Malgré les annonces du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, les renforts d’effectifs au niveau de la police judiciaire, prévus pour le mois de septembre, se font attendre. Le syndicat SGP Unité Police déplore un retard qu’il juge "très dommageable pour les enquêtes de fond". Et particulièrement celles en lien avec la criminalité organisée.
L’annonce avait été faite en juillet dernier par le ministre de l’Intérieur. En déplacement en Corse, Gérald Darmanin avait promis un renforcement des moyens policiers et judiciaires dès septembre. Problème : deux mois après la rentrée, les effectifs de police attendus ne sont toujours pas arrivés sur le terrain.
"Les fonctionnaires de la police judiciaire de Corse sont comme "ma sœur Anne", ils ne voient rien venir", ironise le syndicat SGP Unité Police dans un communiqué. Une situation jugée "très dommageable pour les enquêtes de fond", comme le souligne Pierre Azema, secrétaire départemental de l’organisation syndicale en Corse-du-Sud. Et particulièrement pour celles en lien avec la criminalité organisée.
Une trentaine de fonctionnaires manquants
"En Corse, la mafia est omniprésente, elle est insérée dans le tissu économique insulaire, estime le représentant syndical. Pour lutter contre ce phénomène, il faut vraiment avoir des équipes étoffées, des professionnels - ce qu’est la police judiciaire – et un volume assez conséquent d’effectifs pour pouvoir travailler sur ces dossiers sur le fond et avoir un maximum de résultats."
Sur l’ensemble de la Corse, le syndicat Unité SGP Police estime qu’il manque aujourd’hui "une trentaine de fonctionnaires". En l’absence de mesures concrètes déployées rapidement, le risque est d’arriver à "une grosse fatigue des effectifs".
La réforme de la police en cause ?
Pourquoi les promesses du ministre de l'Intérieur tardent-elles à se concrétiser ? Pierre Azema s’interroge : "On peut légitimement se poser la question : est-ce à cause de la réforme de la police nationale que nous n’avons pas les effectifs ? Pour nous oui, puisqu’on sait bien que lorsqu’il y a une réforme, l’administration la mène à effectifs constants".
Prévu pour 2023, le projet entend placer sous l'autorité d'un nouveau responsable unique, le Directeur départemental de la police nationale, dépendant du préfet, les services de renseignement, de sécurité publique, de police aux frontières et de police judiciaire.