Après la défaite de Waterloo en juin 1815, Napoléon se rend aux Anglais. Il sera déporté sur l’île de Sainte-Hélène ou il mourra en 1821.
Waterloo, juin 1815, une défaite terrible pour Napoléon. Au congrès de Vienne, les puissances européennes liguées contre lui le mettent hors-la-loi. En juillet, il passe ses derniers jours en terre française sur l'île d'Aix, au large de la côte charentaise.
Malade et reclus, il décide de se rendre aux Anglais. « Il espérait vraiment pouvoir terminer ses jours dans les environs de Londres, pas en totale liberté, mais du moins pas en prison. Ce sera une grande surprise, un coup de théâtre pour lui, d’apprendre qu’il est déporté dans l’Atlantique Sud, dans une petite île nommée Sainte-Hélène », explique Pierre Branda, directeur du patrimoine de la Fondation Napoléon.
Car à Sainte-Hélène, Napoléon ne pourra pas s'échapper. Il embarque sur le Bellerophon. Après deux mois de mer, il aperçoit les côtes de cette île volcanique située à mi-chemin entre l’Afrique et l'Amérique-du-Sud.
Humiliations
Les Anglais l'installent à Longwood, dans une bâtisse très inconfortable. « Les Britanniques ont déplacé Napoléon en haut du plateau de l’île, le plus exposé au vent, au brouillard. C’est là qu’ils l’ont cantonné. Ils ont construit une prison dans ce qui était une île prison elle-même », indique Michel Dancoisne-Martineau, consul et conservateur des domaines français de Sainte-Hélène.
Bonaparte y impose la même étiquette qu’aux Tuileries, d'autant qu'il est entouré de quelques compagnons. « La petite vingtaine de personnes qui entoure Napoléon à Sainte-Hélène forme les débris de son ancienne cour. C’est un entourage qui va l’aider à passer ces longues journées à Longwood sur l’île de Sainte-Hélène. Mais c’est aussi un entourage parfois misérable qui se dispute, qui a ses ambitions, ses jalousies », complète Pierre Branda.
Le gouverneur de l'île, Hudson Law, se comporte comme un geôlier intransigeant. Napoléon doit essuyer de nombreuses humiliations. « Il y a des lettres qui sont envoyées en disant : ‘L’empereur voudrait ça’. Elles sont renvoyées sans être ouvertes en disant : ‘ Nous ne connaissons pas d’empereur sur cette île’ », raconte Michel Dancoisne-Martineau.
Bonaparte comprend peu à peu qu'il va mourir sur l'île. Mais il tient aussi sa revanche sur l’histoire. Il dicte ses mémoires à Las Cases. Ce sera le mémorial de Sainte-Hélène. « C’est le vaincu qui va écrire l’Histoire, en général se sont les vainqueurs qui l’écrivent, et là, c’est Napoléon. Napoléon écrit son histoire et écrit l’histoire de son épopée. C’est une chose unique dans l’Histoire mondiale », souligne Pierre Branda.
Invalides
Le 5 mai 1821, après une longue agonie, Napoléon s'éteint des suites d'un ulcère à l'estomac. Dernière mesquinerie des Anglais : sa pierre tombale ne porte aucune inscription.
Il faudra attendre 1840, pour que sa dépouille soit enfin restituée aux Français. En accord avec ses dernières volontés, il sera inhumé aux Invalides. « ‘Je désire que mes cendres reposent sur les bords de la Seine au milieu de ce peuple français que j’ai tant aimé’. C’est l’une des phrases extraites du testament dicté par Napoléon à Sainte-Hélène. Elle a été interprétée, à l’époque du roi Louis-Philippe, qui a fait revenir de Sainte-Hélène le corps de Napoléon, comme étant une localisation possible aux Invalides », précise Émilie Robbe, conservatrice en Chef du patrimoine, responsable du département moderne au Musée de l'Armée des Invalides.
Mais Napoléon qui repose-t-il dans le tombeau monumental ? Pas pour l'historien Georges Rétif de la Bretonne. Dans les années 1960, il avance la thèse de la substitution de corps : pour lui, il s'agirait de celui de Cipriani, le valet. Une théorie jugée aujourd'hui fantasque par les spécialistes.
Chaque année, plusieurs milliers de personnes continuent à venir admirer le tombeau de quartzite rouge.