Les avocats de l'Olympique lyonnais (Ligue 1) et de Claude Puel, actuel entraîneur de l'OGC Nice, se sont une nouvelle fois affrontés en justice mardi, pour un litige opposant l'ex-entraîneur à son ancien club auquel il réclame près de sept millions d'euros.
L'audience devant la chambre sociale de la cour d'appel de Lyon a duré près de quatre heures en présence de Jean-Michel Aulas, président de l'OL, et de Claude Puel. Le 27 mars 2013, le conseil des prud'hommes de Lyon avait débouté celui-ci de sa demande d'indemnisation pour "rupture abusive de contrat" et il avait fait appel.
Près de sept millions d'euros
Claude Puel réclame quelque 3,5 millions d'euros au titre des salaires restant dus, ainsi que 1,65 million pour préjudice moral et personnel et 1,58 million pour non-paiement de la prime d'ancienneté."Il a été mis dehors à cause des résultats sportifs, tout le reste n'a été qu'un habillage, a plaidé son avocat, Me Olivier Martin.
Embauché en 2008 pour quatre ans, Claude Puel, ex-entraîneur de Monaco et Lille, avait été licencié en juin 2011, un an avant le terme de son contrat. Selon son avocat, le conflit aurait dû passer par une procédure disciplinaire auprès de la commission juridique de la Ligue de football professionnel (LFP), en vertu d'une charte faisant office de convention collective. Devant son client au visage fermé, Me Martin a dressé le portrait d'un "manager général à l'anglaise" qui aurait affronté un contexte difficile, dans "un club qui use", marqué par une valse des entraîneurs.
Contexte sportif tendu
Dans une analyse radicalement opposée, Me Joseph Aguera, conseil de l'OL, a comparé la situation de Claude Puel à celle d'un cadre dirigeant dans une entreprise de 300 salariés aux enjeux économiques importants.Au-delà des relations conflictuelles dans un contexte sportif tendu, l'affaire porte plus précisément sur un courriel du 18 mai 2011. Quelques jours avant une rencontre décisive, le président Aulas suggère à son entraîneur de "mettre tout en oeuvre pour sortir de cette spirale" et lui demande une réponse par mail, qui ne vient pas. Dans leur jugement, les Prud'hommes avaient vu là une "insubordination caractérisée"."Quelqu'un de très haut niveau qui a cru que l'entreprise où il arrivait devait s'adapter à son caractère un peu prétentieux, sûr de lui", a argumenté l'avocat.
"Il ne répond pas car ce n'était pas un mode usuel de communication", a plaidé en appel l'avocat de M. Puel. Depuis septembre 2010, les mails du président restaient sans réponse, a rétorqué Me Aguera. Le dernier aurait été la goutte d'eau:
"vous avez piétiné la relation de travail, s'affranchir du lien de subordination, c'est la faute grave", a-t-il conclu.
Décision le 10 février 2015.