Management "par la peur", manque d'effectif : le ras-le-bol des pompiers du Lot-et-Garonne

En grève depuis trois semaines, les pompiers du Lot-et-Garonne devaient être reçus ce lundi 14 octobre par la présidente du Conseil départemental, Sophie Borderie. Ils dénoncent le manque d'effectif, l'élargissement de leur champ d'action et un mode de management "par la peur" qui ne résout pas la crise actuelle, selon les grévistes. Finalement la rencontre n'aura pas lieu.

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En grève depuis le 23 septembre dernier, les sapeurs-pompiers du Lot-et-Garonne en ont gros sur le cœur. Depuis des mois, ils dénoncent des problèmes qui s'accumulent.

Un rendez-vous au conseil départemental est fixé à 17h30 ce lundi 14 octobre. Il sera l'occasion de parler de leur quotidien, de leurs gardes, de leurs interventions toujours plus nombreuses face à des effectifs qui n'augmentent pas, voire régressent.

Le syndicaliste évoque, à titre d'illustration, les données de 2010.  À cette époque, on comptait près de 21 000 interventions par an en moyenne pour un effectif de 170 pompiers, de catégorie C, sur le terrain (en garde opérationnelle). Aujourd'hui, ils sont 165 pour près de 27 000 interventions.

Pas de pompier pendant une heure

Les pompiers du Lot-et-Garonne entament leur quatrième semaine du mouvement. Une grève très suivie selon Christophe Vidal, représentant de l'intersyndicale, qui avance des chiffres :  "entre 90 et 100 % du personnel", qui compte 225 pompiers et près de 70 personnels administratifs, techniques et spécialisés. 
Lancée le 23 septembre, cette grève, à l'appel d'une intersyndicale (CGT Sdis 47, SA 47, SNSPP-PATS 47 et Spasdis-CFDT), pourrait se poursuivre jusqu'au 22 octobre. Elle est, pour ces soldats du feu, "le seul moyen de se faire entendre". Concrètement, sauf réquisition, les personnels sont invités à cesser le travail entre 17h et 17h59 et depuis quelques jours de 18 à 19 heures.

Les grévistes entament donc leur quatrième semaine. Ils espèrent néanmoins que la discussion qui va s'ouvrir avec la présidente va lancer des pistes de résolution des problèmes qu'ils ont dénoncés.

On veut prévenir la présidente qu'il se passe des choses. Mais ça fait 22 jours qu'on est en grève, elle ne nous reçoit qu'aujourd'hui...

Christophe Vidal

Un management toxique

"Ça fait un moment que ça dure", explique Christophe Vidal. Les premiers mots du syndicaliste sont pour évoquer "le management par la peur" qui ronge les équipes du SDIS 47, selon lui. "Des agents qui vont travailler à reculons, qui travaillent dans une précarité psychologique et ça ne peut plus durer !"

"Certains officiers supérieurs se servent de ce management pour mettre sous pression les agents. Des pompiers, des personnels administratifs, des professionnels... C'est malsain". Il dénonce une situation très tendue dans les équipes, des arrêts maladies, des salariés qui "viennent au travail la boule au ventre ". Un état de fait qui pourrait également avoir des répercussions sur les interventions. Les grévistes demandent un audit sur cette situation.

Un manque d'effectif d'urgence

Dans tous les centres de secours il doit y avoir un "Potentiel Opérationnel Journalier (POJ)", explique Christophe Vidal, pour porter secours à un secteur donné. "Par exemple, à Agen, on doit être 14, tous les jours de garde. Et bien, la plupart du temps, on est entre 10 et 12... Donc déjà, on n'a pas les effectifs suffisants.

Des engins ne partent pas pour porter secours, puisqu'on n'est pas le nombre suffisant.

Christophe Vidal

Recruter des professionnels 

Selon le syndicaliste, il peut arriver que dans les centres de secours volontaires autour d'Agen , "il n'y a aucun sapeur-pompier en jour de semaine." C'est donc aux pompiers d'Agen d'aller sur ces secteurs avec, de ce fait, des délais d'intervention rallongés. "Parfois 30 à 40 minutes". Un différentiel qui pourrait être dommageable dans la prise en charge des victimes dans des interventions lourdes. 

"Pour diminuer ces délais d'intervention, il faut du sapeur-pompier professionnel", martèle-t-il. "On n'est pas assez déjà pour tenir les "POJ" dans les centres de secours. On ne peut pas envoyer des pompiers sur ces secteurs-là". Il faudrait, selon leurs calculs, recruter 21 personnes, pour permettre de faire face aux gardes dans de bonnes conditions.

Une prime aux heures supplémentaires

En attendant, les pompiers estiment qu'il faut faciliter le recours aux heures supplémentaire avec la mise en place d'une indemnité, et réclament "une prime qui permettrait de donner des heures sup à des agents pour combler les trous". Une prime qui existe, mais que, selon Christophe Vidal, le SDIS47 "se refuse à mettre en place".

Une autre revendication des pompiers serait que des adjudants soient nommés. Des personnels en capacité d'encadrer tous les départs d'intervention, parce qu'ils ont "la formation pour commander notamment sur les feux". Par ailleurs, ils demandent la mise en place d'un temps de travail en 12 h et non 24 heures pour plus de sapeurs-pompiers. "Ce qu'on voudrait, c'est travailler dans de bonnes conditions", résume le syndicaliste.

Pas de rencontre ce 14 octobre

Alors que les représentants des pompiers grévistes devaient rencontrer Sophie Borderie, vers 17h30 ce lundi, la rencontre tant attendue a été annulée. D'après les grévistes, la présidente du Conseil départementale et du SDIS 47a refusé de les entendre, estimant qu'elle avait été mal reçue, "avec des pétards" selon Christophe Vidal.

Ce lundi soir, à l'heure où nous écrivons ces lignes, les grévistes ont décidé de se poster devant les SDIS en fermant les sorties. 

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