La semaine dernière s'est tenue une conférence internationale consacrée à la Xylella. En Corse, elle est présente depuis longtemps, mais semble se limiter à certaines plantes. Les scientifiques trouveront ils les moyens d'éviter sa propagation et de lutter contre elle ?
En Corse, le cyste, caractérisé par ses fleurs blanches, focalise l’attention des scientifiques, car il est un réservoir à Xylella Fastidiosa.
Et pour cause, il héberge dix mois sur douze le philène, un insecte minuscule qui transporte la bactérie de plante en plante. Un vecteur de l'infection très fréquent mais presque invisible. « Il est cantonné au cyste. On a regardé dans sa bouche pour voir s’il contenait la bactérie qui est dans les plantes. Et on a vu que les vecteurs, même quand on n’a pas de symptômes apparents dans la végétation, contenaient la bactérie. On a aussi vu que c’était à large distribution en Corse, donc l’introduction ne date pas de 2015, c’est impossible de coloniser aussi vite. C’est plus ancien », souligne Jean-Yves Rasplus, chercheur en insecte à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra).
Guêpe
L'infection daterait des années 1980. Les recherches visent à réduire le nombre des philènes, grâce notamment à une guêpe. Cette dernière le parasite en pondant ses œufs dans les larves.
Actuellement, il n'y a pas de solution en vue pour stopper la Xylella, mais des avancées sont à noter sur le mode de vie et d'alimentation du philène. « La fausse bonne idée est de se dire, puisqu’il est sur cyste, on va enlever les cystes. Mais cet insecte est très polyphage et risque fortement d’aller se promener sur d’autres plantes », explique Laeticia Hugot du conservatoire botanique de Corse, office de l’environnement.
Éviter que la Xylella, la tueuse des oliviers, ne se propage du maquis vers les cultures, les vergers ou les forêts est l’objectif. Mais l’espoir est très mince. Les oléiculteurs corses envisagent donc de nouvelles plantations avec des variétés endémiques qui tolèreraient la Xylella et produiraient encore des olives, comme la Sabine.
Nouvelles méthodes
Le syndicat des oléiculteurs finance des recherches spécifiques sur les variétés insulaires. « La mauvaise nouvelle, c’est que la variété endémique particulière dans le sud de la Corse se révèle particulièrement sensible à la bactérie. 100 % des plantes qu’on a envoyées et qui ont été inoculées avec la multiplex ST7 sont morts au bout de neuf mois dans le laboratoire », soutient Sandrine Marfisi, présidente du syndicat des oléiculteurs de Corse.
À Angers, Montpellier, San-Giuliano, les chercheurs de l'Inra, l'institut agronomique, se concertent davantage, inventent et harmonisent de nouvelles méthodes. Quatre ans après la déclaration de la maladie à Propriano, la science commence à apporter des éléments de réponses.