Le scrutin du 28 mai a reconduit pour 5 ans Recep Tayyip Erdogan dans ses fonctions présidentielles. Quels enseignements peut-on tirer de ces élections ? Quels sont les enjeux politiques et internationaux ? Pour évoquer ce thème, Caroline Ettori a reçu Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS, l’institut de Relations Internationales et Stratégiques, spécialiste de la Turquie et du Moyen-Orient. Retour sur cet entretien...
La Turquie sort tout juste d’une séquence électorale un peu particulière, qui a fortement mobilisé les électeurs (taux de participation moyen de 85% pour les 2 tours). Décrié pour son action tardive après le séisme meurtrier du 6 février et pour la crise économique qui touche le pays (une inflation supérieure à 44% en 1 an), les analystes prévoyaient la fin du règne Recep Tayyip Erdogan. Pronostic déjoué le 28 mai, puisque le second tour de l’élection l’a confirmé dans ses fonctions présidentielles. Il a obtenu 52% des suffrages face à son adversaire Kemal Kiliçdaroglu qui lui n’a recueilli « que » 48% des voix. Le premier tour du 14 mai était déjà en lui-même un scrutin à double-face. Même s’il est en tête du 1er tour avec 49,4% des suffrages, Erdogan n’est pas élu à l’issue de ce scrutin, une première depuis 2014. Un fait que l’on doit à l’émergence en Turquie de l’ultra-nationalisme incarné par le député Sinan Ogan. Il a obtenu 5.2% des suffrages au 1er tour, mais a changé de stratégie dans l’entre-deux-tours en appelant à voter pour Erdogan au 2e tour.
Zoom sur les enjeux pour la Turquie après ces élections - Le point de vue de Didier Billion
Pour évoquer les suites de cette victoire non annoncée, Caroline Ettori a reçu, dans « Génération Méditerranée l’hebdo » du dimanche 4 juin, Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS, l’institut de Relations Internationales et Stratégiques, spécialiste de la Turquie et du Moyen-Orient. Il décrypte la situation des partis politiques d’opposition après ces élections présidentielles, la montée de l’ultra-nationalisme et les défis pour la Turquie sur le plan international.
Le score de l’opposition aux élections présidentielles change-t-il la donne politique en Turquie ? L’opposition a obtenu 48% des suffrages à l’issue du scrutin du 2e tour des élections présidentielles en Turquie. Un score à capitaliser et qui pourrait placer l’opposition et notamment le Parti Républicain du Peuple de Kemal Kiliçdaroglu en situation de force pour la prochaine échéance électorale des Municipales en 2024. C’est sans compter un éclatement de la coalition des 6 partis d’opposition turcs, qui pourrait jouer en la faveur d’Erdogan. L’éclairage de Didier Billion…
La montée de l’Ultra-nationalisme est-il l’enseignement à retenir de ces élections ?
Erdogan n’est lui-même pas étranger au nationalisme. Certains partis de la coalition qui le soutient et qui lui a permis de remporter les dernières élections présidentielles sont dans cette mouvance. Ce qui inquiète, au même titre que dans d’autres pays européens, c’est la montée en puissance de l’ultra-nationalisme. Pour preuve, le score de 5,2% obtenu au 1er tour par le député Sinan Ogan. Il est également à noter les propos racistes qu’a tenus Kemal Kiliçdaroglu entre les deux tours. Va-t-on assister à un enracinement de l’ultra-nationalisme en Turquie ? L’avis de Didier Billion…
Quels sont les défis que doit relever Erdogan ?
La Turquie est un membre du G20 et reste influente au niveau international. La réélection d’Erdogan a été saluée par Vladimir Poutine, Volodimir Zelensky ou encore Emmanuel Macron, qui a précisé que la Turquie était un partenaire en Méditerranée.
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