Réouverture des terrasses : comme un parfum de la vie d'avant...

Ce mercredi 19 mai, c'est le grand jour. Un jour espéré depuis des mois par les cafetiers, les restaurateurs, et les clients. On peut de nouveau boire son café en terrasse avant d'aller travailler, et déjeuner au soleil. Récit d'une journée particulière.

Fini le click & collect. Finie la cafetière à filtre douteuse du bureau. Pour la première fois depuis longtemps, Audrey et Virginie, qui travaillent rue Miot, ont pu faire une vraie pause. Ou à tout le moins, une pause comme elles en faisaient avant. Avant le Covid19. Avant la fermeture des cafés et des restaurants. 

La pause café risque de durer plus longtemps...

Virginie

Assises en terrasse sur la place Saint-Nicolas, elles ne cachent pas leur satisfaction. "Avant, on descendait, et on s'asseyait toujours là. On avait pris nos habitudes, finalement", sourit Audrey en pointant du doigt un banc proche de la station de taxis voisine. 

"Mais on est quand même mieux assis en terrasse", s'empresse de préciser Virginie. "Après, le problème, c'est pour notre boss. La pause risque de durer un peu plus longtemps..." Les deux trentenaires éclatent de rire, alors qu'une troisième collègue les rejoint.

Pas la ruée attendue

A Bastia, tout était réuni pour une réouverture dans les règles de l'art. Il fait beau, très beau, et le soleil baigne une bonne partie de la place Saint-Nicolas. Quelques heures plus tôt, à l'heure où la ville se réveille, le vent souffle. Et les serveurs, qui mettaient en place les tables et les chaises empilées depuis des mois, étaient un peu inquiets. Mais finalement, les rafales se sont tues, et la reprise a pu se passer dans les meilleures conditions possibles. 

Quand il entend le mot "reprise", Titi, une corbeille à viennoiseries et trois cafés sur le plateau, éclate de rire : "Moi j'ai pas arrêté, hein ! Jusqu'à la semaine dernière, j'étais maçon ! On n'est pas beaucoup à avoir pris six ou sept mois de vacances. Il faut payer les crédits, mine de rien !" Pour lui, changer une nouvelle fois de costume, ça n'a pas vraiment été un problème. Fort de quelques dizaines d'années d'expérience dans le secteur, Titi voit presque tout ça comme une péripétie. Et veut regarder vers l'avant. "Ca s'oublie pas, ça, c'est comme le vélo. On est repassé derrière le comptoir et deux minutes plus tard, c'était reparti". 
 

Il faut que les gens reprennent leurs habitudes.

Micka

Reparti, sans nul doute. Mais ce n'est pas non plus la ruée vers les cafés. On est un peu étonnés de l'affluence. Ca ressemble à un mercredi de mai comme les autres. Et pas uniquement à Bastia. Mais cela n'inquiète pas pour autant Micka, qui s'occupe d'un café face au golfe d'Ajaccio. "C'est vrai, on pensait qu'il y aurait un peu plus d'engouement. Mais il faut que les gens reprennent leurs habitudes, il y a un temps d'adaptation. D'ici une semaine, on retrouvera les affluences habituelles du café le matin". 

Le déjeuner au soleil, une tradition

Pas besoin d'attendre aussi longtemps. Dès midi, les terrasses se remplissent. Et les photos déferlent sur Facebook, Twitter et Instagram, histoire de fêter ça avec sa communauté de followers... Rarement autant de photos de bière pression ou de jus d'orange posées sur tables de café et de restaurants ensoleillées ont déferlé sur les réseaux sociaux. 

A Ajaccio, Rita, qui tient un restaurant sur le port de l'Amirauté, ne cache pas sa joie d'avoir réouvert. Habituellement, sa terrasse propose 290 couverts. Aujourd'hui ce n'est que 148, mais elle affiche néanmoins complet. En raison des règles de distanciation sociale, elle a réduit le nombre de tables. 

A Bastia, Sébastien affiche également complet. La différence, c'est que lui dispose encore quasiment du même nombre de couverts. La raison, une terrasse plus petite, et la possibilité de disposer des tables sur le domaine public, comme l'autorise la municipalité en raison de la situation. Alors, les distances saintaires sont respectées. Il faut juste faire quelques mètres de plus, plats en main, pour servir les clients. 

Sébastien est en cuisine, mais il sort régulièrement prendre la température de la clientèle. Et s'assurer que tout va bien. Avec son équipe, ils ont été sur le pont depuis vendredi dernier pour tout remettre en place. S'ils sont ravis de pouvoir travailler de nouveau, il reste un brin d'inquiétude...
"L'année écoulée a été difficile. On ne savait jamais trop de quoi demain serait fait... Alors on y pense encore. Autant dans trois mois on referme, et on repart pour des galères. Tant que tout ne sera pas définitevement réglé au niveau sanitaire, on restera dans l'incertitude."

Autant dans trois mois on nous fait fermer de nouveau, et on repart dans les galères...

Sébastien

Sa carte, réduite mais originale, change tous les jours. Elle propose des plats préparés avec des produits des environs, bio, et frais. Le niveau d'exigence est-il le même lorsque l'on réouvre après des mois de fermeture, sans aucun chiffre d'affaires ?

Sébastien affirme que rien n'a changé : "pas question de revoir les choses à la baisse. C'est compliqué financièrement, mais on s'arrange. Je travaille depuis des années avec les mêmes producteurs, un lien de confiance s'est créé. Je leur ai dit qu'on était en délicatesse niveau trésorerie, que les quelques mois qui s'annonçaient seraient compliqués, et ils m'ont répondu qu'il n'y aurait aucun souci."

S'adapter, pour retrouver la vie d'avant

Dans les bars et les restaurants, passé le service de midi, on pense déjà à celui du soir. Et ça s'annonce acrobatique. Le couvre-feu a été repoussé à 21h, mais cela ne laisse pas vraiment beaucoup de latitude, quand on veut passer une soirée dehors. Alors la plupart des restaurants espèrent un premier service plus tôt, pour pouvoir faire une soirée intéressante financièrement. 

Pareil pour les apéros, qui risquent fort de débuter à l'heure anglaise ! Micka, à Ajaccio, est confiant. "Pour ce soir, on a des réservations pour une trentaine de personnes. l'apéro débutera tôt, dès 17 heures ! Et puis, nos réservations, ce sont des gens du quartier, ils pourront faire durer jsuqu'à 21 heures, et dès 21h05, ils seront chez eux !", sourit le jeune homme.

Les établissements devront être fermés au public à 21 heures, mais pas fermés pour autant. Les employés pourront finir leur service tranquillement, et rentrer à la maison munis de leur dérogation. 

Cette réouverture, sous conditions, demande quelques acrobaties, c'est vrai. Mais après des mois de polémiques, d'espoirs déçus, de mouvements d'humeur et d'amendes, ça en vaut bien la peine...

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