C'est l'une des pistes évoquées par le gouvernement pour réduire le déficit public : augmenter la taxe de solidarité et donc le prix des billets d'avion en France. Une mesure, prévue au projet loi de finances 2025, qui suscite de nombreuses craintes. À Air Corsica, une telle décision serait "injuste et contreproductive".
C’est une envolée qui inquiète les passagers du transport aérien. La hausse envisagée de la taxe de solidarité sur les billets d’avion, dite taxe Chirac, créée en 2006.
Le gouvernement souhaite la multiplier par trois pour dégager un milliard d’euros de plus chaque année, et ainsi participer à l’effort national pour résorber une partie du déficit du pays.
Il faudra compter en moyenne quatre euros supplémentaires par voyage, et par passager, entre la Corse et le continent.
Sans surprise, la perspective ne réjouit pas Pierre Muracciole, président du directoire d'Air Corsica : "On peut comprendre que l'Etat cherche à taxer partout, au vu de la situation, mais l'Aérien, c'est un peu la vache à lait. Il n'y a qu'à voir le nombre de taxes qui pèsent déjà sur les compagnies. On est vent debout face à cette imposition supplémentaire qui, au final, aura un impact sur l'économie de la compagnie aérienne, mais aussi tout l'écosystème autour de l'Aérien en corse, c'est une très mauvaise nouvelle."
Pour Pierre Muracciole, cette taxe serait "aussi injuste que contreproductive", pas seulement pour Air Corsica, mais pour les autres compagnies françaises. "Quand on a une taxe qui est imposée par un état membre d'une communauté européenne mais qu'elle n'existe pas dans les pays voisins, ça défavorise les sociétés taxées de cet état. Plutôt que de prendre leur avion à Paris pour aller à New-York ou Tokyo, certains n'hésiteront plus à partir le prendre à Francfort ou Bruxelles".
“L’avion, en Corse, n’est pas un luxe, mais une nécessité”
Un amendement devrait être déposé dans le cadre du projet de loi de finance. Présent en commission de développement durable et de l’aménagement du territoire, François-Xavier Ceccoli, député de la 2de circonscription de Haute-Corse, a fait une mise en garde.
“Si je soutiens l’effort de redressement de notre situation financière, en tant qu’élu de la Corse, il est de mon devoir de souligner les impacts particulièrement préjudiciables de ce que cette hausse aurait, immanquablement, sur la desserte de notre île, a-t-il déclaré. Quand on vit en Corse, une région insulaire métropolitaine, se déplacer en avion vers le continent n’est pas un luxe, mais une nécessité souvent dictée par des raisons sanitaires ou professionnelles, l’alternative du bateau n’étant pas toujours envisageable.”
Inquiétude des associations de malades
Une inquiétude relayée par les associations de malades en Corse qui demandent que ce taux ne soit pas augmenté. Chaque année, 26.000 voyages médicaux sont effectués entre l’île et le continent.
Le reportage de Frédéric Danesi :