Territoriales en Corse : Les transports, entre ciel dégagé et mer plus agitée

Les élections territoriales se tiendront les 20 et 27 juin prochains. Afin de mieux en appréhender les enjeux, France 3 Corse ViaStella vous propose des dossiers thématiques. Aujourd'hui, les transports.

Île montagne oblige, le dossier des transports occupe une place centrale en Corse. Avec en toile de fond la sempiternelle question du coût et de la continuité territoriale. « Les politiques de transport ont une incidence large aussi bien sur l’activité économique que sur les réalités territoriales, l’aménagement du territoire et la circulation marchande, analyse l’économiste Patrice Salini. Tout ça a donc une incidence directe sur la vie des gens. C’est un domaine qui regroupe une multiplicité de responsabilités, de la Collectivité de Corse à l’Etat. Tout cela a aussi des incindences financières non négligeables. Par ailleurs, dès qu’on parle de transports, on parle en paquet de millions. »

En l’occurrence, ici, de 187 millions d'euros. Soit le montant reçu de l’Etat chaque année par la Collectivité de Corse et versé en compensation aux compagnies aériennes et maritimes délégataires du service public.

Les chiffres clés

5 ports et 4 aéroports corses assurent la continuité territoriale avec le continent

4 compagnies délégataires (2 pour l'aérien, 2 pour le maritime)

8,2 millions de passagers en 2019 (hors croisiéristes)
75% du fret maritime est assuré par le service public

 

En 2020, 74,8 millions d’euros ont été versés à l'aérien, 82,5 millions au maritime. « Le différentiel entre les montants indiqués et le montant de la dotation de continuité territoriale constitue le reliquat, précise Jean-François Santoni, directeur général de l'Office des Transports de la Corse. Cela permet à l’office d’avoir une réserve financière et d’assurer une remontée de crédits à la Collectivité de Corse (CDC) comme le permettent les textes. »

Depuis 2015, près de 100 millions d’euros de reliquat sont ainsi remontés à la CDC.

Aérien : la baisse du nouveau tarif résident

Votée à l’unanimité en septembre 2019 par l’Assemblée de Corse, la nouvelle délégation de service public (DSP) dans l’aérien est entrée en vigueur le 26 mars 2020. Pour une durée de quatre ans, les compagnies délégataires Air Corsica et Air France peuvent appliquer le nouveau tarif résident. Moins cher que le précédent, sa mise en place était l'un des grands objectifs de l'éxecutif sortant.

Cette baisse significative du coût des billets d’avion pour les résidents corses constitue la grande réussite de la mandature Simeoni en termes de transports.

Dix-huit mois de travail auront été nécessaires pour aboutir à la mise en place de ce tarif préférentiel sur les trois lignes de la DSP. Désormais, pour un résident insulaire, un aller-retour Corse-Paris coûte 190 euros. Auparavant, il fallait en débourser 260. Pour Nice et Marseille, le billet est passé de 150 € à 99 €. 

"L'Europe nous l'a bien dit, c'est le tarif le plus bas qui puisse être réalisé aujourd'hui", avait alors confié à notre micro Vanina Borromei, présidente de l'Office des Transports depuis 2017. 

Outre le débat suscité autour de la procédure d’accréditation et la justification d’une résidence fiscale sur l’île auprès des compagnies délégataires, s’est également posée la question de la diaspora. Fin mars, dans l'hémicycle, l’exécutif a présenté un projet avec toute une série de critères d’éligibilité afin que les Corses d’ailleurs ne soient pas exclus du dispositif. Néanmoins, certains élus doutent de la validation de ce tarif préférentiel par Bruxelles, la diaspora n’étant pas une notion reconnue juridiquement.

Maritime : un bilan plus mitigé

Dans le secteur maritime, la majorité a dû essuyer quelques vagues. Annoncée comme l’une des promesses de campagne de la coalition nationaliste en 2015, la compagnie régionale est pour l’instant toujours à quai.

Le projet avait été accueilli avec enthousiasme par les syndicats. Censée larguer les amarres en janvier 2021 pour assurer la desserte publique entre Marseille et les cinq ports de l’île, cette compagnie basée sur un partenariat public-privé doit encore patienter. La faute, entre autres, au schéma juridique de la Semop (société d’économie mixte à objet à opération unique) qui a dû être revu, et à l’impact de la crise sanitaire sur le trafic. Conséquence : le premier bateau "régional" ne devrait pas naviguer avant 2025.

Au chapitre judiciaire, la Collectivité de Corse a été condamnée en appel à verser 86,3 millions d’euros à la Corsica Ferries. Cela fait suite à un subventionnement jugé illégal de l’ancienne SNCM, ex-concurrente des « bateaux jaunes », au titre du service complémentaire. Une procédure vieille d’une dizaine d’années, remontant à la période de la DSP 2007-2013.

Un épisode qui symbolise le bras de fer qui oppose la CDC et la Corsica Ferries depuis des années. Déjà écartée de la première DSP transitoire en 2019, la compagnie battant pavillon italien l’a de nouveau été en février dernier, au moment du vote de la deuxième DSP transitoire. "En 2021, les offres financières de Corsica Ferries sont de nouveau les mieux disantes : de 34 à 87% moins chères selon les lignes, avait alors réagi Pierre Mattei, président de la compagnie. Mais la dernière trouvaille de la Collectivité de Corse, est de rejeter les offres de Corsica Ferries au motif que... ses navires ne disposeraient pas de suffisamment de cabines pour les convoyeurs !"

Entrée en vigueur le 1er mars dernier, cette DSP doit durer 22 mois et s’achever le 31 décembre 2022. Pour cette période, deux compagnies délégataires ont été retenues : Corsica Linea exploite trois liaisons et en partage une avec La Meridionale. Cette dernière gère seule celle du port de Propriano.

Du côté du transport des marchandises (uniquement par la mer), 75% est assuré par le service public. En 2019, 2,2 millions de tonnes de marchandises ont transité entre la Corse et le continent.

Quant au tarif du mètre linéaire du fret, il a diminué, passant de 46,5€/ml en 2015 à 35€/ml en 2019.

Le train pas encore sur la Plaine

Concernant le ferroviaire, la volonté de la majorité territoriale était de faire du train un outil de développement économique. « Le faire connaître, le développer et en faire un vrai service public », déclarait en 2018 Hyacinthe Vanni, président des Chemins de Fer de la Corse (CFC).

Parmi les projets, celui de réactiver l’ancienne voie de la Plaine orientale avec, dans un premier temps, la réouverture de la ligne Casamozza-Folelli. Celle-ci était prévue pour 2018. Trois ans plus tard, l’AMG n’est toujours pas arrivé en Casinca. On évoque une livraison en 2023.

Dernièrement, en février, un rapport très critique de la Chambre régionale des comptes avait pointé des « dysfonctionnements » dans la gestion des CFC depuis 2010. S’en était suivi un débat animé à l’Assemblée de Corse. En avril, une enquête pour « détournements de fonds publics » avait été ouverte.

Dans la foulée, une étude du Cerema (établissement public placé sous la double tutelle du ministère de la transition écologique et solidaire et du ministère de la cohésion des territoires) prenait le contre-pied du rapport de la Chambre régionale des comptes.

Sous la prochaine mandature, les projets du rail seront déterminés par la manne financière du Plan de transformation et d’investissement pour la Corse. Rappelons que le PTIC, qui prendra la suite du PEI à partir de 2022, doit donner lieu à 500 millions d'euros d’investissements étalés sur 5 ans au service des grands travaux et de l’innovation.

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