Ce dimanche 11 août 2024, une banderole affichant le soutien de la mairie de Villeneuve d'Ascq (Nord) aux femmes et jeunes filles afghanes a été vandalisée. L'acte est "ignoble" pour le maire, Gérard Caudron, qui a décidé de porter plainte contre la contrevenante.
"C'est tellement ignoble, ça m'horripile". Le maire de Villeneuve d'Ascq (Nord), Gérard Caudron, ne mâche pas ses mots et ne cache pas sa colère au téléphone ce mercredi 14 août 2024. Une banderole en soutien aux femmes et jeunes filles afghanes, accrochée il y a plusieurs mois sur la façade de la mairie, a été vandalisée dans la journée du dimanche 11 août.
"Je ne comprends pas ce qui peut motiver un tel acte", poursuit le maire, qui souhaitait éviter, avec cette banderole, que l'on oublie le sort des millions de femmes "plongées en enfer" sous le régime des talibans en Afghanistan. Ces fondamentalistes islamistes ont célébré, ce mercredi 14 août, le troisième anniversaire de leur reconquête du pays avec un défilé militaire.
Pour rappel, les talibans ont porté atteinte aux droits et libertés fondamentales des femmes et des jeunes filles afghanes depuis leur arrivée au pouvoir le 15 août 2021, notamment en les excluant du gouvernement provisoire, en remettant en cause leur droit à la santé, au travail, à l’éducation et à leur liberté d’aller et venir.
L'acte filmé par les caméras de surveillance
Mais ce que l'autrice de l'acte malveillant ne savait pas, c'est qu'elle a été filmée par une caméra de surveillance en train d'arracher la banderole. Une plainte a donc été déposée par la mairie et la banderole a depuis été totalement enlevée dans l’attente de la pose d’une nouvelle.
Cet acte de vandalisme est "un peu inquiétant pour l'avenir de notre pays", assène d'une voix forte Gérard Caudron, avant de préciser que la contrevenante visible sur les images de vidéosurveillance est "une femme européenne, non voilée".
Mardi 13 août, la maire de Lille, Martine Aubry, se fendait, elle aussi, d'un communiqué en soutien aux femmes afghanes luttant pour leur liberté. "Les Talibans sont bien déterminés à rendre invisibles les femmes afghanes. De nombreuses femmes vivent cloîtrées, par contrainte ou par peur de sortir de chez elles. Elles sont victimes d'exactions au quotidien", affirme l'édile.
"Fidèle à sa tradition d’hospitalité, la Ville de Lille a organisé l'accueil de réfugiés afghans dès le mois d'août 2021, poursuit l'édile. Nous ne défendrons jamais avec trop de force ces valeurs, dont nous constatons la fragilité par les temps qui courent".
Des familles réfugiées à Lille
Il faut savoir que depuis le 11 juillet, les femmes et jeunes filles afghanes peuvent obtenir le statut de réfugiées, grâce à une décision de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Elle a également estimé que les graves mesures discriminatoires subies par les Afghanes "constituent des actes de persécution au sens de l'article 1er, section A, de la convention de Genève".
À ce jour, 106 familles afghanes ont été accueillies à Lille. Toutes ont appris le français et "s’insèrent progressivement dans la vie professionnelle et sociale" locale. Certains adultes ont même "entamé des processus de reconversion ou pris la courageuse décision de recommencer leurs études", précise la mairie.
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Le communiqué mentionne également le "courage des athlètes afghanes" qui ont pris position publiquement sur le sujet lors des Jeux olympiques de Paris. Parmi elles, la sprinteuse Kimia Yousofi qui, à la fin de sa course, a retourné son dossard pour afficher le message "éducation, sport, nos droits".
Mais aussi la danseuse de breakdance Manizha Talash, qui a été disqualifiée après avoir porté sur scène une cape portant l’inscription "libérez les femmes afghanes". Sans oublier Fatima Jafari, une jeune sportive de haut niveau de 28 ans qui a été obligée de fuir son pays, avec son époux.
La raison ? Elle entraînait des centaines de jeunes femmes aux arts martiaux. Elle s'est réfugiée à Lille depuis décembre 2023.