Quel avenir pour le processus de négociation autour de l'avenir institutionnel de la Corse ? Femu a Corsica a tenu une conférence de presse à son siège bastiais, ce lundi 5 juin. À deux jours de la prochaine réunion place Beauvau, le parti de la majorité territoriale renvoie la balle dans le camp de l'Etat, et appelle à un calendrier de travail "exigeant" et resserré. Entretien avec son secrétaire national, François Martinetti.
Vous indiquez souhaiter un acte fort de la part du gouvernement, et la reconnaissance de la question corse dès mercredi 7 juin, à l'occasion de la prochaine réunion du processus Beauvau, par le ministre de l'Intérieur.
François Martinetti : Dans le contexte compliqué que connaît la Corse, sociétalement avec le retour de la violence, il est indispensable que le ministre Darmanin, l'Etat de manière générale, clarifient leur position vis à vis de ce processus.
Des doutes s'installent, il est temps de dire si ce processus va aller au bout, s'il sera au bon niveau. Nous l'espérons, et nous l'affirmons dans tous les cas aujourd'hui : ce n'est pas une solution technique qu'on attend, c'est une solution globale, politique, pour régler 50 ans de conflit pour l'époque contemporaine.
Le processus, depuis son lancement, a rencontré et rencontre toujours plusieurs difficultés. Certains nationalistes non-membres de la majorité territoriale l'ont déjà quasiment enterré... Pensez-vous toujours qu'il pourra aboutir en un véritable statut d'autonomie comme vous l'espériez ?
François Martinetti : On l'espère. Nous sommes mandatés par le peuple pour cela. On va aller au fond, au bout, et on le dit très clairement : s'il y a échec de ce processus, ce n'est pas l'échec de Gilles Simeoni, c'est l'échec de la Corse dans sa globalité et de l'avenir de son peuple.
Aujourd'hui, l'Etat a les cartes en main, nous sommes responsables, il me semble que les élus de l'Assemblée de Corse le sont aussi, et qu'il est temps de décider d'un avenir de paix pour ce pays.
"S'il y a échec de ce processus, ce n'est pas l'échec de Gilles Simeoni, c'est l'échec de la Corse dans sa globalité et de l'avenir de son peuple."
La réunion prévue pour se tenir ce mercredi a été reportée à deux reprises. Elle doit porter sur le foncier. Un document de travail vous a d'ores et déjà été remis par les services de l'Etat. Selon vous, il minimise le problème de la spéculation immobilière en Corse notamment. Estimez-vous que l'Etat ne prend pas la mesure des problèmes que vous dénoncez ?
François Martinetti : Ce que l'on dit, c'est qu'il faut qu'il y ait une constante dans le discours. Il y a des choses qui ont été signées, des paroles qui ont été dites lors de réunion, comme par exemple le président Macron qui disait d'inscrire la Corse dans son destin méditérrannéen. On a parlé du statut résident pour essayer de régler la question du foncier...
"On ne veut pas de mesurette, on veut un règlement global, et ça passe par le statut résident, ça passe par des législations spécifiques et par cette autonomie législative que l'on veut."
Aujourd'hui ces documents qui ont été envoyés ne sont pas au bon niveau. La question foncière, la question de l'accès à la terre est véritablement un problème majeur, si ce n'est le problème majeur. On ne veut pas de mesurette, on veut un règlement global, et ça passe par le statut résident, ça passe par des législations spécifiques et par cette autonomie législative que l'on veut.
Il faut, enfin, que l'Etat soit à la hauteur des enjeux, du rendez-vous. Mercredi, c'est la première étape et on attendra le mois de juillet, mais en tout cas nous restons fortement mobilisés.
On l'entend, il y a une inquiétude sur le fond, mais aussi sur la forme. Vous avez appelé à une accélération du calendrier, avec une date butoir. Vous souhaitez que l'étape constitutionnelle du processus Beauvau soit réglée à la mi-juillet. Une échéance relativement courte, cela vous semble réellement possible ?
François Martinetti : Bien sûr. Le calendrier est court, mais nous, nous sommes prêts. Femu a Corsica a fait sa proposition sur le projet autonomie. L'Assemblée de Corse demain, par le biais de la commission législative menée par Romain Volonna, va proposer une piste sur l'autonomie. Et à la fin juin, le président Simeoni dessinera les contours avec l'Assemblée de Corse de ce statut d'autonomie que l'on veut.
"Ce mois à venir sera décisif pour l'avenir de notre pays, nous en sommes conscients."
Il faut être exigeants, avec un calendrier resserré, politique, et à la mi-juillet, on espère que la Corse aura enfin cet engagement de l'Etat de l'inscrire dans la constitution par le biais d'un titre. Ce mois à venir sera décisif pour l'avenir de notre pays, nous en sommes conscients.
Retrouvez l'entretien dans son intégralité réalisé par Paul Salort et Typhaine Urtizverea :