Lors des questions au gouvernement au Sénat, ce mercredi 13 mars, le ministre de l’Intérieur a été interpellé autour de l’accord sur l’écriture constitutionnelle sur l’autonomie de la Corse trouvé entre les élus insulaires et le gouvernement, lundi. Un texte qui « viole les principes républicains » selon le sénateur Les Républicains, Francis Szpiner.
« Vous venez de déconstruire la République et d’ouvrir la boîte de Pandore », lâche le sénateur Francis Szpiner à l’attention de Gérald Darmanin. Ce mercredi 13 mars, lors des questions au gouvernement à la chambre haute, l’accord sur l’écriture constitutionnelle sur l’autonomie de la Corse a été fustigé par le sénateur Républicain de Paris.
Selon lui, le texte accordant une « communauté historique, linguistique, culturelle, ayant développé un lien singulier à sa terre » à la Corse n’est qu’une manière « dissimulée », « cagoulée », de reconnaître un « peuple corse », « la coofficialité de la langue corse » et le « statut de résidence ».
« La vérité, c’est que lorsque vous dites que vous ne faites ni la reconnaissance du peuple corse, ni la coofficialité, ni le résident, poursuit le sénateur, et bien Monsieur Simeoni a parfaitement compris, vous êtes en train de capituler devant les séparatistes. »
« La République est une et indivisible et nous la défendrons », assure Francis Szpiner qui craint de voir adopté un texte « qui viole les principes républicains ». « Le président de la région Bretagne a tout de suite compris puisqu’il vient d’écrire pour demander un statut particulier. En Alsace et au Pays Basque, on regarde avec impatience ce que vous êtes en train de faire », souligne-t-il.
« Ce n’est pas le gouvernement de la République qui a demandé l’autonomie »
En réponse, le ministre de l’Intérieur rappelle que le gouvernement a « travaillé pas seulement avec les autonomistes, qui ont gagné trois fois les élections territoriales en Corse, mais aussi avec le président Marcangeli et Madame Bozzi qui fait partie de votre groupe politique. »
Gérald Darmanin soutient que l’accord « ne prévoit ni le peuple corse, ni la coofficialité de la langue, ni le statut de résident », « ce document sera présenté à l’assemblée territoriale et il appartiendra, évidemment, aux deux assemblées de se prononcer et si elles le souhaitent de l’amender ».
Il conclut : « Je rappelle que ce n’est pas le gouvernement de la République qui a demandé l’autonomie, mais ce sont les Corses qui par trois fois ont élu des autonomistes. Je crois que dans la chambre des territoires, vous pourriez l’écouter. »
Le président du groupe Les Républicains (LR) au Sénat, Bruno Retailleau, avait donné le ton la veille. Dans une publication X –anciennement Twitter- il écrivait : « Le projet sur la Corse revient bien à constitutionnaliser le communautarisme. Reconnaître « une communauté historique, linguistique et culturelle » revient bien à reconnaître la notion de peuple corse comme l’affirmait le 25/2 dernier Gilles Simeoni dans La Tribune Dimanche. Un pas dangereux à franchir. »
Contrairement aux proclamations officielles, le projet sur la #Corse revient bien à constitutionnaliser le communautarisme. Reconnaître « une communauté historique,linguistique et culturelle » revient bien à reconnaître la notion de peuple corse comme l’affirmait le 25/2 dernier…
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) March 12, 2024
Lundi, après cinq heures d’échanges, huit élus insulaires et le ministre de l’Intérieur ont trouvé un accord sur un projet d’écriture constitutionnelle prévoyant l’autonomie de la Corse. Le texte sera présenté prochainement aux élus de l’Assemblée de Corse.