Condamné en 1983 à la perpétuité pour deux triple meurtres, Tommy Recco n’a cessé depuis de demander sa remise en liberté, en vain. La dernière en date était examinée ce mardi par la chambre d’application des peines près la cour d’appel de Bastia. Décision le 7 juillet.

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C’est une histoire qui n’en finit pas.
Depuis sa condamnation à perpétuité voilà tout juste 37 ans, Tommy Recco n’a jamais cessé de demander sa remise en liberté.

Sa défense a déposé en tout plus d’une vingtaine de demandes. 
Conditionnelle, ou pour raison de santé, à chaque fois, la réponse de la justice a été la même : non.
Jusqu’à maintenant, l’homme, qui nie les faits, reste considéré comme trop dangereux.

A plus de 80 ans.
 


Six meurtres pour 600 000 francs

Il faut dire que le parcours criminel de Tommy Recco glace le sang.
Même 40 ans après qu’il ait ôté la vie de la dernière de ses sept victimes (voir encadré).

C’était une petite fille, Sandrine Legoff, 11 ans, abattue avec son père et leur voisin à Carqueiranne, dans le Var, le 18 janvier 1980.
Cette petite Sandrine est bien plus qu’une victime : elle a contribué à l’arrestation de son meurtrier.

Grâce au coup de fil passé à sa mère peu avant d’être abattue, l’enfant mettra les enquêteurs sur la piste du tueur de Carqueiranne.
 

Qui se révélera être aussi le tueur de Béziers.

Car quelques semaines plus tôt, le 22 décembre 1979, dans la salle des coffres d'un supermarché Mammouth, Tommy Recco a froidement abattu - d'une seule balle dans la tempe - trois jeunes caissières qui comptaient la recette.
Son butin : 600.000 francs. 
 

Un combat en mémoire de Sylvette

Parmi les trois victimes de Béziers, Sylvette.
Son mari, Guy Maurel, n’a jamais cessé de se battre pour empêcher l’assassin de sa femme de sortir de prison.
A chaque nouvelle demande de libération, le veuf met un point d’honneur à être là, devant le centre pénitentiaire de Borgo, au palais de justice de Bastia, pour veiller au grain.

A chaque équipe de France 3 Corse Via Stella venue l’interroger au fil des années, il a redit sa même détermination à ne pas laisser Tommy Recco jouir d’une seconde de liberté.

Les rares fois, comme cette année, où Guy Maurel n’a pas été en mesure de se rendre en Corse, il a pu compter sur son avocate.
Ce mardi 2 juin, comme toujours, Maître Linda Piperi le représentait à l’audience. 
 
 

Suspension de peine pour raisons de santé

Maître Jean-Sébastien de Casalta était aussi présent pour plaider, en défense et en appel, cette demande de suspension de peine examinée en première instance en 2019.

Les avocats de Tommy Recco la justifient par son âge avancé et son état de santé fragilisé, selon eux, par de multiples pathologies.
Ils invoquent aussi le sens d’une si longue peine (40 ans) et la dignité de laisser un vieil homme finir ses jours près de ses proches.
Mais est-il si malade ?

Pas pour la partie civile. « Les expertises médicales ne démontrent pas de raison de santé particulière, estime Me Linda Piperi, conseil de Guy Maurel. « Il est soigné en prison pour sa seule pathologie reconnue, une pathologie cardiaque. Il n’a rien d’incompatible avec la détention à Borgo ».
 
 

Absence d’empathie envers les victimes

C’était aussi l’avis du tribunal d’application des peines cet hiver.
Ces expertises médicales, l’absence totale d’empathie du condamné envers les familles de victimes - auxquelles il n’a jamais versé un seul centime d’indemnisation -  mais aussi parce que son comportement et sa personnalité ne permettent pas d’écarter une dangerosité potentielle, ont conduit la justice à rejeter cette demande le 23 décembre dernier.

A un jour du quarantième anniversaire du triple meurtre de Béziers. 

Ce mardi, devant la chambre d’application des peines près la cour d’appel de Bastia, l’avocat général a conclu en faveur de la confirmation de cette décision de première instance et donc du maintien en détention. 
La décision a été mise en délibéré au 7 juillet. 
 
 

Un parloir pour savoir la vérité

Avec les incertitudes d’avions, le contexte covid, Guy Maurel ne pouvait pas être à Bastia ce mardi, mais il se tient informé et comme toujours, il ne manquera pas le moindre détail de ce qui s’est dit à l’audience.

Il se dit aujourd’hui convaincu que seul Tommy Recco est en mesure de lui dire la vérité sur ce qui s’est passé ce 22 décembre 1979 dans cette salle des coffres où Sylvette a perdu la vie.

Parce qu’il a des questions à lui poser, le bientôt septuagénaire a écrit à la Garde des Sceaux, Nicole Belloubet, pour solliciter un parloir.
Une demande inédite, qui a infiniment peu de chances d’être favorablement accueillie.


Revoyez le numéro de Ghjustizia que nous avions consacré à l'affaire sur notre antenne :
 
"Innocent comme notre Seigneur »
Joseph Thomas - dit Tommy, ou Thomy - Recco a été condamné le 22 juin 1983 à la perpétuité par la cour d'Assises de Draguignan. Après des aveux en garde à vue, il n’a plus jamais cessé de clamer son innocence, allant jusqu’à se crier lors de son procès « innocent comme notre Seigneur Jesus-Christ ».

Ce n’était pas sa première condamnation.

En 1962, la peine de mort avait été prononcée à son encontre pour le meurtre de son parrain.
Une grâce du général De Gaulle avait commuée en réclusion criminelle à perpétuité.

Et conduit à sa libération en 1977. Il est aujourd’hui le plus vieux détenu de France.
Il a déjà passé 57 ans en prison.
 
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