L'année 2017 aura été marquée par une riche actualité politique. Présidentielle, législatives et territoriales ont jaloné le quotidien des insulaires. l'année a été faste pour les nationalistes. L'avènement de la collectivité unique signe également la fin des conseils départementaux.
C'est avec une majorité absolue que Gilles Simeoni reprend la tête de l'exécutif. Cette élection vient conclure une année particulièrement riche en rencontres électorales.
Tout au long de 2017, les insulaires se distinguent par des choix à contre-courant de la tendance nationale. Aux primaires de la gauche, les Corses donnent la préférence à Manuel Valls et non pas à Benoît Hamon. La situation aura été sensiblement la même à droite où François Fillon n'est arrivé que troisième au premier tour de la primaire, loin derrière Nicolas Sarkozy. Mais cela n'entame en rien l'enthousiasme du candidat rattrapé par les affaires.
Un grand écart idéologique entre Fillon et Hamon qui ouvre un espace béant à Emmanuel Macron. Pourtant, en Corse, le créneau du volontarisme et du renouveau est pour partie occupé par les nationalistes. La République en marche ne fait pas recette.
En revanche, Marine Le Pen séduit une partie de l'électorat. Au premier tour, la candidate arrive en tête. Au second, avec une forte abstention, le Front national est à 4 000 voix derrière Emmanuel Macron.
Lobbying
Mais les cartes sont rebattues aux législatives. Les nationalistes emportent largement la mise avec trois députés sur quatre. La droite ne conserve que le siège de la première circonscription de la Corse-du-Sud. La victoire de Paul-André Colombani face à Camille de Rocca Serra s'inscrit notamment dans un contexte de fin des dynasties politique.
Au palais Bourbon, les députés nationalistes tenteront en vain de constituer un groupe. C'est alors que commence un travail de lobbying par ceux qui n'auront été que peu entendus par le gouvernement. Paul-André Colombani pose la question de l'autonomie, celle qui resurgira quelques mois plus tard avec les territoriales
Au terme de trois mandats, Paul Giacobbi lui n'était pas candidat. Au-delà des ennuis judiciaires, avec l'appel de sa condamnation dans l'affaire des gîtes ruraux de la Haute-Corse, l'ancien président du conseil général et de l'exécutif évoque une certaine lassitude.
Ordonnances ratifiées
Au-delà des hommes, le changement est également institutionnel. À la fin du quinquennat de François Hollande, les ordonnances portant création d'une collectivité unique sont ratifiées. Ce vote annonce la mort des deux conseils départementaux. C'est la fin d'un processus initié par Marylise Lebranchu, repris par un Jean-Michel Baylet réputé pour sa faconde.
En Haute-Corse, les élus du conseil départemental acteront la fin de l'institution sobrement, par une simple cérémonie d'adieu. En Corse-du-Sud, le président inscrit son action et celle de ses prédécesseurs dans le marbre de l'Histoire. Ce sera l'acte ultime d'une résistance au changement. Un obélisque est érigé dans les jardins de la préfecture, le premier nom est celui de Pascal Paoli, le dernier celui de Pierre-Jean Luciani.
Cette ambiance de fin de règne des familles politiques traditionnelles a pesé lourdement tout au long de l'année. Aux territoriales la droite a pourtant bien tenté le renouveau. Le courant légitimiste a joué la carte de la jeunesse avec la candidature de Valérie Bozzi. La branche régionaliste s'est incarnée en la personne de Jean-Martin Mondoloni qui a réussi à s'imposer dans son propre camp.
Mais la campagne est trustée par les nationalistes. Si l'union entre « Femu a Corsica » et « Corsica libera » a tardé à se concrétiser, l'annonce qui en a été faite dès l'été a conduit les opposants à assumer une attitude de challenger. Un temps, la stratégie d'une large union de second tour sera envisagée.
Les tentatives de création d'une liste issue de la gauche républicaine échouent. Jacques Casamarta représente la gauche sociale mais sa démarche qui se réclame pourtant de la France insoumise est sévèrement désavouée par Jean-Luc Mélanchon.
Porté par le maire de Prunu, Charles Giacomi, le Front national tente en vain de se relever de l'échec cuisant des législatives. Côté nationaliste, le Rinnovu de Paul-Félix Benedetti essaie de jouer les trouble-fête avec un discours se revendiquant de la lutte originelle. Mais au soir du premier tour, les jeux sont faits. Un « Paese da fà » n'a pas besoin d'entamer de pourparlers avec le Rinnovu pour le second tour. Gilles Simeoni obtiendra 56,4% des voix.
Après l'euphorie de la victoire vient le temps du concret. Avec un budget 1,3 milliard d'euros, la collectivité unique est un mastodonte. Quant à l'autonomie, c'est une promesse de campagne des nationalistes que seul le gouvernement peut tenir. De quoi pimenter les relations avec Paris.