Procès du double assassinat de Bastia-Poretta : retour sur la première journée d'audience

Le procès du double assassinat de Bastia-Poretta s'est ouvert ce lundi à Aix-en-Provence. Retour sur la première journée d'audience, marquée par une disjonction, une quasi-absence de la partie civile et un premier examen de personnalité.

"C'est quelle affaire qui est jugée ?"

Aux abords du tribunal d'Aix-en-Provence, certains passants s'interrogent sur le dispositif de sécurité déployé devant le palais Monclar. Ils regardent les hommes de l'unité d'intervention de l'administration pénitentiaire, encagoulés et lourdement armés, se positionner autour de la bâtisse afin d'encadrer le convoi emmenant certains des accusés au tribunal.

"C'est pour le double assassinat de l'aéroport de Bastia", répond le serveur d'un bar à deux personnes attablées autour d'un café. Aussitôt, elles sortent leur smartphone pour (re)prendre connaissance d'une affaire qui avait défrayé la chronique et causé la mort de Jean-Luc Codaccioni et Antoine Quilichini.

Tous deux présentés comme des figures du grand banditisme corse, ils avaient été assassinés le 5 décembre 2017, en fin de matinée, sur le parvis de l'aérogare de Poretta.

Selon les enquêteurs, le mobile de ce double homicide serait la vengeance des fils de figures du crime organisé insulaire également assassinées.

Le reportage de Pierrick Nannini, Enzo Giugliano et Jennifer Cappaï :

durée de la vidéo : 00h01mn52s
FTV/ ©P. Nannini - E. Giugliano - J. Cappaï - J.-J. Delsol

Depuis ce lundi 6 mai, seize hommes et femmes sont jugés pour ces faits par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône.

Après une matinée consacrée à l'installation de la cour, les débats ont véritablement commencé en début d'après-midi.

Dans le box, agrandi pour l'occasion, les neuf personnes qui comparaissent détenues sont toutes assises sur la même rangée, l'une à côté de l'autre. Sous le regard de l'escorte composée d'agents de l'administration pénitentiaire, certains accusés se saluent d'un signe de la main. D'autres se donnent l'accolade. C'est le cas de Christophe Guazzelli et de Christophe Andreani. Les deux amis sont poursuivis pour "assassinats en bande organisée".

Sweat gris, barbe naissante, Christophe Guazzelli (32 ans), présenté par l'accusation comme le "directeur de cette entente criminelle", esquisse un sourire vers la salle d'audience, bondée, où est notamment installée sa mère.

Faute de place, les autres proches des accusés ont quant à eux été dirigés vers le palais Verdun, à une petite centaine de mètres de Monclar. Les débats y sont retransmis en direct par visioconférence, sur quatre écrans, dans une salle où se trouve également une partie de la presse accréditée pour le procès.

Lui aussi accusé "d'assassinats", Richard Guazzelli (34 ans) se situe non loin de son frère cadet, Christophe, dans le box.

Entre eux se trouve Ange-Marie Michelosi. Poursuivi pour "complicité d'assassinats", ce dernier se lève au moment de l'appel. Vêtu d'une chemise bleue, l'homme de 35 ans à l'imposante carrure décline, d'un ton posé, son identité et son lieu de naissance, "Albitreccia", répondant à l'appel des accusés fait par le président Jean-Yves Martorano.

Disjonction

Derrière la vitre du box, devant laquelle ont pris place les avocats de la défense, Jacques Mariani est assis entre Christophe Andreani et Jaouad Sebbouba. 

Crâne rasé, lunettes de vue, le fils de feu Francis Mariani ne tarde pas à quitter son blazer noir pour rester en chemise au moment où le président fait état, en tout début d'audience, d'une demande de disjonction.

Elle concerne Marine Andreani, accusée "d'association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime". Représentée par son avocate, Me Maricourt-Balisoni, la jeune femme de 29 ans ne s'est pas déplacée à Aix. Elle est enceinte de six mois. Après s'être retirée pour délibérer, la cour accède à sa demande.

"Son état de santé ne lui permettant pas de comparaître, elle sera jugée lors d'une autre session", précise le président Martorano.

Au final, ce sont donc quatorze personnes qui vont comparaître pendant près de deux mois. En effet, à la disjonction de Marine Andreani s'ajoute la non-présence de Riad Belgacem. En fuite, ce dernier sera cependant jugé en son absence.

Face aux avocats de la défense, une seule robe noire est présente sur le banc de la partie civile. Maître Valérie Vincenti représente un commerçant, victime collatérale de la fusillade de l'aéroport.

Cet homme avait été blessé par balle le jour des faits. L'avocate bastiaise indique que son client n'a pas prévu de venir aux débats. 

Les autres personnes qui s'étaient portées partie civile ne seront quant à elles ni présentes à l'audience, ni représentées. Idem pour plusieurs témoins. Si certains ont fait parvenir des certificats médicaux, d'autres n'ont pas donné suite aux convocations. Président du FC Nantes à l'époque où Christophe Guazzelli faisait partie du centre de formation du club de football, Waldemar Kita a par exemple fait savoir qu'il ne viendrait pas témoigner.

"Je n'étais pas à l'aéroport"

Assise à l'extrémité du box, quelque peu à l'écart des autres mis en cause, Cathy Chatelain (ex-épouse Sénéchal) écoute attentivement le président Martorano effectuer la synthèse des faits, après avoir présenté aux jurés la Corse et plus particulièrement la région bastiaise, carte à l'appui.

Vêtue d'une veste beige et d'un pull noir, l'ex-surveillante pénitentiaire de la prison de Borgo est la seule à avoir reconnu son implication lors de l'instruction. 

Devant elle, à l'extérieur du box, se trouve son ex-mari, Dominique Sénéchal. Il est assis sur le banc des accusés qui comparaissent libres. Invité, comme les autres mis en cause, à prendre la parole par le président Martorano, il déclare : "Je reconnais les faits qui me sont reprochés, j’ai agi pour ma famille et par peur."

Une petite minute avant, Richard Guazzelli s'était quant à lui adressé au président de la sorte :

"Je souhaite être très clair : je n’étais pas à l'aéroport le matin du 5 décembre, pas plus que j'étais, comme j’ai pu l'entendre, sur le lieu de crémation d‘un véhicule." 

Avec plusieurs autres accusés, dont son frère Christophe, l'aîné des Guazzelli est également poursuivi pour le recel de la voiture qui aurait permis au commando de Poretta de prendre la fuite. Le véhicule, volé, avait été retrouvé calciné, après le double homicide, sur la commune de Piedicroce.

Ces faits de recel sont aussi reprochés à Abdel-Hafid Bekouche. Cinquième accusé de ce procès à être poursuivi pour "assassinats en bande organisée", il a été le premier à s'exprimer sur sa personnalité.

Porteur de lunettes noires, pour "raisons de santé" a-t-il précisé au président Martorano, le trentenaire "né à Montreuil qui a grandi à Marseille" a été l'unique mis en cause à être interrogé ce lundi, son audition ayant clos les débats de ce premier jour d'audience.

Le procès reprend ce mardi à 9 heures. Cette deuxième journée sera consacrée à la suite des examens de personnalité.

Les frères Guazzelli ainsi qu'Ange-Marie Michelosi devraient être amenés à répondre aux questions de la cour sur leurs parcours respectifs.

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