Les professeurs du premier et second degré pourront se faire vacciner contre le Covid-19 dès la mi-avril, d'après les annonces d'Emmanuel Macron, mardi 23 mars. En Corse, des premiers instituteurs ont pu avoir un rendez-vous pour les deux injections du vaccin Pfizer.
"En tant que personne vulnérable, j'ai demandé un avis au corps médical. Mais ils sont plutôt défavorables à une vaccination. Si je n'avais pas été en période de grossesse, je l'aurais fait rapidement." Enceinte de sept mois, Santa Piselli aurait pu se faire vacciner dans les prochaines semaines. Pour cause, la jeune femme est enseignante à Bastia.
Ce mardi 23 mars, Emmanuel Macron a annoncé que les professeurs feront partie des prochains publics prioritaires à la vaccination : "À partir de mi-fin avril, nous allons avoir de plus en plus de vaccins qui vont arriver, cela va nous permettre d’envisager d’avoir des campagnes ciblées sur des professions qui sont exposées, à qui on demande des efforts. Les enseignants en font légitimement partie."
Des rendez-vous pour la première injection
Une nouvelle bien accueillie en Corse : "C'est une très bonne chose. Le ministère de l'Education nationale nous avait parlé d'une vaccination courant mars. On avait donc été un peu déçus que ça ne se fasse pas à temps. Mais, là, ça se concrétise", assure Santa Micaelli, représentante syndicale SNUipp-FSU en Haute-Corse.
Pour cause, plusieurs professeurs de son établissement, l'école Joseph Calonni à Bastia, ont déjà pu obtenir un rendez-vous pour une première injection du vaccin Pfizer courant avril. "Ils ont pu réserver, à titre personnel, pendant les vacances de Pâques. On leur a même donné une date pour la deuxième injection."
L'Académie de Corse n'a pas encore planifié une stratégie vaccinale pour immuniser les 3 836 enseignants du premier et second degré de l'île. Quelques inconnues demeurent : les critères sur l'âge, les situations médicales nécessaires ou si les personnels non-éducatifs pourront également être concernés.
"On a appris à vivre autrement"
Santa Micaelli voit plus d'une vingtaine d'élèves tous les jours. Dans sa classe de CM2, elle peine à faire respecter les gestes barrières : "C'est très difficile. On est obligé de se rapprocher des enfants. Par exemple, en cours de géométrie, on doit leur montrer comment faire, on utilise les mêmes outils... Il y a le masque mais les distanciations sociales ne sont pas du tout respectées."
La salle des professeurs n'en est plus une.
Professeur en maternelle, Fabien Minero, ne peut qu'acquiescer : "La distanciation sociale avec des enfants de 3 à 6 ans, je peux vous dire que c'est impossible. Tant pour nous, que pour les personnels municipaux, qui s'occupent de les changer, de les suivre à la cantine... Il y a une proximité quand un enfant se blesse, ou quand il a besoin d'un câlin."
La représentante syndicale espère que la vaccination permettra un allègement du protocole sanitaire : "On a appris à vivre autrement. Je laisse les fenêtres de ma classe ouvertes toute la journée. Même en hiver. La salle des professeurs n'en est plus une. Ce n'est plus qu'un lieu de passage. Dès qu'un enfant de notre établissement est positif, on va se faire dépister de nous-mêmes avec mes collègues. Une campagne de tests salivaires a été menée en Corse, mais elle n'a concerné que deux écoles pilotes, une à Ajaccio, l'autre en Balagne."
Le Covid-19 dans les établissements corses
"Cette vaccination va amener plus de sérénité pour tout le monde : pour les professeurs, pour les enfants, mais aussi pour les parents", conclut Santa Micaelli. Depuis début 2021, le Covid-19 n'a provoqué aucune fermeture d'établissement sur l'île. Cependant, les chiffres hebdomadaires de l'académie de Corse montrent une tendance à la hausse des cas positifs au sein des écoles insulaires.
Au 19 mars dernier, 65 élèves et 10 membres du personnel avaient contracté la maladie. Un nombre de cas qui a entraîné la fermeture de 8 classes. Début mars, aucune des 1 205 classes que compte l'académie n'était fermée.