La rentrée scolaire sur fond d'épidémie, de confinement et de terrorisme inquiète parents et enseignants en Corse. À quelques heures du retour en classe, d'importants doutes persistent autour du nouveau protocole sanitaire renforcé.
Ce ne sera pas une rentrée scolaire habituelle. Lundi 2 novembre, les élèves reprennent le chemin de l'école dans un contexte particulier de confinement, de crise sanitaire, et seulement quelques jours après l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine.
"Nos enfants ne sauraient être durablement privés d'instruction (...) les crèches, les écoles, les collèges et les lycées demeureront donc ouverts avec des protocoles sanitaires renforcés", a déclaré Emmanuel Macron mercredi 28 octobre. Les cantines et services de garderie sont également maintenus.
Quatre jours avant la rentrée scolaire et le retour des vacances de la Toussaint, le gouvernement a diffusé ce nouveau protocole sanitaire renforcé.
Le port du masque "grand public" est notamment désormais obligatoire pour les élèves à partir du CP. Les classes et autres locaux doivent être aérés, désinfectés, le brassage entre élèves de groupes différents limité, la distanciation physique respectée.#Covid19 | Écoles, collèges et lycées : tous les élèves reprennent les cours à partir de lundi 2 novembre, avec un protocole sanitaire renforcé.
— Ministère Éducation nationale, Jeunesse et Sports (@education_gouv) October 30, 2020
? https://t.co/4kLO3qEXBz pic.twitter.com/TG5muVG74E
Le SNES-FSU Corse exprime ses inquiétudes dans une publication Facebook. "Deux problèmes se posent : l'hommage à Samuel Paty et l'application du nouveau protocole anti-Covid dans les établissements", explique le SNES.
Hommage à Samuel Paty
La rentrée scolaire qui devait être décalée à 10 heures pour préparer un hommage à Samuel Paty, se fera finalement à l'horaire habituel. Une minute de silence sera toutefois observée à 11h, en France comme dans plusieurs pays européens.Vendredi, la rectrice de l'académie de Corse, Julie Benetti, a rencontré les organisations syndicales, dont le SNES-FSU, pour préparer la rentrée."Pour ce qui est de l'hommage à Samuel Paty, la Rectrice a justifié le retournement de position du Ministre, qui a réduit l'hommage en supprimant le temps d'échanges entre les enseignants de 8h à 10h, et en avançant la rentrée des élèves à 8h et non plus à 10h, par des impératifs de sécurité".
Or le syndicat explique que les enseignants ont besoin "de se parler et de préparer de façon sereine et digne l'hommage à notre collègue Samuel Paty".
Un protocole sanitaire problématique
Pour le SNES, le brassage des élèves est "inévitable", notamment au lycée, la distanciation physique "illusoire" dans des salles de 30 élèves ou plus, la ventilation et désinfection des salles "pas toujours faites par manque de personnel CdC"."La solution des 1/2 groupes, réclamée par le SNES depuis le printemps dernier, ne trouve toujours pas grâce aux yeux du ministère, malgré l'accélération de l'épidémie. Il en va de même pour les aménagements de programmes", se désole le SNES-FSU de Corse.La solution des 1/2 groupes (...) ne trouve toujours pas grâce aux yeux du ministère.
Le syndicat pointe le problème des personnes à risques et regrette l'absence d'une nouvelle "liste des pathologies permettant aux collègues de bénéficier du télétravail".
De son côté, la CGT Educ'Action de Corse a exprimé sa colère dans un communiqué publié jeudi 29 octobre : "Le ministère de l'éducation doit cesser de jouer avec la santé des personnels et des élèves".Le ministère de l'éducation doit cesser de jouer avec la santé des personnels et des élèves.
L'organisation syndicale parle d'"irresponsabilité sanitaire" et expose les mêmes inquiétudes : "le refus de fournir aux personnels des masques de qualité professionnelle en nombre suffisant" ou encore "le refus du placement systématique des personnels vulnérables et des personnes vivant avec des personnes vulnérables en télétravail ou autorisation spéciale d'absence".
