Plus les années passent, plus la pauvreté s'aggrave. Le Secours catholique a publié son rapport annuel concernant la précarité en France. L’association alerte sur la dégradation du niveau de vie des plus pauvres et la difficulté à accéder à la protection sociale face à la dématérialisation des démarches administratives. Une réalité qui touche aussi la Corse. Sur l'île, les 8 antennes du Secours catholique composées des 160 bénévoles tentent de leur venir en aide.
"Je viens car je ne peux pas payer mes factures."
Marie, qui préfère rester anonyme, a trouvé l'oreille attentive d'une bénévole du Secours catholique.
À 55 ans, cette aide soignante est tombée gravement malade et s'est retrouvée sans emploi.
Aujourd'hui, elle tente de survivre avec une pension d'invalidité de 600 euros.
"Ce n'est pas facile de se tourner vers la famille, même au niveau des enfants, qui eux, commencent à peine leur vie... Et puis, pour moi, c'est honteux d'en être en arrivée là à mon âge, je n'ai pas encore 60 ans et je me retrouve dans une situation qui n’est pas logique..."
2 500 familles aidées
Marie fait partie des 2 500 familles aidées cette année en Corse par le Secours catholique.
De plus en plus de bénéficiaires, qui cachent leur précarité par peur d'être humiliés.
Pour l'association, il faut agir dans l'urgence pour tenter de les remettre sur les rails après un accident de la vie.
"Nous traitons les dossiers envoyés par des assistantes sociales, qui sont très complets, explique Marielle Santini, Coordinatrice du Secours catholique de Lucciana. Nous sommes trois personnes en commission, où nous examinons tous ces dossiers et à l'issue, nous appelons les bénéficiaires, et nous leur indiquons ce qui leur a été octroyé. Cela peut être des aides financières ou des chèques-services."
Parcours du combattant
La pauvreté "s’aggrave" et la solidarité nationale "s’éloigne".
C'est le constat du dernier rapport de l'association à l'échelle du pays.
Durcissement des critères, éloignement de l'administration : c'est un parcours du combattant pour accéder aux aides.
"On s'aperçoit que plus d'un tiers des personnes entrent dans les critères pour accéder au RSA ou à l'allocation de solidarité des personnes âgées mais, concrètement, ne bénéficient pas de ces aides, ne les touchent pas et même ne les demandent pas", constate Hervé Rameau, vice-président du Secours catholique en Corse.
Les femmes premières victimes
Parfois, l'effort des petites mains de l’association porte ses fruits.
Josiane, retraitée longtemps dans l'impasse, voit enfin le bout du tunnel : "Le secours catholique m'apportait beaucoup. J'étais dans un gouffre et quand je me suis présentée ici, il y a eu déjà les sourires, l'accueil et ça m'a remontée un peu... Et l'aide bien sûr, quand on touche une petite retraite de rien du tout, qu'on ne peut pas payer son électricité, qu'on ne peut pas payer son loyer, c'est dur..."
Les femmes sont les premières victimes de la pauvreté.
En 2023, en France, plus d'un million de personnes en situation de précarité ont été aidées par l'association.
Le reportage de Juliette Vincent et Mathilde Boucher :