Uniforme à l’école : une solution contre "la dictature des marques" en Corse ?

L’uniforme à l’école devrait être expérimenté prochainement sur le territoire national. En Corse, si certains syndicats d’enseignants comme de parents d’élèves ne sont pas convaincus par le bien-fondé de la mesure, ils estiment toutefois qu’elle pourrait éviter "la surenchère des marques".

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Le débat est relancé. Pour le ministre de l’Education nationale Gabriel Attal, le port de l’uniforme à l’école doit être "testé". C’est ce qu’il a indiqué lundi 4 septembre sur RTL.

Le même jour, le président de la République Emmanuel Macron s’est quant à lui dit favorable à des "expérimentations" et une "évaluation" du port de l'uniforme à l'école, tout en indiquant qu’il privilégiait plutôt une "tenue unique", jugée "beaucoup plus acceptable pour les adolescents".

"La situation n’est pas la même chez nous"

En Corse, la mesure ne suscite pas l’enthousiasme des syndicats.

Au point que certains n’ont pas encore de position arrêtée sur le sujet. "La question n’a pas été tranchée au sein de notre organisation, indique Denis Luciani, président de l’Associu di i Parenti Corsi. On n’est pas foncièrement hostiles à la mesure, mais nous ne sommes pas pour non plus."

En réalité, pour le représentant de parents d’élèves, la Corse n’est pas vraiment concernée par les problématiques auxquelles le port de l’uniforme entend répondre. "Sur le continent, la question est celles des vêtements islamiques, la situation n’est pas la même chez nous", juge-t-il.

"C’est une course effrénée qui pose problème"

Denis Luciani, président de l'APC

En revanche, le port de l’uniforme pourrait répondre à un tout autre phénomène, celui-là bien présent sur l’île. "Ici, il répondrait plutôt à une problématique sociale : par rapport à la surenchère des marques, c’est une question qui peut se poser", estime Denis Luciani.

"C’est une course effrénée qui pose problème. L’uniforme pourrait permettre de gommer certaines inégalités sociales ou sociologiques", poursuit-il.

"Dictature des marques"

Pour Claude Perrin, président de la Fédération des Conseils de Parents d'Elèves (FCPE) de Corse-du-Sud, l’uniforme ne réglera rien.

"La question de l’uniforme est un faux problème qui ne réussira pas à traiter la question de la différenciation sociale et des inégalités. Cela ne changerait rien car le problème de fond demeure", estime-t-il.

Le représentant de parents d’élèves constate notamment "une forte progression des inscriptions dans le privé", qui représente "un élément d’un creusement des inégalités à l’école".

"On peut s’interroger sur la question de la dictature des marques, c’est vrai que c’est un souci, mais ce n’est pas uniquement par la tenue qu’on traitera ce problème", conclut Claude Perrin.

"Enfant roi"

Côté représentants des enseignants, certains perçoivent les annonces ministérielles et présidentielles comme des "stratégies de diversion" de la part de l’Exécutif.

"Les annonces de Gabriel Attal tant sur le sujet de l’uniforme que sur l’abaya sont devenus des sujets très médiatiques, reconnaît Fabien Mineo, secrétaire départemental du SNUipp-FSU en Haute-Corse. Mais ce sont les arbres qui cachent la forêt."

Pour autant, il estime lui aussi "qu’effectivement l’uniforme pourrait gommer la problématique des marques et des classes sociales". Il pointe la "problématique de l’enfant roi", particulièrement prégnante sur l’île.

Harcèlement et racket

"Il y a des enfants qui ont des vêtements qui coûtent un bras sur eux !", s’étonne l’enseignant.

Outre la question des inégalités, Fabien Mineo estime que cette problématique rejoint celles du harcèlement et du racket, "par rapport à des enfants qui n’ont pas et d’autres qui ont trop".

Le débat, sur l’île comme ailleurs, est loin d’être clos.

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