Réforme des retraites : pourquoi les avocats font la grève des audiences à Bastia et Ajaccio ?

Les conseils de l'ordre des avocats des barreaux d'Ajaccio et Bastia reconduisent pour une semaine une grève dure contre la réforme des retraites. Ils ne plaideront pas et demandent à chaque audience le renvoi des affaires, y compris concernant le contentieux de la liberté et de la détention. 

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"Nous luttons contre la disparition de notre régime autonome parce que c'est très important, nous n'avons pas un régime spécial. Nous avons un régime qui s'auto-finance, qui ne coûte pas un seul euro à l'Etat", rappelle Juliette Tiberi, bâtonnière d'Ajaccio.
 

Une réforme jugée injuste

"C'est une réforme extrêmement injuste à notre endroit parce qu'elle prévoit un doublement de nos cotisations. On nous demande de cotiser beaucoup plus pour percevoir beaucoup moins parce qu'on prévoit également une diminution de nos pensions de retraites, qui ne sont déjà pas mirobolantes", souligne l'avocate.

Le projet de réforme prévoit notamment de doubler les cotisations retraite (de 14 à 28%) pour les avocats gagnant moins de 40.000 euros par an. Les pensions, actuellement au minimum de 1.400 euros net, passeraient à 1.000 euros, selon le Conseil national des barreaux (CNB).

Un régime autonome

La caisse de retraite des avocats excédentaire, notamment car la profession est relativement jeune, elle a accumulé des réserves financières et immobilières.  Ces biens devraient être redistribués dans le nouveau système.

Grève dure à Bastia et Ajaccio

Pour protester contre la réforme, les conseils de l'ordre des avocats des barreaux d'Ajaccio et Bastia ont décidé de reconduire une semaine une grève dure. Ils ne plaideront pas et demandent à chaque audience le renvoi des affaires, y compris concernant le contentieux de la liberté et de la détention.

Jean-Paul Eon, bâtonnier au barreau de Bastia, répond à nos questions.

Les avocats prévoient une semaine de grève, quelles vont être les conséquences sur le système judiciaire ?

Ce que je sais c'est que le procureur de Paris aujourd'hui disait qu'avec une semaine de grève supplémentaire le système serait complètement asphyxié. Je pense que l'institution judiciaire est en train de souffrir considérablement mais je crois que c'est pour la bonne cause et je crois surtout que l'institution judiciaire se dégrade tous les jours.
 

Considérez-vous que le projet de réforme des retraites est injuste ?

Le sentiment que j'ai exprimé [aux avocats du barreau de Bastia ce lundi matin, ndlr] c'est le sentiment de révolte de toute la profession au plan national. Car nous considérons que c'est une réforme totalement injuste qui n'apporte aucune solution au problème des retraites au plan national. C'est une solution qui est non seulement injuste mais aussi inutile, contrairement à ce qu'on raconte à longueur de journée.

La réforme peut-elle mettre des cabinets d'avocats en difficulté ?

Absolument. Vous allez avoir un doublement des cotisations qui qui va être insupportable économiquement pour un certain nombre de cabinets. Je pense qu'à la marge on peut imaginer au plan national qu'un quart des cabinets d'avocats vont disparaître.
 

Quelle est la particularité du système actuel des retraites chez les avocats ?

En réalité la profession d'avocat a été laissée de côté lorsque la solidarité nationale s'est mise en place en 1945. On a dit aux avocats, comme à d'autres, "vous êtes une profession libérale, débrouillez-vous". Les avocats à l'époque n'avaient pas de retraite et il a fallu en constituer une. Il a fallu créer un système complètement autonome qui n'est alimenté que par nos cotisations et il a fallu des décennies pour créer un système bénéficiaire. Nous, contrairement à d'autres, nous avons une sécurité de nos retraites parce que nos retraites sont garanties par nos efforts pour les 20 ou 30 ans à venir, ce qui n'est pas le cas de tout le monde.
 

La caisse des retraites autonome des avocats reverse-t-elle des sommes au régime général ?

Absolument. Il y a soixante-dix mille avocats en France et il y a une somme de 1400 euros par an et par avocat -je vous laisse faire le calcul- qui est reversée à la solidarité nationale. C'est-à-dire que nos cotisations servent aujourd'hui aussi à abonder les systèmes qui sont déficitaires. Cela fait quelques dizaines de millions d'euros qui sont tous les ans donnés à l'Etat pour que l'Etat puisse s'en servir au bénéfice de ceux qui ont une caisse mal gérée. Mais on trouve que ce n'est pas suffisant, on a décidé de faire payer à ceux qui ont bien géré les trous qui existent dans les caisses qui ont été mal gérées ou qui dans le système général sont inégalitaire. Mais si le système général est inégalitaire, ce n'est pas de notre faute, nous sommes un système autonome.
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