Éternel retardataire : ce que ça dit de nous 

Jamais à l’heure, souvent pointé du doigt, le retardataire chronique agace collègues, famille et amis. Mauvaise volonté, égoïsme, ou résistance inconsciente  : comment expliquer l’incapacité de certains d’entre nous à se dire que l’heure, c’est l’heure ? 

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Réponses avec le dr. Gilles-Marie Valet, psychiatre et pédopsychiatre à Paris, auteur de « Les 101 règles de l’éducation bienveillante »

Le retard, un mécanisme de défense inconscient ?
Si le retard chronique n’est pas considéré comme une pathologie, il relève de facteurs psychologiques ou de traits de personnalité que le retardataire chronique met parfois en œuvre de façon inconsciente. Tout en banalisant la situation, l’éternel retardataire impose son tempo, son désir et sa toute puissance à ses collègues ou ses amis.
« Cela renvoie à une forme de narcissisme » explique Gilles-Marie Valet. Ou, paradoxalement, à un manque de confiance en soi qui conduit à un comportement de type passif-agressif. », développe le pédopsychiatre.
 

Le retard peut aussi être une façon de se protéger contre l’angoisse de l’attente ! Pour certaines personnes, attendre quelqu’un, que ce soit lors d’un rendez-vous professionnel ou privé, est vécu avec anxiété. Entre vivre cette anxiété et faire attendre l’autre, le retardataire chronique fait inconsciemment son choix. Cela peut s’expliquer par des situations vécues dans l’enfance : « J’ai le souvenir d’un patient systématiquement en retard. En thérapie, il a fini par comprendre que ses retards systématiques avaient pour origine le jour où, à la sortie de l’école, il a attendu sa mère qui n’est jamais venue le chercher. Une sensation d’abandon qui rendait impossible pour lui le fait d’attendre à nouveau qui que ce soit. Alors inconsciemment il faisait tout pour être en retard. Tout plutôt qu’attendre », explique l'expert.

Autre facteur pouvant expliquer le retard chronique : la propension à se mettre en conflit avec les règles. Une façon de rejouer éternellement l’opposition infantile à l’autorité parentale ? « Certains cherchent dans le retard une sensation d’adrénaline, en effet », précise Gilles-Marie Valet.

Une perception du temps différente
D’autres pistes 
sont avancées, notamment par des chercheurs américains. Selon une étude menée par l’université de San Diego aux Etats-Unis, le retardataire chronique fait surtout preuve d’un optimisme débordant. Sa perception du temps est différente des autres : au travail, il est convaincu qu’il peut faire trois choses à la fois, au risque de se mettre en difficulté.
 




Une expérience, réalisée sur 181 conducteurs de métro à New-York, démontre une perception du temps extensible. Pour le retardataire chronique, 1 minute correspond à 77 secondes contre 58 secondes pour une personne ponctuelle. C’est également ce que souligne Diana DeLonzor, dans son livre « Never Be Late Again ». Pour cette auteure, le retardataire ressent différemment l’écoulement du temps et souffre d’une sorte  « d’idéalisme chronique » !
Heureusement, un retardataire n’est pas condamné à l’être toute sa vie ; il peut se réconcilier avec sa montre s’il le décide.

Remédier aux retards chroniques
« Si une personne se met réellement en difficulté avec des retards systématiques, si elle veut changer, il faut commencer par identifier les causes », avance Gilles-Marie Valet. Un minimum de franchise avec soi-même est déjà un bon début. Interroger son entourage pour sortir du déni peut y contribuer. L’hypnose, dans un premier temps, permet de mobiliser les ressources émotionnelles et d’identifier la cause de ces retards à répétition. Dans un second temps, des séances de thérapie courtes offrent aux patients la possibilité de restaurer leur rapport au temps.

Une fois ces causes identifiées, le retardataire chronique peut progressivement améliorer son comportement, en utilisant aussi des outils très concrets comme des rétro-plannings ou des « to-do-list » pour organiser et hiérarchiser des éléments les plus importants de sa journée.

Dossier rédigé par Maxime Lavandier pour l'émission 'Ensemble c'est Mieux'

 

Témoignage : "Les gens en retard ont une part de 'je m’en foutisme", Yves, 61 ans. 
 
"Je suis fonctionnaire dans une Mairie, j’ai 61 ans. Moi je ne suis jamais en retard. C’est très rare, il faut vraiment qu’il y ait un accident technique sur le métro. Donc moi je pense que les gens qui sont en retard sont des personnes qui ont un réel problème de gestion de temps. Ce sont aussi des gens qui ont une part de « je m’en foutisme » car ils se disent «  boh ce n’est pas grave si j’arrive à 08h35 ou 08h38 car mes collègues sont là à 08h30 pour que le service soit optimisé. Ils ont toujours un prétexte.  Quand on veut on trouve des solutions, quand on ne veut pas on trouve des prétextes."
 




 
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