Avec la réforme du Bac, faut-il craindre une régression de l'apprentissage de la langue corse ? Réunie le 18 décembre à Bastia, l'association des enseignants de langue et culture corse a alerté sur le danger que poserait celle-ci pour les parlers régionaux. 

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L'apprentissage de la langue corse dans les établissements scolaires, menacé d'extinction ? C'est le constat peu heureux dressé par l'associu di l’insignanti di lingua è cultura corsa (AILCC). En cause, selon ses membres, la réforme du lycée portée par le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer. Mise en place à la rentrée, elle permet aux élèves de personnaliser leurs parcours de formation à partir de la première.

Des choix qui se feraient au détriment des langues régionales, qui seraient dévalorisées. Ainsi, les lycéens ont la possibilité de sélectionner le corse, le breton ou encore l'alsacien comme option pour le baccalauréat. Une décision qui implique généralement trois heures de cours supplémentaires par semaine.

Mais alors qu'une note parfaite à l'examen leur assurait auparavant d'augmenter leur moyenne générale de 0,5 points, après réforme, cette hausse n'est plus qu'au maximum de 0,2 points. Soit plus de moitié moindre, et à peine 1% de la note finale du baccalauréat.
 

Quand on va suivre un enseignement de trois heures par semaine pour à peine un pourcent d'une note finale, c'est évident qu'il n'y a pas de grande motivation


Le calcul devient de fait moins intéressant pour les élèves, et pourrait en dissuader une partie de sélectionner la matière. Entraînant, à terme, de possibles suppressions de postes.

« Quand on va suivre un enseignement de trois heures par semaine pour à peine un pourcent d'une note finale, c'est évident qu'il n'y a pas de grande motivation, regrette Jean-Charles Adami, de l'association insignanti LCC. D'autant plus que souvent, l'option est placée dans les emplois du temps en fin de journée. Ce n'est donc pas forcément quelque chose qui laisse présager un bel avenir. »
 

Autre point qui fait grincer des dents : la différence de coefficient entre langues régionales et langues anciennes, telles que le grec ou le latin. Ces dernières sont ainsi trois fois plus onéreuses en point bonus, et donc plus attractives pour les élèves.
 

Enseignement spécialisé et filières bilingues délaissées


Au-delà de l'option de langue corse au bac, c'est l'ensemble des voies d'apprentissage du parler régional qui seraient menacées. Si l'enseignement spécialisé de la langue corse prévoit un coefficient plus élevé, il n'a séduit cette année que 47 élèves sur l'académie. Quant aux filières bilingues, elles seraient aussi impactées par la réforme d'après l'association insignanti LCC.
 

Les objectifs du plan de développement de la langue corse, voté par une convention tripartite, sont aujourd'hui remis en cause par la réforme
 

"Il y a un souhait maintes fois exprimé par la société corse qui est aujourd'hui remis en cause, estime Ghjiseppu Turchini, de l'association insignanti LCC. Les objectifs du plan de développement de la langue corse, voté par une convention tripartite, sont aujourd'hui remis en cause par la réforme, qui réduit singulièrement l'espace de la discipline et tout le dispositif, qu'il soit bilingue ou optionnel au sein de l'académie.
 


Contactée, la rectrice de Corse Julie Benetti s'inscrit en faux. Selon elle, impossible, à ce stade, de tirer un bilan de la réforme. Quant aux effectifs d'élèves de première inscrits en langue et culture corse, elle l'assure, ils étaient stables à la rentrée. Aucune suppression de poste ne serait pas ailleurs envisagée.
 

"Porter haut l'enseignement de la langue corse"


Invitée sur le plateau du Corsica Sera pour expliquer la mise en place de la réforme du lycée le 7 janvier dernier, Julie Benetti expliquait alors avoir "porté auprès du ministre de l’Éducation nationale la demande de prise en compte des langues régionales au titre des enseignements de spécialités". Demande à laquelle Jean-Michel Blanquer a répondu "positivement".

"Mon ambition est de porter haut l’enseignement de la langue corse dans sa dimension pédagogique et didactique, rajoutait-alors la rectrice de l'académie de Corse. Si j’ai porté cette demande, c’est que j’y vois une occasion formidable pour renforcer les compétences des élèves, former des locuteurs expérimentés et assurer, enfin, le continuum de l’enseignement de la langue corse jusqu’à la terminale."
 
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