album, est prêt.
Et l'excitation est la même qu'à ses tous débuts, en 1976. « C’est toujours un grand moment d’émotion. Et c’est toujours une espèce de vide. Du coup, on va vite commencer à en faire un autre pour ne pas rester sans rien faire », explique la chanteuse.
Jeux olympiques
Créer, encore et toujours. En quatre décennies, Patrizia Gattaceca a tracé sa route, pour se faire une place dans la musique corse. Et ça n'a pas été facile.
« Quand j’ai commencé, il fallait aussi du courage. Le paysage musical était très masculin. Je me vois avec Patrizia Poli, mon amie, je nous vois partir sur les routes avec nos guitares, aller chanter partout. Ce n'était pas évident », souligne-t-elle.
Et pourtant, en 1990, les deux amies forment « Les nouvelles polyphonies corses ». Un groupe qui remporte une victoire de la musique, et chante lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'Albertville en 1992.
« C’est important d’oser »
Depuis, la place de la femme dans la chanson corse n'est plus la même. « Si aujourd’hui elle a cette place-là, c’est aussi grâce à des gens comme nous, des pionnières, comme nous comme Anna Rocchi, Michèle Sammarcelli. Ce sont des gens qui ont ouvert des voies. Ils ont ouvert la voie aux jeunes générations, parce que c’était important d’oser », continue Patrizia Gattaceca.
Chanteuse, musicienne, poétesse, animatrice de jeux télé, prof, militante politique, Patrizia Gattaceca ne s’est jamais rien interdit et assume tout. En 2013, elle a été condamnée pour avoir hébergé Yvan Colonna. Ce qu'elle a reconnu sans hésiter.
Condamnée, mais libre de ses choix, toujours. « Je crois que libre, je l’ai été dès l’enfance. D’abord, parce que j’ai eu des parents qui m’ont toujours encouragée à l’être. Ca je les en remercie, parce que c’est ça qui a été important dans mon éducation », précise-t-elle.
S'appuyer sur le passé pour aller de l'avant, un état d'esprit qui résume, plus que tout autre, la carrière, et la vie, de Patrizia Gattaceca.