Elections européennes : Les grands défis de l'environnement

Plastiques, néonicotinoïdes, glyphosate : l’Union européenne part en croisade contre les produits chimiques les plus toxiques. Mais l’influence des lobbies est extrêmement puissante. La bataille pour une transition écologique n’est pas gagnée.
 

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Exit le  plastique à usage unique !

Coton-tiges, pailles, couverts et assiettes à usage unique seront interdits en Europe, au plus tard en 2021. C’est l’une des mesures inédites votées par  le parlement européen dans un texte  destiné à lutter contre la pollution plastique. Il était temps ! Ces objets ont envahi notre quotidien et ont déjà provoqué une catastrophe écologique.Et le plastique n'est plus du tout considéré comme fantastique :Selon l’Organisation des Nations Unies, en 2050, il y aura plus de plastiques que de poissons dans les océans. L'ONU a donc déclaré la guerre aux plastiques. Car une fois en mer, il est trop tard. Ils intoxiquent et asphyxient la faune et la flore de nos océans et s’immiscent dans la chaîne alimentaire.

Malheureusement, ces objets ont une durée de vie très longue et se dégradent très lentement : 200 ans  pour une paille, et 450 ans une bouteille plastique. Et pendant tout ce temps, ils disséminent des micro-plastiques qui pénètrent dans la chaîne alimentaire. Il dont faut traiter le problème à la source.
Les parlementaires européens ont aussi interdit les emballages de fastfood en polystyrène et les sacs en oxoplastiques. Ces plastiques fragmentables se dégradent sous l’effet de la lumière, de l’oxygène ou de la chaleur. Mais ils ne sont ni recyclables, ni compostables, ni biodégradables.
Les bouteilles en plastique qui envahissent nos maisons devront être recyclées séparément et recyclées à 90 % d’ici 2025 (contre seulement 30 % actuellement).
Pour Michèle Rivasi, eurodéputée EELV (Europe Ecologie les verts), " Il faut absolument responsabiliser les producteurs de plastiques .C’est un enjeu majeur.

Il faut  impliquer les producteurs qui se font de l’argent sur le dos de la qualité de notre environnement. Il faudra parvenir à des interdictions, des réductions, des consignes !" 


L’Europe au secours des abeilles
 
Depuis 30 ans, des colonies d'abeilles de plus en plus nombreuses disparaissent.  Les responsables de cette hécatombe sont des insecticides  puissants : les néonicotinoides. Ces molécules sont des neurotoxiques qui agissent sur le système nerveux central des insectes et provoquent une paralysie mortelle. C’est une catastrophe écologique pour notre planète. Car les abeilles assurent la pollinisation de la majorité  des fruits, légumes et céréales. Selon l’Institut national de recherche Agronomique, la production de 80 % des espèces cultivées en  Europe dépend des pollinisateurs qui  sont à plus de 90 % des abeilles. Sans elles : pommes, tomates, framboises, avocats ou melons seraient voués à disparaître:En avril 2018, les états ont voté une interdiction totale de ces insecticides pour toutes les cultures en plein champs.  
En 2013, la Commission européenne avait déjà interdit les 3 principaux néonicotinoïdes  tueurs d’abeilles pour les cultures de  maïs, colza et tournesol.
Mais  les abeilles ne sont pas sauvées. Deux néonicotinoïdes sont  encore autorisés. Et deux pesticides tout aussi toxiques pour les abeilles viennent d’obtenir leur autorisation de mise sur le marché par l’ANSES, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire. Sa commercialisation a été suspendue. Mais  les fabricants n’ont pas dit leur dernier mot.   

Selon Marc Tarabella, eurodéputé belge Socialistes et Démocrates :

"Les états et le parlement ont pris une bonne décision. Mais il y a toujours des résistances, parce que le lobbying de l’industrie fait fi de l’avenir de l’humanité."  

Michel Dantin, eurodéputé Parti populaire européen, préconise une solution globale :

"Les scientifiques s’accordent sur les multiples facteurs qui aboutissent à la disparition des abeilles. Il faut travailler sur tous les chapitres : la  biodiversité, la chimie, l’humidité des lieux, la diversité des plantes et des milieux."


La France condamnée pour la qualité de son air

La France, comme d'autres états, ne respecte pas la directive européenne sur la qualité de l’air de 2008, comme 9 autres états dont l’Allemagne et l’Italie. Depuis plus de 10 ans, l’Union européenne poursuit Paris en justice. Mais les 6 mises en demeure de la Commission sont restées lettres mortes.
Pourtant, les taux de dioxyde d’azote provenant des moteurs diesel sont préoccupants dans 14 zones de l’hexagone. Chaque année en Europe, 4 à 500 000 décès sont imputés à la mauvaise qualité de l’air, dont 48 000  en France.

Devant l’inaction des états, la commission menace de les poursuivre devant la cour européenne de justice. Si elle ne prend pas de mesures efficaces rapidement, la France risque une lourde amende et une astreinte de 240 000 euros par jour : "Le parlement européen joue un rôle décisif",  selon Karima Delli, eurodéputée EELV (Europe Ecologie les verts):

"C’est lui qui va mettre en place les nouvelles normes des prochains véhicules, notamment sur la sortie des énergies fossiles, qu’il faudra contrôler. Et comme on ne peut pas faire confiance à toutes ces agences qui n’ont pas joué leur rôle dans le Diesel Gate, moi je porte, au sein du parlement européen, une agence européenne d’homologation des véhicules. Et  lorsque les constructeurs ne respecteront pas les normes, on pourra les sanctionner et retirer les véhicules de nos routes.

Le scandale du  Glyphosate
Herbicide N°1 commercialisé par Monsanto sous le nom de Round up, le Glyphosate, est toujours commercialisé malgré les conclusions alarmantes du Centre International de recherche contre le cancer. En 2015, le CIRC  déclare le glyphosate cancérigène probable, après avoir analysé un millier d’études scientifiques indépendantes. Mais l’Union européenne prolonge son autorisation, suivant le seul avis de l’EFSA. Pour l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments, le glyphosate ne présente aucun risque de cancer.  Mais l’EFSA s’est basée sur 75 études confidentielles financées par l’industrie. Et selon les Monsanto Papers, documents émanant de Monsanto, des scientifiques ont été payés pour signer des études écrites par Monsanto.La firme américaine n’a jamais été condamnée. Pire encore, en 2017, les Etats membres ont renouvelé l’autorisation du glyphosate.Un scandale européen :La firme américaine n’a jamais été condamnée. Pire encore, en 2017, les Etats membres ont renouvelé l’autorisation du glyphosate. Le parlement européen a décidé d’enquêter via une commission spéciale pour faire la lumière sur les procédures d'évaluation des pesticides en Europe.

Eric Andrieu, eurodéputé Socialistes et Démocrates, et président de la Commission pesticides au parlement européen tire la sonnette d’alarme :
"La controverse sur le glyphosate a révélé qu’il y a avait des dysfonctionnements dans les protocoles d’autorisation des molécules. Nous devons vérifier l’indépendance, la qualité, l’objectivité  des études, et les conflits d’intérêts. Le poids de l’argent n’est pas pour rien dans le comportement de certains individus."

Les parlementaires veulent donc juger sur pièce. Après des mois de bras de fer juridique, ils obtiennent gain de cause. En mars dernier, un jugement du tribunal de l’Union européenne confirme que les études des fabricants de pesticides doivent être rendues publiques. Une victoire primordiale pour les scientifiques. Une décision qui permettra enfin aux citoyens européens d’accéder à toutes les informations sur les impacts des molécules chimiques sur l’environnement et la santé humaine.

 
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