Edouard Philippe a clôturé hier son voyage de deux jours sur les terres corses. Une visite ponctuée d’entretiens politiques, mais qu'en ont pensé les élus de l'île ? Eléments de réponse avec quelques réactions.
Avec ce premier déplacement officiel sur l’île de beauté, le chef du gouvernement français espérait apaiser les tensions avec la majorité régionale. Edouard Philippe s’est entretenu dès son arrivée le mardi 3 juillet à Bastia avec Gilles Simeoni, le président du Conseil exécutif de Corse, et Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse.
Gilles Simeoni avait affirmé être "prêt au dialogue". Au sortir de l'entretien de 45 minutes, le chef de l'exécutif corse est resté prudent :
"Ce qui est compte c'est si oui ou non il y a la volonté d'ouvrir un acte 2 qui permet d'aller vers un véritable dialogue et la recherche d'une solution politique qui ensuite se décline dans tous les domaines : économique, social et culturel. Nous, nous avons cette volonté, nous l'avons réaffirmé. J'espère qu'il y aura la même volonté du côté de Paris."
Même hésitation du côté de son collègue nationaliste Jean-Guy Talamoni, qui insiste sur l'importance de poursuivre les discussions sur les spécificités corses avec le gouvernement :
"Rien ne sera possible de déterminant s'il n'y a pas une prise en compte de la question politique. [...] Nous n'attendions pas de réponses immédiate, et nous pensons que peut-être, la raison finira par triompher à Paris".
Jean-Martin Mondoloni, chef de file de la droite, regrette quant à lui que la discussion générale ne se soit pas tenue à l'Assemblée de Corse :
"Faire l'impasse sur le coeur battant de la vie politique en Corse [ndlr : ici, l'Assemblée], à mon avis était une erreur dans cette vistite. [...] Peut etre le Premier ministre a-t-il manqué de lucidé, peut-être même de courage"
Un mécontentement que ne partagent ni Laurent Marcangeli, le maire d'Ajaccio, ami d'Edouard Philippe; ni Paul-Marie Bartoli, le maire de Propriano. Ce dernier s'est d'ailleurs montré très enthousiaste :
"A mon modeste niveau, [...] je souscris à la politique de redressement des comptes publics au niveau national, et je souscris aussi à la politique que mène le gouvernement en Corse sous l'égide du président de la République"
Avant l'arrivée du Premier ministre en Corse, plusieurs événements laissaient craindre des discussions tendues. Gilles Simeoni avait ainsi décliné, en février, l’invitation d’un entretien en tête à tête avec le président de la République Emmanuel Macron à Paris, regrettant que de "nombreuses demandes" effectuées par sa majorité aient été accueillies avec "indifférence, refus, voire mépris".
En avril, lors de la visite d'Emmanuel Macron à Cozzano, dans le cadre du "grand débat", ni Simeoni, ni Talamoni n'avait choisi de s'y rendre, le second considérant même que la visite du président n'avait "strictement aucune chance de déboucher sur un dialogue".
Au cœur des tensions, le refus opposé par le président et son gouvernement face aux principales revendications de l’exécutif, parmi lesquelles la création d’un statut de résident, la co-officialité de la langue corse et une plus grande autonomie.