L'avenir d'Air Corsica en question. La compagnie régionale vient de remporter la délégation de service public pour 4 ans, pour les lignes entre la Corse, Marseille et Nice. Mais pour Paris, rien n'est joué, Volotea est toujours en course. Avec 700 salariés en hiver, 800 en été, Air Corsica, très dépendante des dotations publiques, doit trouver une nouvelle stratégie de développement à long terme.
L'avenir d'Air Corsica dépend de la compensation allouée au service public de continuité territoriale. Autour de 48 millions par an pour Paris, 46 pour Marseille et Nice. Jeudi 30 novembre, la compagnie régionale a obtenu huit lignes de service public, depuis les quatre aéroports Corses pour le bord à bord.
Reste que les lignes de Paris risquent de ne plus être aidées. Plus de 80% des passagers ne sont pas résidents. « Dans trois ans, au moment de la demande de renouvellement de la DSP, l’Europe dira niet. À moins que l’Europe change et qu’elle soit un peu moins Maastrichtienne. Mais au vu des derniers résultats sur certains pays, je pense qu’elle va au contraire se reconcentrer sur du dirigisme politique et qu’elle va nous imposer », déclarait Paul-Félix Benedetti à l’Assemblée de Corse jeudi dernier.
Avec intérêt et bienveillance, les élus de tous groupes cherchent des solutions pour préserver Air Corsica, et son partenaire Air France, sans dépenser trop d'argent public. « Il faut maintenir l’emploi, pour maintenir l’emploi, il faut avoir les moyens de le faire. Pour cela, il faut créer de la richesse et de l’activité », soulignait Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse.
« Pas dans l’optique d’ouvrir du capital aux actionnaires privés »
Mais il y a un paradoxe. Rome, Toulon, Lyon, Bordeaux, Air Corsica propose déjà 24 lignes hors service public, mais ces lignes sont déficitaires, elles ne font pas recette. C'est pourtant ce qu'entend développer le directoire. « Je pense par exemple au partage de code en s’adossant à des compagnies internationales comme à Iberia pour l’Espagne ou à la Tap pour le Portugal et à d’autres compagnies nationales, étrangères ou pas, qui nous permettraient de développer. Il y a d’autres idées, mais c’est l’équipe commerciale qui nous le dira. On n’est pas dans l’optique de l’ouverture du capital aux actionnaires privés ce qui reviendrait, pourquoi pas, à louer des avions », estime Marie-Hélène Casanova Servas, présidente du conseil de surveillance.
Pertes d'exploitation, fonds propres négatifs, des compagnies comme Air Malta ou la Sata, qui dessert l'archipel des Açores, ont fait faillite. Luc Bereni lui quitte ses fonctions de président d'Air Corsica, en laissant des comptes équilibrés. C'est Pierre Muracciole un ancien dirigeant d'Air France qui tentera de relever ce pari de déployer de nouvelles lignes pour faire rentrer des recettes. Il prendra ses fonctions le 14 décembre, lors d'un prochain conseil de surveillance.