Napoléon voulait faire de Paris la plus belle capitale du monde. Il voulait également célébrer ses grandes victoires de 1805. C'est ainsi qu'il ordonne la construction de l'Arc de Triomphe, de l'arc du carrousel et de la colonne Vendôme. Visite guidée.
1805, au lendemain de la bataille d'Austerlitz, Napoléon Ier promet aux soldats français qu'ils rentreront dans leurs foyers sous un arc de triomphe. Hiver 1806 : la construction du monument est ordonnée.
Initialement prévu sur la place de la bastille, le projet verra le jour en haut des Champs-Élysées. Pour comprendre ce choix, il faut grimper au sommet de l’édifice. « L’architecte et le ministre de l’Intérieur de l’époque arrivent à convaincre Napoléon que ce n’est pas le meilleur endroit pour le faire, alors qu’au bout des Champs-Élysées, la place de l’Étoile, est libre de tout projet. […] Elle se situe en face du palais impérial, le palais des Tuileries, mais on se trouve à près de deux kilomètres de ce palais et si on veut que l’architecture du monument reste lisible d’aussi loin, il faut construire un arc monumental », explique Bruno Cordeau, administrateur de l'Arc de Triomphe.
L’Arc de Triomphe fait 50 mètres de haut. C'est presque quatre fois plus grand que l'arc de Titus de Rome dont il s'inspire. Le monument sera loin d'être achevé du vivant de Napoléon, mais l'empereur pourra s'en faire une idée lors de son mariage avec Marie-Louise. « Au moment où il se marie en 1810 avec Marie-Louise d’Autriche, lorsque le cortège passe sous l’arc, il y a seulement trois mètres qui sont sortis de terre. La ville de Paris va offrir la construction d’un arc en charpente et en toile peinte en trompe l’œil. C’est la seule occasion où Napoléon aura vu l’arc complètement construit », complète Bruno Cordeau.
« L’empereur de l’Europe »
En 1815, la construction s'arrête avec la chute de l’Empire. « Le monument à la gloire de la grande armée, c’est plus tout à fait ça. Le chantier va quand même être repris dans les années 1830 pour toute la partie iconographique. Et d’un monument, à l’origine à la gloire de la grande armée, on va passer à un monument à la gloire des guerres de la Révolution », précise Philippe Perfettini, Historien et responsable des collections napoléoniennes au Palais Fesch - Musée des beaux-arts d’Ajaccio.
Avec des dimensions plus modestes, l'Arc de Triomphe du carrousel du Louvre célèbre lui aussi la campagne victorieuse de la grande armée en 1805. C'est une copie à échelle réduite de l'Arc de Constantin à Rome. « Napoléon est un souverain français, mais il se situe dans l’héritage des empereurs romains, dans celui de Charlemagne et dans l’héritage des Carolingiens. Napoléon rassemble tout un ensemble de légitimités pour affirmer son pouvoir et véritablement marquer qu’il est l’empereur des rois, l’empereur de l’Europe », souligne Pierre Branda, directeur du patrimoine de la Fondation Napoléon.
Autre site parisien : la Place Vendôme. La bataille d'Austerlitz est là aussi commémorée à la manière Antique avec cet édifice inspirée de la colonne Trajane. « Il y a un exploit militaire napoléonien qui est la bataille d’Austerlitz et dans la foulée l’idée est soumise de construire, avec les canons en bronze pris aux ennemis, d’ériger une colonne en l’honneur de l’épopée fantastique de la grande armée pendant toute l’année 1805 », reprend Philippe Perfettini.
Selon la légende 1 200 canons pris aux armées russes et autrichiennes auraient été fondus. Il n'y en aurait en fait que 130, c’est dire l'exagération de la propagande impériale.