Demande de report de la rentrée
L'APC, Associu di Parenti Corsi, a demandé un report de la rentrée de lundi. "Prévoir des mesures trois jours avant ne nous parait pas crédible", explique-t-elle dans un communiqué publié samedi.L'APC évoque notamment les problématiques dans les lycées : le fait que les cantines "ne peuvent pas" accueillir tout le monde "avec l'afflux de nouveaux élèves qui déjeunaient jusqu'à maintenant en extérieur", le risque de contamination élevé.L'association propose la mise en place d'"un enseignement distanciel rapidement, avec des groupes pour la majorité des matières".
"Nous avons dit qu’un certain nombre de familles ne comptaient pas remettent leurs enfants en cours, en raison du risque lié aux pathologies des enfants ou des parents", annonce l'APC.
La rectrice de Corse "prête à évoluer"
Selon cette association de parents d'élèves, la rectrice de Corse serait "prête à évoluer au cas par cas sur les lycées et, plus généralement, des mesures beaucoup plus drastiques pouvaient intervenir rapidement".Concernant les enfants ou les parents souffrant de pathologies : "le distanciel ou les cours à domicile seraient assurés en fonction des raisons sanitaires invoquées et des procédures en cours".
La rectrice serait également d'accord pour mettre en place "une cellule de concertation territoriale avec la CdC, l’ARS et les partenaires de l’éducation pour le suivi et l’information de cette crise".
Inquiétudes autour de la sécurité
L'Associu di Parenti Corsi exprime également son inquiétude autour de la "menace du terrorisme islamique sur les établissements scolaires".Après l'assassinat du professeur Samuel Paty le 16 octobre dernier et l'attentat à Nice du 29 octobre, le gouvernement a élevé le plan Vigipirate en "urgence attentat". Emmanuel Macron a annoncé que la protection des lieux de culte et des écoles serait renforcée.
"La rectrice nous a dit que des mesures de sécurité seraient prises et elle nous a expliqué comment se ferait lundi l’hommage à Samuel Paty", précise l'APC.J’ai proposé à mes homologues ministres de l’éducation d’Europe de s’associer à l’hommage rendu à Samuel Paty lundi prochain et au mois de novembre.
— Jean-Michel Blanquer (@jmblanquer) October 31, 2020
En France comme dans plusieurs pays européens une minute de silence sera respectée.
Merci à tous ceux qui ont répondu à cet appel: https://t.co/CMnefWygs4
"Si d’aventure des incidents se produisaient, ils nous seraient communiqués et qu’on ne mettrait pas "la poussière sous le tapis" avec le trop connu "pas de vagues"".
Des masques gratuits pour le primaire à Bastia
Première réponse à ces inquiétudes, samedi, la ville de Bastia a annoncé la distribution gratuite de 2 masques réutilisables 50 fois pour chaque élève de primaire."Pour épargner les familles du poids financier de l’obligation du port du masque, j’ai demandé aux services de la ville de Bastia de doter chaque élève des écoles primaires bastiaises de masques réutilisables", a déclaré Pierre Savelli, maire de Bastia.? Dès lundi, la Ville distribuera gratuitement 2 masques réutilisables 50 fois à chaque élève de primaire scolarisé à Bastia
— Cità di Bastia (@Cita_Bastia) October 31, 2020
✅ Alléger le poids financier de l’obligation sur les familles
? Offrir à tous la sécurité d’un masque aux normes UNS1, fabriqué par une entreprise corse
Pour d'autres villes, comme Porticcio, les parents doivent fournir des masques à leurs enfants.
Les transports maintenus
Afin de faciliter l'accès des élèves aux établissements scolaires, le directeur adjoint des Chemins de fer de la Corse, Jacques Chibaudel, a assuré le maintien de toutes les navettes "sur les périurbains d'Ajaccio et de Bastia"."De plus, nous augmenterons considérablement notre capacité de transport en y rajoutant des autorails", annonce-t-il sur Twitter.Ds un souci d'accueillir ds les meilleures conditions nos usagers (Lycéens, travailleurs..) toutes les navettes sont #maintenues sur les périurbains d'Ajaccio et de Bastia. De plus, nous augmenterons considérablement notre capacité de transport en y rajoutant des autorails (1/2)
— Jacques CHIBAUDEL (@JChibaudel) October 31, 2020