Le cyclo-cross de Chauny, ce dimanche 29 décembre, sera marqué par les derniers tours de Rudy Barbier en tant que coureur professionnel. Le Beauvaisien met ainsi un terme à douze années de carrière, dont cinq en World Tour, le plus haut niveau en cyclisme, avant de changer de casquette. Toujours dans le monde du vélo.
Un jour avant de raccrocher Rudy Barbier ressent de "l'excitation". Ce dimanche 29 décembre, le Beauvaisien va mettre fin à douze années de carrière de cycliste professionnel, à l'occasion du cyclo-cross de Chauny. Un moment qu'il aborde en toute décontraction. "C'est vrai que ça reste quelque chose de symbolique. De surcroît organisé par un copain."
Le coureur de Philippe Wagner/Bazin a annoncé sa retraite durant l’été 2024. Et c'est le 20 septembre dernier, à l'issue d'une dernière course, qu'il a rangé le vélo de route. Il s'apprête désormais à quitter celui de cyclo-cross, à l'occasion du dernier rendez-vous de l'année.
Déjà tourné vers une future carrière de directeur sportif
Depuis trois mois, l'Isarien n'a pas pris une grande période de repos. "Je me suis concentré sur la technique d'approche par rapport aux coureurs. J'ai fait une introspection aussi de ma propre carrière en me disant : qu'est-ce que je vais pouvoir apporter", confie-t-il.
Ces réflexions ont été entreprises dans le cadre de son futur objectif : devenir directeur sportif. Dans ce cadre, il compte passer l’examen de l’Union Cycliste Internationale (UCI), et accumuler de l'expérience la saison prochaine, auprès de plusieurs équipes.
Cependant, depuis fin septembre, Rudy Barbier a plus de temps également pour profiter de sa famille. Il ressort aussi le vélo, sans objectif d'entraînement, deux à trois fois par semaine.
"Fier" d'avoir vécu de sa passion
En réalisant son introspection, celui qui a passé 5 années sur les 12 au plus haut niveau (World Tour), souligne "la fierté" d'avoir vécu de sa passion. Il est heureux "d'avoir rendu fiers" ses proches et ses supporters.
En World Tour, Rudy Barbier a évolué chez AG2R La Mondial (2017-2018) et dans l'équipe Israel Premier Tech (2020-2022). Une période qu’il résume par "beaucoup de sacrifices" au niveau des déplacements qui sont nombreux. "Mais ça en valait la peine", ajoute-t-il. Rudy évoque "beaucoup de joies", sans oublier les grosses chutes qui sont indissociables du cyclisme.
Un risque d'autant plus grand avec le profil de coureur qu'il était. "Quand on est sprinteur, qu’on met de l'engagement et qu'on veut aller chercher des résultats, ça passe par une prise de risque. Alors parfois, c'est en conséquence d'autres risques pris par certains coureurs. Mais, j'ai toujours été prêt à les prendre pour aller chercher la victoire."
8 victoires, une participation au Giro
Il est notamment tombé en travaillant pour un autre picard, Arnaud Démare, lors de son unique sélection nationale pour les championnats d'Europe 2022. "Je ne voulais pas décevoir Thomas Voeckler, qui m'a fait confiance. C'était une belle journée malgré tout. J'ai chuté, mais je me suis relevé malgré de grandes difficultés à remonter sur le vélo. On a fait le boulot pour aller chercher un podium à l’arrivée." Un travail dans la douleur qui a permis de mettre l'autre picard dans les meilleures conditions pour prendre la deuxième place.
Rudy Barbier a participé à un seul grand tour, le Giro en 2020. Il se rappelle : "ce n’était vraiment pas l’année où j’étais le plus en condition". Il avait dû abandonner avant le départ de la 9e étape, à cause de problèmes d'estomac, deux jours après avoir signé une honorable sixième place.
Quand on aborde les victoires, Rudy Barbier met ses huit succès à la même hauteur. "Ça a toujours été des grands moments" avec ses proches, ses coéquipiers et le staff des équipes dans lesquelles il est passé. "Si j'avais été tout seul à célébrer ces victoires, ça ne m’aurait pas apporté grand-chose." Son but était "faire vibrer les gens" afin d'avoir des souvenirs à partager.
Une dernière avec son frère
Le partage est un mot qui revient à plusieurs reprises durant l'entretien, sur différents sujets. Pour sa dernière saison, il a eu le plaisir de courir avec son frère, Pierre, de cinq ans son cadet. "Ça a été une année super de faire les déplacements ensemble, concourir ensemble et d’unir nos forces pour aller chercher des résultats. Pierre a remporté cinq victoires en 2024." Il apprécie l’avoir épaulé durant sa dernière pour "lui faire rendre compte qu’il pouvait rêver grand".
Aux côtés de Pierre, il endossera une dernière fois le maillot de professionnel, ce dimanche. Les autres saisons, il se servait du cyclo-cross en hiver pour rester au niveau. À chauny, "je vais arriver un peu plus cool avec mon propre véhicule. On va arriver tranquillement au départ." Il souhaite profiter d’un "moment sympa" pour "une belle journée de vélo".
Dès lundi, il reprendra son apprentissage de directeur sportif, en gardant un œil sur Pierre. En effet, il va commencer la saison dans la même équipe. Puis, il se rendra dans plusieurs autres formations. "J'ai envie de passer une saison où je découvre plusieurs façons de travailler." Il va ainsi accumuler de l’expérience et apprendre à différents échelons, que ce soit des amateurs aux équipes World Tour, afin d’avoir "sa propre vision du métier".
