Sécheresse : fuites dans les réseaux d’eau, la Haute-Corse parmi les pires départements

L’association UFC-Que Choisir a publié, ce mardi 27 juin, une étude sur les niveaux et les causes des fuites d’eau potable en France. La Haute-Corse est classée dans les 10 départements les moins bien classés.

Avec 30.7 % de taux de fuite, la Haute-Corse est le cinquième pire département français en la matière. Un chiffre révélé par l’association UFC-Que Choisir dans une étude sur les niveaux et les causes des fuites d’eau potable en France, publiée ce mardi.

Un document dans le but de sensibiliser à la gestion de l’eau dans le pays. Car, selon l’association, d’ici « 2046-2065 les climatologues et les hydrologues prévoient de fortes diminutions des niveaux des nappes phréatiques et des débits de cours d’eau ». Elle étaye : « La recharge des nappes phréatiques devrait baisser en moyenne de 10 à 25 % […] les débits estivaux des fleuves pourraient être réduits de 30 à 60 %. »

Les zones rurales particulièrement concernées

Une raréfaction des ressources qui constitue une menace future pour la pérennité de l’approvisionnement en eau des consommateurs dans les zones à risques. Problème, la France présente un réseau d’eau potable particulièrement vétuste.

Comme mentionné, la Haute-Corse se trouve parmi les départements où les fuites sont les plus importantes au niveau national. « Sur l’ensemble de la France, un litre sur cinq (près de 20 %) est perdu du fait des fuites de réseaux. Cela représente 1 milliard de mètres cubes par an, équivalant à la consommation cumulée des agglomérations de Paris, Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Bordeaux et Nice, soit un total de 18.5 millions d’habitants. »

Les 10 départements les moins bien classés

 Hautes-Alpes : 40.3 %

 Alpes-de-Haute-Provence : 34.6 %

 Yonne : 32.3 %

 Ariège : 32.2 %

 Haute-Corse : 30.7 %

 Meuse : 30.4 %

 Lot-et-Garonne : 28.5 %

 Savoie : 27.2 %

 Vaucluse : 27.1 %

 Gard : 26.2 %

La plupart de ces départements se trouvent en zones rurales ou de montagne « caractérisées par des réseaux très longs, de faibles populations ou encore des capacités financières réduites ». Ainsi, « le renouvellement des réseaux y est proportionnellement plus cher qu’en zone urbaine, car le nombre d’habitants desservis est beaucoup plus faible rapporté à la longueur des réseaux. Ceci est une des raisons expliquant pourquoi généralement, plus les communes sont petites, plus les fuites sont élevées », précise l’association.

30 %, le taux de fuite moyen des communes de moins de 1.000 habitants

Les communes de moins de 1.000 habitants présentent un taux de fuite moyen de 30 %. Néanmoins, le quart d’entre elles dépassent largement ces taux avec plus de 50 % de pertes. Afin de les pallier, Emmanuel Macron a annoncé en mars dernier un « Plan eau » d’une enveloppe de 180 millions d’euros en faveur de 2.000 communes fragiles, en situation les plus critiques quant à leur approvisionnement en eau. 

Sur ces territoires, le gouvernement prévoit d'accompagner financièrement les travaux d'identification et de résorption des fuites. Neuf municipalités sont concernées en Haute-Corse : Brando, Castifao, Centuri, La Porta, Olmeta-di-Capocorso, Rutali, syndicat intercommunal de la Foata, Taglio-Isolacio, Zilia.

Si elles ne se trouvent pas dans liste des communes prioritaires, certaines municipalité du département, comme Sisco, prennent les devants afin d'éviter un éventuel manque d’eau. Les fuites constatées sur les anciens réservoirs ont été colmatées et de nouveaux ouvrages ont été construits. Dans chaque réserve, des sondes ont été installées afin de connaître instantanément le niveau de l’eau.

Le village a ainsi multiplié par deux ses capacités et bénéficie de 930 mètres cubes d’eau par jour. Pour le maire, Ange-Pierre Vivoni, la solution pour le Cap Corse est de construire une retenue collinaire, au-dessus du village, là où se trouvent les sources. « Le problème ne se poserait plus, avec bien évidemment des canalisations pour aller jusqu’au bout du Cap. L’année dernière, sans rien prendre de la rivière, on rejetait plus de 1.000 mètres cubes par jour », indique l’édile.

Une idée qui a été abordée lors du premier comité de pilotage sur l’eau qui s’est tenu dans le Cap Corse, lundi 26 juin. 

Cap Corse : organisation du premier comité de pilotage sur l'eau (S. Graziani ; T.Urtizverea) :

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Cap Corse : organisation du premier Copil sur l'eau ©France Télévisions

Il n'empêche que pour l’UFC-Que Choisir le "Plan eau" du gouvernement ne représente que « 6 à 7 % des budgets supplémentaires requis chaque année, par le biais d’une augmentation des redevances des agences régionales de l’eau ». Elle précise : « En 2023, les budgets disponibles actuellement sur l’ensemble de la France pour renouveler les réseaux sont très loin d’atteindre les investissements supplémentaires estimés en 2019 entre 2,5 et 3 milliards par an pour atteindre l’objectif de renouvellement de 1 %. »

Le financement des agences de l’eau remise en question

Ces agences permettent de financer des aides grâce aux redevances qu’elles perçoivent des usagers de l’eau par le biais des factures. Si les différents consommateurs sont censés contribuer aux budgets des agences de l’eau en proportion des volumes qu’ils prélèvent dans le milieu naturel, la réalité est toute autre.

Ainsi, les particuliers « financent selon les agences entre 51 et 67 % des redevances de prélèvements pour une consommation d’eau nette de 24 % ». La contribution de l’agriculture est comprise « entre 2 % et 15 % alors qu’elle représente 48 % des consommations nettes en eau (80 % en été), ce qui représente un manque de financement considérable pour les agences ». L’association estime ainsi « qu’il suffirait que les agriculteurs payent leur consommation d’eau au même tarif que les consommateurs et versent un niveau de redevance proportionnel à leur contribution aux pollutions de l’eau, pour augmenter le budget des agences de 1.6 milliard d’euros. »

Selon l’UFC-Que Choisir, 0.67 % des réseaux est renouvelé en France chaque année. « À ce rythme, il faudrait 150 ans pour remplacer la totalité du réseau, alors que la durée de vie d’une canalisation est comprise entre 50 et 80 ans selon le type de matériau utilisé. » Afin de limiter les pertes d’eau potable, l’association demande notamment : un fléchage des aides des agences de l’eau vers les collectivités prioritaires ; un renforcement des conditions d’accès à ces aides pour les communes ; la création dans tous les départements de services techniques d’appui aux petites collectivités.

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