La Corse-du-Sud et la Haute-Corse sont parmi les départements qui comptent le moins de pistes cyclables. Un fait qui s'explique notamment par une faible densité de population et une application de la loi pas toujours évidente.
18 kilomètres de pistes cyclables en Corse en 2020. Résultat : la Corse-du-Sud (2 km) et la Haute-Corse (16 km) font partie, selon une étude réalisée par le think-tank Terra Nova, des 20 départements français où le développement des pistes cyclables est le plus faible.
"Nous partageons les conclusions, même s'il est possible que l'on soit légèrement au-dessus de ce qui est annoncé en termes de kilométrage puisque les données utilisées proviennent d'OpenStreetMap qui n'est pas forcément à jour notamment en la Corse-du-Sud", sourit Sophie du conseil d'administration de l'association Velocità qui promeut et défend ce mode de transport à Ajaccio.
Loi Laure de 1996
L'étude, publiée le 4 février dernier, vise à analyser le déploiement du plan vélo sur l'ensemble du territoire national. Ce plan espère voir tripler la part du vélo dans les mobilités des Français, et en particulier dans leurs déplacements quotidiens.
Parmi les axes de cette politique : le développement des pistes cyclables. "En décembre 2017, la France comptait 40 201 kilomètres de pistes cyclables. Fin 2020, ce réseau cyclable a augmenté de 20 % avec près de 50.000 km avec pour objectif 55.477 km sur tout le territoire en 2022", explique le think-tank.
En Corse, au vu des chiffres publiés, les résultats sont peu concluants. Pour Sophie, l'explication vient, notamment, du fait que la loi Laure [Loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Energie] n'est pas appliquée ou pas toujours applicable. "En quelques mots, elle prévoit que dès lors que l'on fait ou refait une route, un aménagement cyclable doit être mis en place", détaille-t-elle.
"Il faut réduire la place laissée à la voiture"
Selon elle, en plus de l'application de la loi, il faut également réduire la place laissée à la voiture. "En Corse, on est dans une société du tout voiture, mais il faut proposer des alternatives, même autres que le vélo, comme la marche ou les transports en commun. C'est compliqué, car plus on a de voitures, moins c'est attractif de se déplacer autrement. Néanmoins, si on parvient à changer les modes de déplacement, le trafic automobile sera aussi plus fluide, donc les automobilistes ont beaucoup à y gagner aussi", analyse-t-elle.
Quant aux dangers de la pratique avancés par certains, Sophie est catégorique. "Le risque d'accident est certes deux fois plus élevé à pied ou à vélo qu'en voiture, mais il est huit fois moins élevé qu'un deux-roues motorisées", souligne-t-elle.
Densité et l'âge de la population
Pour expliquer la faible proportion de pistes cyclables en Corse, Terra Nova avance deux autres explications. Ainsi, les deux départements insulaires ont une densité de population inférieure à 90 habitants au km2. "Cela apparaît comme un frein au développement des pistes cyclables : le vélo est un moyen de mobilité pratique quand les lieux de résidence, de travail, de consommation et de loisir habituels sont relativement proches les uns des autres."
Autre frein : l'âge de la population. Ainsi, en Corse-du-Sud comme en Haute-Corse, la part des plus de 60 ans atteint les 30 %. Une part beaucoup plus faible dans les départements où le vélo est plus utilisé. Conclusion du think-tank : "le vélo est le moyen de transport dont l'usage tend à diminuer avec l'âge".
À l'approche des élections territoriales, l'association Velocità a lancé un appel à la contribution citoyenne. Elle propose à toute personne intéressée de juger la pertinence d'une dizaine de propositions. Celles qui auront récolté le plus de d'avis favorable seront soumises aux candidats afin que l'enjeu entre dans le débat public.