Une publication Facebook insultant la veuve du préfet Erignac et attribuée à Charles Pieri, militant nationaliste et ancien leader du FLNC, suscite de vives réactions dans la classe politique depuis dimanche. Les élus nationalistes condamnent ces propos.
L’embarras est général parmi les élus nationalistes. Une publication sur Facebook compare Dominique Erignac aux « bonnes petites salopes » qui pendant la Seconde Guerre mondiale ont donné naissance à des « petits bâtards » aux soldats allemands.
Des propos d’autant plus choquants que l’auteur supposé de ce texte est Charles Pieri, figure controversée du nationalisme corse et membre de Corsica Libera. Les réactions politiques se sont multipliées dimanche, tout en restant prudentes sur l’identité de l’auteur.
Ce n’est que très tard dans la soirée de dimanche que Corsica Libera s’est exprimé à ce sujet. Dans un tweet lapidaire, sans nommer Charles Pieri, le parti indépendantiste déclare : « Si chaque citoyen a le droit de s’exprimer en son nom sur des réseaux sociaux et d’en assumer la teneur, cela ne saurait en aucun cas engager Corsica Libera qui, par ailleurs, ne partage pas le contenu de ce texte. »
Jean-Guy Talamoni, le chef de file de Corsica Libera a pris la parole à ce sujet ce lundi matin rappelant : « l’action politique que nous conduisons s’inscrit historiquement dans une démarche de respect des individus et des peuples ».Cumunicatu di Corsica Libera : pic.twitter.com/CsCu9W9h0p
— CORSICA LIBERA (@CORSICA_LIBERA) 12 février 2018
Mon communiqué suite à la polémique relative à un texte publié sur Facebook ⤵️ pic.twitter.com/3j9WScAfAD
— Jean-Guy Talamoni (@JeanGuyTalamoni) 12 février 2018
"Incompatible avec nos valeurs"
Plus tôt, le parti Femu a Corsica puis dans la foulée Gilles Simeoni s’étaient exprimés pour dénoncer un texte « incompatible d’une part avec nos valeurs et nos principes, d’autre part avec notre conception de la société et de la vie publique. »
D’autres mouvements et personnalités politiques ont condamné la publication: les partis La République en Marche et Les Républicains; les groupes Anda per dumane de Jean-Charles Orsucci,, La Corse dans la République, ou encore le mouvement corse démocrate (MCD) par la voix de François Tatti.
Edmond Simeoni a également réagit personnellement se disant "respectueux du drame de cette famille" et "défenseur des femmes et de l'éthique":
Les propos tenus- par un responsable nationaliste- contre les femmes françaises, à travers Madame Erignac, sont scandaleux. Respectueux du drame de cette famille, défenseur des femmes et de l'éthique, je dis ma condamnation totale de ces propos révoltants et inadmissibles.
— Simeoni (@EdmondSimeoni) 12 février 2018
La société civile corse s'insurge aussi depuis dimanche comme La ligue des droits de l'homme, ou encore le collectif antiraciste Ava Basta dont la fondatrice Noëlle Vincensini a qualifié le texte de "vomissure":
Qu’un texte pareil ait pu paraître, où que ce soit, constitue une ignominie repoussante non seulement, pour Madame Erignac mais pour toutes les femmes.
Communiqué d'Ava Basta du 12 février 2018
Enfin, un collectif d'hommes et de femmes de toutes sensibilités politiques s'est créé pour dénoncer des propos "insultants à l'égard de Mme Erignac" ainsi que "de toutes les femmes, de tous les hommes et de tous les Corses".
Selon France Inter, Emmanuel Macron avait été prévenu dès mercredi, par le préfet, de cette publication. Cela expliquerait le discours très ferme du président à l'Alb'Oru à Bastia et le fait que certains passages plus consensuels aient été caviardés.