Samedi 17 juillet, dans le village de l'extrême sud, Core in Fronte a organisé une conférence de presse suivie d'un rassemblement pacifique devant une villa. Les indépendantistes ont dénoncé "des constructions illégales" dont les permis avaient été accordés par l'ancienne municipalité.
À cinq jours de sa toute première session à l'Assemblée de Corse, Core in Fronte occupe le terrain. En l'occurrence, ici, celui de la "dépossession et de la décorsisation", deux thèmes chers au parti indépendantiste qui aura six représentants dans l’hémicycle pour cette nouvelle mandature.
Samedi 17 juillet, devant la mairie de Pianottoli-Caldarellu, une cinquantaine de personnes - dont des habitants du village - ont assisté à la conférence de presse organisée par le mouvement nationaliste.
Dans l'assistance, on remarque la présence de plusieurs conseillers territoriaux fraîchement élus sur la liste conduite par Paul-Félix Benedetti.
Le leader du parti est là. Tout comme ses colistières Véronique Pietri, Marie-Claude Branca et Serena Battestini. Jean-Baptiste Arena est lui descendu de Patrimonio. Il discute notamment avec l'écologiste José Bové.
De passage dans la région, l'ex-député européen est venu "apporter son soutien" à l'action menée par Core in Fronte dans une commune qui n’a pas été choisie au hasard.
En effet, pour le mouvement, il s’agit de dénoncer "l’illégalité de plusieurs constructions" situées sur le versant surplombant la baie de Pianottoli. "Ainsi Messieurs Perotto, Daugier et Laubertie s’estiment-ils au-dessus de tout le monde ?, interroge Jean-Baptiste Cucchi au nom du parti indépendantiste. N’ayant que faire des terrains avoisinants (appartenant à des familles corses) pour mieux les dégrader, construisant sans respect aucun pour l’environnement, n’hésitant pas à contourner leurs propres lois pour mieux assouvir leur suprématie géographique et conquérante."
"Une atteinte à l'environnement"
Parmi ces villas pointées du doigt par les nationalistes, celle de Jacques Perotto, dont le permis de construire avait été accordé par l’ancienne mairie de Pianottoli, alors dirigée par Jérôme Polverini.
Bâtie sur une crête, cette maison de 200 mètres carrés constitue, pour Core in Fronte, "une atteinte à l’environnement, interdite dans le dispositif juridique systémique".
C’est d’ailleurs devant la villa de cet avocat inscrit au barreau de Paris que les militants et sympathisants se sont ensuite rassemblés dans le calme. Pour une action symbolique et pacifique, sous le regard de trois gendarmes. "Notre message, c’est de dire, on ne peut pas faire ce qu’on veut !, indique Serena Battestini. Ces gens viennent en toute impunité et construisent des horreurs. À un moment donné, il faut que ça s’arrête."
"On est aussi là pour dénoncer le fait que des jeunes en Corse n’arrivent pas à s’installer et à se loger, alors que parfois ils bénéficient d’une assise foncière familiale, explique Jean-Baptiste Arena. Malgré le fait qu’ils soient dans des zones urbanisées, on leur refuse l’accès à l’urbanisme. Et ici, on se retrouve en plein maquis, dans une zone remarquable, ou une personne s’est octroyée d’elle-même le droit de construire. Nous voyons que, selon qu’on soit puissant ou misérable, ces gens se permettent tout et n’importe quoi sur la terre de Corse. C’est une injustice."
Le maire a demandé la destruction des trois chalets
Pour les indépendantistes, "la construction des trois chalets en-dessous de la maison est illégale". "En novembre 2020, expliquent-ils, le propriétaire a déposé un second permis de construire ayant pour objectif d'intégrer à la villa en construction les trois bâtisses illégales en les reliant par une passerelle. Cette nouvelle requête fait l'objet d'un arrêté de refus en date du 22 décembre 2020."
En effet, Charles-Henri Bianconi, le maire - sans étiquette - de la commune élu l’an passé, a demandé au procureur de la République d'engager une procédure de destruction de ces trois chalets : "Concernant la maison principale, légalement, il n’y a aucune possibilité d’intervenir, souligne l'édile. Elle est bâtie sur le principe d’un permis de construire. Elle dépasse de la crête et ne s’intègre pas dans l’environnement ; c’est malheureux, mais on ne peut rien faire. En revanche, j’ai demandé la destruction des trois constructions illégales."
J’ai respecté le permis de construire et il a été purgé de tout vice
De l’autre côté de la piste en terre, Jacques Perotto est sorti devant sa villa. Depuis sa parcelle, l’homme regarde les manifestants quitter tranquillement les lieux dans le calme. "J’ai respecté le permis de construire et il a été purgé de tout vice, précise le propriétaire qui a l’intention d’habiter à l’année au village, en résidence principale. En ce qui concerne les cabanes, poursuit-il, on a déposé un permis d’extension de la maison principale qui a été refusé par le maire. On est en contentieux devant le Tribunal administratif de Bastia. C’est ensuite le procureur de la République qui va décider s’il peut obtenir la destruction des cabanes. S’il décide de les détruire, je suis avocat, on verra. Je pourrai me défendre."
Avec cette opération à Pianottoli, Core in Fronte affirme sa volonté de peser dans le débat politique. Le tout à cinq jours de la première session de la nouvelle Assemblée de Corse.
Si les six conseillers territoriaux du parti seront minoritaires dans l'hémicycle, ils "promettent d'y faire entendre leur voix et de dire non à la marchandisation de la terre". Cette action symbolique dans l'extrême sud de l'île avait très certainement pour objectif de le rappeler.