Notre périple nous emmène toujours plus à l'Est, vers toujours plus de froid. Le froid de souvenirs qui glacent le coeur...
Froid et grisaille nous accompagnent au moment de quitter Prague. Dans le bus, la fatigue alourdit les paupières. Nous sommes nombreux à somnoler tandis que nous traversons la banlieue de Prague. « Sur votre gauche, le nouveau cimetière juif, c’est là que Frantz Kafka est enterré », explique William Schuman. Stéphane le chauffeur, s’engage sur l’autoroute n°1, plein Est, direction la frontière au milieu des cahots provoqués par les plaques de béton de la chaussée antédiluvienne. Le paysage est blanc, la route dégagée.
9h30, arrêt carburant. Arrêt-café. Pause toilette. Nous repartons.
« En préambule aux visites de demain à Cracovie, nous allons maintenant vous montrer le film de Steven Spielberg, La liste de Schindler », explique Fabienne Bernez-Cambray. « De nombreuses scènes ont été tournées sur les lieux mêmes où ils se sont déroulés ». Les écrans s’allument, le silence s’installe, il durera jusqu’à la frontière. Accompagnés parfois de larmes discrètes. A travers les vitres du bus, le soleil réussit enfin à percer la ouate sale qui nous accompagne.
12h30. Le pont séparant la République Tchèque de la Pologne est devant nous. Arrêt avant, puis après, pour créditer le pass autoroute. L’aide d’un des élèves, bilingue, est précieuse pour dénouer l’imbroglio linguistique qui accompagne l’opération. Quelques kilomètres plus loin, le parking, l’hôtel, le déjeuner. Et la rencontre avec l’équipe de Promenada, l’opérateur qui depuis des années accompagne les voyageurs messins à Cracovie et Auschwitz.
14h30, nous reprenons la route. Eva, notre guide se présente.
Pendant deux heures patiemment, elle déroule l’histoire de la Pologne, agrémentée d’anecdotes sur les liens entre nos deux pays : Henri III, Stanislas, le prince Poniatowski. Huit siècles en accéléré tandis que dehors la neige réinvestit par bourrasque notre parcours.
La nuit est tombée lorsque nous entrons dans les carrefours extérieurs de Cracovie. Soudain deux biches bondissent des bords glacés de la Vistule juste devant le bus qui les évite. Une voiture croisée à moins de chance, elle percute l’un des cervidés. L’autre la contourne, s’échappe.
17h45, au cœur de l’ancienne capitale polonaise, le gardien du parking de l’hôtel lève la barrière et dégage une place pour le bus. Chacun récupère ses bagages. Et sa chambre. Nous nous retrouvons à 18h30 dans le salon de réception pour faire un point sur notre documentaire web. Trente minutes de visionnage et d’échanges directs puis chacun s’attelle à la tâche jusqu’au dîner : rédaction de textes, sélection de photos.
20h30, les travaux se poursuivent, après le repas, directement dans la salle à manger que nous réquisitionnons pour l’occasion. 22h30, la fatigue remporte cette manche, je me retrouve seul avec les trois ordinateurs : mais tous les textes sont rédigés, les photos recadrées. Les lycéens ont bien travaillé. Il est temps de publier. Et de tourner la page praguoise.
Cracovie demain apportera d’autres émotions.
Plus d'informations sur cette journée dans notre webdocumentaire.
Paroles de lycéens
Manon Gaunard
"Mardi
En visite à Prague, j’ai admiré la vue depuis le château. C’était magnifique, surtout avec la neige (je ne sentais pas le froid) .
Dans la synagogue , j’ai vu les noms des différents juifs tués , j’ai remarqué beaucoup de prénoms qui commençaient par A : Anna…
Durant le temps libre, j’ai découvert le Hard Rock Café de Prague (les guitares de Kiss par exemple)… Le café était bon …
Dans la cathédrale, j’ai eu un coup de blues… j’ai du sortir, je me sentais oppressée !
Mercredi
Durant le voyage, j’ai dormi et regardé La liste de Schindler… j’ai eu des frissons !"
La Liste de Schindler
"Durant notre trajet de 10 heures de Prague à Cracovie, nous avons visionné le film culte de Steven Spielberg La liste de Schindler. Voir ce film la veille de la visite des lieux de tournage historiques de celui-ci (usine Schindler, ghetto de Cracovie…) lui offre une toute autre résonance et une dimension émotionnelle nouvelle. Cracovie, tout comme dans le film, nous semble désormais être une étape intermédiaire vers Auschwitz, lieu final de notre voyage."